Jack And The Bearded Fishermen - Playful Winds
Chronique CD album (37:02)
- Style
Heavy Rock refroidi - Label(s)
Autoprod - Date de sortie
23 mars 2022 - Lieu d'enregistrement Studio Zèbre
- écouter via bandcamp
Après huit longues années de pause, Jack And The Bearded Fishermen sort, à l’agréable surprise générale, son quatrième album Playful Winds. Huit années d’absence tu te rends comptes ? Un petit break d’une presque décennie pour J&TBF, quand pour d’autres ça correspond davantage à la durée de vie du petit groupe punk local qui tourne bien. Le temps n’aura donc en rien entamé la motivation des Bisontins. La ténacité et la longévité du combo en disent long sur la solidité des liens qui unit un line Up inchangé depuis Minor Noise. Concernant l’effectif en présence notre enthousiasme reste entier, en espérant qu’il en soit de même pour la substance musicale de Playful Winds.
On se rassure très vite en janvier dernier lorsque J&TBF dévoile son premier titre « Beware Of Birds », un titre qui instantanément réactive à nos oreilles le souvenir d’une signature esthétique propre au groupe, un peu à la façon d’un Impure Wilhelmina. Les éléments Heavy-Rock qui faisaient tous l’attrait de la formation Bisontine sont restés inchangés et c’est tant mieux. La première boucle mélodique de « Beware Of Birds » est comme à l’accoutumé chez J&TBF d’un classique et d’une trivialité absolue. La batterie est minimaliste au possible, les frappes sont comptées et retenues pour plus de percussions, dans un jeu qui se veut toujours aussi épuré. Aucun superflu chez J&TBF qui a su conforter son approche de la musique dans un minimalisme savant. « Atlantide » et ses notes de guitares communément plaquées sont là pour nous rappeler que J&TBF ne revient pas pour faire de la représentation. L’humilité des riffs confine au respect. L’intérêt et la force première du combo selon moi. Pour ce qui est des deux chants, et bien ils se couplent parfaitement, appuyés d’une reverb dont l’usage est omniprésent. Une voix de tête toujours enlevée et spectrale, typée à la manière d’un Post-Punk au lyrisme nébuleux. Une ligne de chant froide et mélodique qui lorsqu’elle retrouve la compagnie de son choriste gagne en profondeur et en intensité.
On retrouve toujours les quelques incursions Noise « Lips As Martyr » chères au groupe. Comme par le passé, elles servent surtout à étoffer, à partir de petites touches discrètes, l’étrangeté ambiante. On peut aussi toujours profiter du riffing métallisant sur « Finger Crossed » et « Silent Films ». Des entrées métallement sobres, très proches d’un Métal alternatif à la Quicksand. Métalleux.es aux poils endurcis, passez votre chemin, il n’y aura pas sur Playful winds matière à vous divertir la Carcass. On peut donc compter sur quelques attaques palm mutées et simplettes mais qui donnent de l’ardeur à un jeu qui se veut souvent enveloppant et éthéré. Oui J&TBF, c’est en somme aussi une sorte de Post-Rock épais et légèrement turbulent, comme a pu l’être à certains moments celui de Russian Circles.
Niveau production, les Bisontins ont joué la carte de la préférence locale. J&TBF reterritorialise sa musique à l’échelle communale, la seule qui vaille... A quoi bon vouloir s’exporter aux Etats Unis quand toutes les ressources et savoirs faire disponibles sont sur zone. On est donc passé d’un mixage au Studio G, 44 Dobbin Street, Brooklyn, New York City à une production intégralement exécutée au Studio Zèbre, plus précisément au 68 Rue des Granges (au-dessus de la boucherie chevaline) à Besançon dans le Doubs. Ah c’est sûr que sur le CV ça fait moins America Fuck Yeah ! mais restons sérieux, c’est superflu tout ça. Le préposé aux potards n’a pas à rougir ni à envier la production d’antan signée Andrew Schneider ou encore celle de Serge Morattel. Le son est toujours aussi charnu, imposant, précis et avec la même amplitude qu'il y a huit ans. Niveau prod vous l’aurez compris, c’est propret et imposant, pour un rendu qui plaisante zéro !
Retour gagnant pour J&TBF avec un Playful Winds qui s’apprécie en augmentant la fréquence des écoutes. Les compositions sont toujours aussi fluides et sinueuses à la fois, profondes et dont la mélancolie reste entièrement énigmatique. Au-delà de sa qualité propre, j’ai trouvé Playful Winds moins accrocheur que ses prédécesseurs, l’envoutement m’a semblé un peu moins opérant. Passé ce ressenti trainant, l’immersion et le mystère rock à l'oeuvre restent entiers.
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