Jason Bieler And The Baron Von Bielski Orchestra - Songs For The Apocalypse
Chronique CD album (52:29)

- Style
Prog / Rock / Pop Metal atypique - Label(s)
Frontiers Music SRL - Date de sortie
22 janvier 2021 - Lieu d'enregistrement Baron Von Bielski's Audio Propulsion Laboratory
écouter "Beyond Hope"
Je l’avouais dans la chronique de Postcards From The Asylum : il suffit juste de remonter au premier semestre 2023 pour que mes connaissances sur Saigon Kick redeviennent peau de chagrin, celles-ci se résumant alors au patronyme du pourtant fameux coup de latte vietnamien. Si j'avais aperçu la trombine du Jason ici mis à l’honneur il y a seulement un an, j’aurais juste eu l’impression de croiser l'un de ces mannequins bobo vantant les mérites de telle huile pour barbe, ou de telle tenue de bûcheron adaptée au métro parisien. Mes oreilles, par contre, n’auraient pas le moins du monde été émoustillées par un début de stimulus pavlovien. Nada.
En revanche, depuis les fameuses Cartes Postales de Dingoland, la donne a drôlement changé : je ne peux plus apercevoir un barbu bogoss’ sans ressentir une violente érection auriculaire. Ça doit être ça, « couler une Bie(l)le[r] » : on se retrouve avec un sévère pet au moteur, mais heureux d’être redevenu piéton, sans plus se soucier de l’allure à laquelle galope la musique, l’essentiel étant de profiter du moment et des magnifiques paysages alentour… Vu le niveau de béate sérénité dans laquelle le monsieur avait laissé mes oreilles, il était évident que peu de tours de sablier seraient nécessaires avant que son back-catalogue n’ait droit à une inspection en bonne et due forme par mes services. En commençant évidemment par l’album d’avant, le premier sorti en compagnie du « Baron » : Songs For The Apocalypse.
Mais peut-être n’êtes-vous pas au courant : Jason Bieler – ex-guitariste/chanteur de Saigon Kick, donc, et ex-plein d’autres choses que Wikipedia vous relatera bien mieux que moi – est un génie doucement fantasque qui trace sa route musicale en dehors des clichés et autres grands boulevards artistiques archi-fréquentés. Son créneau ? Un mélange de Hard Rock grassouillet qui fait taper du pied, de Prog futé mais pas tarabiscoté, et de Pop lumineuse. Quelque-part entre les groupes préférés de Papy Cyril, Devin Townsend, et les Beatles. Avec, par ailleurs, une approche bien à lui. Un sens de l’accroche phénoménal. Un labo musical débordant d’éprouvettes d’où jaillissent des compos improbables (« Baby Driver », la très jazzy « Annalise »…). Ainsi qu’une voix fortement typée, plus aiguë et nasale que ce que son apparence pourrait laisser penser, celle-ci lui servant à broder de vastes canevas multipistes – le mille-feuille vocal étant définitivement l’une de ses marques de fabrique.
Jason et son orchestre, c’est également une belle bande de potes. Sur Songs for the Apocalypse, ce sont ainsi rien de moins que Dave Ellefson (Megadeth), Devin Townsend, Benji Webbe (Skindred), Bumblefoot, Jeff Scott Soto (Talisman, Yngwie Malmsteen), Todd La Torre (Queensrÿche) ou encore Pat Badger (Extreme) qui viennent jouer les Argonautes aux côtés du patron. Et malgré des personnalités en général assez fortes, ceux-ci contribuent à l’album sans nuire une seconde à son homogénéité de ton – la seule vraie exception ne constituant nullement une nuisance, puisque sur la tuerie « Beyond Hope » la gouaille de Benji rehausse idéalement les mélopées du maître des lieux, ainsi que les joyeuses danses apaches qui font la forte personnalité de cette piste.
Pourquoi diable pense-t-on à Songs For The Apocalypse comme à un ami proche quand on l’invoque au milieu du tumulte de nos pensées ? Parce qu’on a partagé avec lui des instants incroyables. Des tribulations pleines de cascades et de sourires complices (« Beyond Hope », donc). Des parenthèses d’indolence musclée pendant lesquelles on a refait le monde (« Apology »). Des moments de tension intense finalement récompensés par une bouleversante sensation d’accomplissement (« Down In a Hole »). Des expériences Electro/Indus Rock entêtantes (« Alone In The World »). Des pauses Folk Rock lumineuses lors desquelles on s'est reconnecté au monde (« Very Fine People »). Des promenades foraines lors de petits matins laiteux (« Crab Clam Dan »). Evidemment, comme avec tout pote, il a pu y avoir quelques petits accrochages. Essentiellement à l’occasion d’un « Anthem for Losers » parfois un peu nunuche (cf. son air de parenté occasionnel avec le générique de 30 Millions d’Amis, ainsi que son refrain un peu trop tralala-les-copains), mais aussi à propos du recours un peu trop fréquent aux « Ohé-ho » dans les lignes de chant. Et puis, pour chipoter, l’effet a beau être sensas, Jason nous fait trop régulièrement le coup du refrain repris une dernière fois quasi-a capella, juste soutenu par la rythmique, lors de climax un peu faciles.
Alors oui, Songs For The Apocalypse confirme tout le bien que je pensais de Jason Bieler depuis que les bonnes fées ont mis Postcards From The Asylum sur ma route. Et histoire de prolonger cette dynamique positive, je récupère de ce pas Where Dreams Go To Die, l’épisode immédiatement précédent, afin de vérifier si les débuts de la carrière solo du maestro ont eux aussi été épargnés par la vilaine fée Carabosse.
On se penche sur ce berceau dès que possible, promis, et on vous en fait un rapport pédiatrique complet !
La chronique, version courte : la carrière solo de Jason Bieler n’a pas attendu Postcards From The Asylum pour en mettre plein les mirettes aux amateurs de bonne musique. Ainsi, sur les quinze titres généreux, à la fois variés et équilibrés, qui composent Songs For The Apocalypse, le bonhomme mixe Hard Rock, Prog et Pop, non pas pour proposer une soupe tiédasse – comme j’aurais été tenté de le penser, moi aussi, à la lecture de la liste des ingrédients – mais pour mettre au point de délicieuses créations aussi inventives qu’accrocheuses. Ecoutez donc « Down In a Hole », puis le plus fantasque « Beyond Hope », et dites-moi si ça ne vous fait pas courir des escadrons de fourmis kamikazes dans les arpions !
2 COMMENTAIRES
Thedukilla le 22/01/2024 à 19:36:01
Je fais peut être un AVC en raison d’une surcharge d’endorphine, mais…les premières mesures de « Bring out your dead » me rappellent « La poupée qui fait non » de Polnareff.
C’est ´achement dur à s’enlever du crâne ce genre de constat.
En vrai, super album, merci pour la découverte !
cglaume le 22/01/2024 à 21:52:02
Ha ha, je la retrouve pas ta poupée là. Ou alors faur que je picole plus 🤣
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