Knocked Loose - You Won't Go Before You're Supposed To

Chronique CD album (27:28)

chronique Knocked Loose - You Won't Go Before You're Supposed To

Rigoloscope et bleuarglomètre encore fumants dans l'open-space de CoreandCo, éteints à mi-écoute de You Won't Go Before You're Supposed To pour éviter la surchauffe et le gaspillage des fonds de la rédac', plus vraiment besoin de présenter la bande du Kentucky dont il est question aujourd'hui, tant Knocked Loose ont laissé leurs marques sur les musiques un tantinet énervées ces dernières années. Car en parlant de marques, plus d'une personne qui lit ces lignes doit probablement sentir gratter ses croûtes et voir les résurgences de quelques hématomes récoltés lors des moissonnages en règle en concert.

Il faut dire que les trois singles annonçant ce nouvel album (« Don't Reach For Me », « Blinding Faith » et « Suffocate ») avaient de quoi faire monter la hype et ressortir les douleurs chroniques en incarnant à merveille le fameux « dans l'âme des gens, les raisins de la colère gonflent et mûrissent, annonçant les vendanges prochaines » de Steinbeck.

 

Parce que oui, lesdites vendanges s'annoncent généreuses, tant You Won't Go Before You're Supposed To regorge d'intensité et de moments propices à se poser la question du maintien d'une sorte d'intégrité corporelle à court terme. Dans la prod déjà, tellement massive qu'elle donne la sensation de se faire piétiner par un circle pit. Je veux dire, le son de guitare donne envie de bouffer la poussière au petit dèj, quoi. Certes, la sept-cordes aide bien, mais tout de même. Dès l'ouverture « Thirst », la basse a cette influence gravitationnelle qui semble attirer fatalement les breakdowns les plus massifs. En terme de chant, Garris est toujours aussi venere qu'avant, mais a gagné en intensité et en puissance (réécoutez Laugh Tracks, l'évolution globale est assez flagrante) et sera sur cet album plusieurs fois secondé par deux compères en backing vocals, pour un trio magnifié dans le callout du breakdown de « Blinding Faith » au BRUIIIIIIIIGH (de Garris) absolument parfait. Comme quoi il a dans le coffre d'autres outils que le simple roquet, tout pissed off et aux doigts coincés dans l'embrasure de la porte qu'il soit.

 

Parce qu'au départ, l'explosion de Knocked Loose a quand même pas mal été due à ça, l'intensité et l'aspect frontal de l'ensemble, cumulé surtout à cette capacité d'écrire des breakdowns et/ou pre-breakdowns vraiment mémorables, et à les empiler les uns sur les autres. On se souvient forcément du fameux « Counting Worms » et son ARF ARF qui est devenu leur marque de fabrique, mais celui ici de « Blinding Faith » sus-citée, ou le breakdown reggaeton (oui oui) de « Suffocate », débilement groovy du coup, resteront eux aussi à coup sûr dans les annales du groupe.

 

On pouvait se demander la direction que prendrait le combo après l'excellent EP A Tear In The Fabric Of Life, qui les a vraiment propulsés encore plus en tant que tête de liste du hardcore moderne. Et bien le moins que l'on puisse dire, c'est que contrairement à de nombreuses formations, ils n'ont pas joué la carte de calmer le jeu à mesure que leur notoriété grandit, au contraire : Knocked Loose en profitent pour varier leur propos, mais en conservant une intention ultra frontale.

L'ouverture vers le plus grand public, car il y en a tout de même une sur cet album, se fait via leurs deux guests, dont l'audience est plus large. Avec une nuance malgré tout, car ce sont ces invité·e·s (Poppy – dont je découvre l'existence – sur « Suffocate » ; et Chris de Motionless in White sur « Slaughterhouse Pt.2 ») qui font le boulot d'essayer de se montrer à la hauteur de l'agressivité inhérente à Knocked Loose, ce qui radicalisera probablement une partie de leurs audiences qui découvriront KL par ce truchement, plutôt qu'un nivellement par le bas. Ce qui est plutôt bien vu : plutôt que d'aller vers l'accessibilité, ils ramènent les gens vers eux sans sacrifier la 'cred'. Et même si je ne suis pas très convaincu par la performance Chris Motionless (malgré un joli bleuargl final), peut-être trop proche de son élément de base pour vraiment faire une différence, celle de Poppy me semble au contraire vraiment excellente (ce scream post breakdown reggaeton, boudiou!).

 

Bref, sur You Won't Go Before You're Supposed To (dont le nom vient de ce qu'une dame assise à côté de Garris, terrifié par l'avion, lui a dit lors d'un trajet), Knocked Loose poursuivent et intensifient leur route en roue libre sur le chemin du hardcore cabossé, ancrés dans l'efficacité avec la quasi intégralité des morceaux sous les trois minutes et dont l'écriture a probablement écarté pas mal de superflu, pour conserver un condensé saturé en mandales à grand coups de changements rythmiques où l'influence du hardcore chaotique se fait nettement sentir et de panic chords, tout en se sentant plus libres dans la composition : on pensera évidemment à ce reggaeton sorti de nulle part, mais aussi à cette snare sèche dansante dans les débuts de « Blinding Faith » (les deux seules occurrences où le cglaumomètre récemment acquis s'est manifesté, pas de surchauffe à l'horizon pour le coup), à un « Moss Covers All / Take Me Home » largement organisé autour des dissonances, ou au plus long morceau final « Sit & Mourn », différent dans les sonorités et dont je ne dirais pas plus, si ce n'est qu'il correspond bien à son titre.

 

Sur le plan des 'moins bien', on pourra évoquer le gimmick récurrent « hurlement (généralement du nom du morceau) avec gros drop et mutage des instruments avant le gros boum » sur presque tous les morceaux (mais bon, on est aussi là pour ça, faut pas se voiler la face), ou encore une pochette assez peu inspirée, bien qu'elle colle à la thématique de « Blinding Faith ».

 

Mais dans l'ensemble, c'est la bagarre. La grosse baston des familles. De celle qui a du faire tout bizarre aux fans de Deafheaven avec qui le groupe a tourné récemment et qui ne les connaissaient pas, ou aux curieux du festival Coachella qui se sont fait rouler dessus par Knocked Loose. Cet album était l'un des plus attendus de l'année dans le style, et Knocked Loose répondent on ne peut plus présents.

 

A écouter pour faire gagner de l'argent aux actionnaires des mutuelles et aux chirurgiens maxillo-faciaux.

photo de Pingouins
le 06/05/2024

9 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 06/05/2024 à 09:09:41

Faut que j’écoute ce « Suffocate » haha 😅

Pingouins

Pingouins le 06/05/2024 à 10:49:31

Il tourne de façon un peu obsessionnelle compulsive ici ahah 😃.
Allez je me le relance !

cglaume

cglaume le 06/05/2024 à 11:05:09

Costaud !!! Par contre si tu n’avais pas attiré l’attention en causant reggaeton, je pense que je n’aurais pas remarqué l’éventuel clin d’œil haha

pidji

pidji le 07/05/2024 à 09:46:08

BAGARRE !!!

Moland

Moland le 07/05/2024 à 14:16:43

Bagarre. Le genre préféré de Jean-Marie. 

Vincent Bouvier

Vincent Bouvier le 07/05/2024 à 17:44:24

Jean Marie Bagarre, le copain de Muriel Gropain?

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 07/05/2024 à 18:01:30

Bagarre mais en dessous du The Hope Conspiracy par manque de rapidité globale sur les titres en écoute (le beatdown c'est caca).

Tookie

Tookie le 24/05/2024 à 14:58:04

"le gimmick récurrent « hurlement (généralement du nom du morceau) avec gros drop et mutage des instruments avant le gros boum » sur presque tous les morceaux (mais bon, on est aussi là pour ça, faut pas se voiler la face)" ----> VOUI !

J'ai mis 15 jours à être sûr que mon opinion collait bien à la tienne. On est raccord (and co).

Pingouins

Pingouins le 24/05/2024 à 15:34:52

SUFFOCATE !
A vot' service 🐧
J'ai une autre chro bien bagarre en attente, un truc vraiment pas malin pour un sou, les vidéos de concerts que j'ai vues sont bien neuneu, c'est super 👌

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