Kronos - Arisen New Era

Chronique CD album (36:55)

chronique Kronos - Arisen New Era

Ce début de chronique – cher lecteur, chère lectrice – commence aux alentours de 2004, à une époque où le terme Sudoku désignait encore un phénomène de sudation rectale en médecine chinoise. Afin d’assouvir une inextinguible soif de violence musicale (Grroââârr!), le lapin jaune complétait les commandes d’albums qu’il effectuait auprès des VPC d'alors par l’ajout d’un ou deux [maga/web]zines desquels il espérait tirer quelques tuyaux ayant échappé à ses fréquents safaris wouaibesques. C’est ainsi que, au sein de l’excellent Brutallica, il fit l’absurde découverte suivante: il est parfois nécessaire d’aller lire la prose de métalleux bulgares pour découvrir les pépites qui gisent à 2 pas de chez nous, à l’intérieur même des frontières de l’amère patrie… Car dans ces pages chargées en mâles décibels se trouvaient 2 chroniques qui devaient conduire à autant d’achats compulsifs et fructueux: celles d’Insane Cephalic Production de Benighted et du Colossal Titan Strife de Kronos.

 

On est d’accord: le temps n’est pas censé avoir d’emprise sur un Titan, même s’il s'appelle Kronos et non Chronos. N’empêche, après 8 ans à travailler le crochet et à affiner leur stratégie au Club des Chiffres et des Lettres de Thaon-les-Vosges, on pouvait craindre que les lorrains ne soient plus les fougueux pur-sang qui nous avaient guidés à travers les champs de bataille où de fiers guerriers spartiates défiaient Créatures mythiques et Dieux colériques. Car après le fabuleux Colossal Titan Strife (2003) ci-avant mentionné et The Hellenic Terror, sa non moins fabuleuse suite (2007), il ne s’est plus passé grand-chose de folichon. Enfin, pour être honnête, si: durant ces années de disette discographique, les vosgiens ont continué de s’agiter sur scène (d’ailleurs on vous a ici-même causé de la tournée qu’ils ont effectuée en compagnie de Gorod et de Benighted en 2011). Mais – pour aborder le côté moins cool de leurs aventures – ces années ont également été celles d’errements line-upesques sans fin, Kristof (chant) puis Mike (batterie) ayant successivement lâché l’affaire.

 

Alors, kaput le Kronos?

 

Non, bien sûr que non, puisqu’aujourd’hui c’est enluminé d’un artwork magnifique et doté de la force de frappe internationale d’Unique Leader (bon, OK, ce n’est pas Sony-Century Media. Mais dans le Brutal Death ça reste un sacré poids lourd) que sort Arisen New Era, 4e album longue durée des Docteurs ès Mythologie vosgiens. Et on peut dire que le bestiau charge l’auditeur avec la puissance du bélier faisant voler la porte d’enceinte en milliers de petites échardes vicieuses. Car le Kronos 2015 est violent, généreux en blasts, combatif, et habillé d’une puissante cuirasse sonore mitonné par David Potvin (Lyzanxia) au sein du Dome Studio. Dès les toutes premières secondes d'« Infernal Abyss Sovereignty », on se fait piétiner par une légion de mastodontes blindés lancés à toute berzingue, le Brutal Death du groupe étant aussi carré que houleux et technique. Et l’on se rend vite compte que les lorrains ont su conserver, voire renforcer leurs atouts, ceux-ci consistant – petit rappel à l'attention des bleus et des Alzheimeriens – à mélanger dans de savantes proportions les 2 V (violence&vitesse) avec un niveau de technique impressionnant, des structures variées mais pas indigestes, et une mélodie suffisante (issue d’élans épiques et fièrement guerriers, pas de pauses « O Sole Mio » sucrées sur la lagune) pour trouver aisément son chemin dans la base de données cérébrale de l'auditeur.

 

Bon, alors lapin: pourquoi tu sembles avoir le drapeau de l’enthousiasme un poil en berne? Il n'est pas si « Prosper Yop la Boum » que ça le nouveau Kronos?

 

Arf, comment dire: c’est un peu compliqué…

Le truc c’est qu’après les 2 dernières tueries du groupe – qui contenaient nombre de vrais tubes comme (... et là je fais court) « Aeternum Pharaos Curse » ou « Petrifying Beauty Part 1. Divine Vengeance » – Arisen New Era laisse comme un goût de trop peu. Ou plutôt de moins BLAAM-LE-TRIDENT-DE-POSEIDON-BIEN-PROFOND-DANS-TON-XXX. Cela – si on s’arrête un peu pour tenter d’analyser le pourquoi du comment – semble s’expliquer par un gros son, un déluge de blasts et un growl beaucoup plus génériques, proches de ce qui se fait de mieux en matière de Brutal Death, mais sans la petite touche en plus. Dorénavant on a un peu l’impression que ce sont les gros bras de Nile, d’un Hate Eternal épico-olympien ou de l’une de ces grosses cilindrées polonaises qui nous reconfigurent les vertèbres, plutôt que notre petit Kronos à nous. Et puis il semble bien également que, s’il n’a rien perdu de sa capacité à nous faire chevaucher le fougueux attelage du dieu Mars, le groupe peine dorénavant un peu à écrire des hymnes de la trempe de ceux cités en début de paragraphe. On ira même jusqu’à dire qu’on s’emmerde un peu à l’écoute d’un « Rapture In Misery »…

 

Sauf que si l’on accepte de faire taire un temps les viles couleuvres de la déception pour juger l’album avec objectivité, on se rend compte que celui-ci est clairement de la graine de « haut du panier », non seulement sur la forme, mais également sur le fond. Et qu’en plus de l’impétueux démarrage « Infernal Abyss Sovereignty », les 5 barbares nous proposent pas moins de 3 nouveaux futurs classiques (je prends les paris): le fier « Soul-Voracious Vultures », le magnifiquement contrasté « Klymenos Underwrath » et l’offensive gaillarde « Brotherlords ». Le groupe s’offre même le luxe d’explorer des terrains où il ne batifolait guère auparavant, comme sur la guitare électro-acoustique qui ferme le rideau de « Aeons Titan Crown », ou sur les orchestrations qui contribuent à faire briller les chromes de « Klymenos Underwrath ».

 

... Alors quoi, ça boude encore au fond !?!

 

Entre excellence factuelle et déception relative, il n’est donc pas facile pour le vieux fan de juger Arisen New Era sans a priori, malgré les incontestables atouts de cette fournée 2015… Peut-être les nouveaux arrivés dans le monde des Titans pourront-ils nous Kronoposter ce qu’ils en pensent dans les comm’, histoire qu'on profite de leur regard vierge de tout a priori?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: plus brutal et carré que jamais, mais ne perdant rien en variété et en mélodie, Kronos effectue un retour objectivement impressionnant… Sauf que l’on ne retrouve pas vraiment ces petits plus qui nous avaient tant accrochés auparavant… Mais en même temps les nouvelles compos recèlent de petites merveilles… Qui n’effacent cependant pas complètement l’amertume. Un album chaud/froid donc (... ou froid/chaud, si l'on est plus Dupont que Dupond), dont il sera intéressant de reparler dans un an, avec une objectivité et un recul suffisants. 

photo de Cglaume
le 07/09/2015

3 COMMENTAIRES

sepulturastaman

sepulturastaman le 07/09/2015 à 17:32:53

Pour moi c'est du même gabarit que Recueil Morbid, du comme Jacques.

cglaume

cglaume le 07/09/2015 à 22:58:15

Jacques... Lang? Martin ? a dit ?

sepulturastaman

sepulturastaman le 08/09/2015 à 04:49:19

Toubon

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements

  • ULTHA au Glazart à Paris le 27 juin 2025
  • Seisach' 6 les 17 et 18 octobre 2025