L.m.i - Failed to Feel It

L.M.I, depuis que je les ai découvert en 2019, c'est un peu mes p'tits chouchous...mes p'tits chouchous rien qu'à moi! Enfin, pas rien qu'à moi en mode "Elmyra" des Tiny Toon, mais disons quand j'en parle autour de moi, ceux chez qui ces 3 lettres évoquent quelques chose ne sont pas nombreux et ceux qui savent qu'elles signifient "Lazy Middle Class Intellectuals" le sont encore moins.

Du coup, j'essaie de leur faire un peu de pub parce que leur hardcore/grunge/punk m'avait beaucoup plus dans Excess Subconscious et j'avais été ravi de les revoir mettre le couvert lors du très bon split avec Vulture Peak (un groupe très cool aussi au passage). Ajoutez à ça que le groupe s'occupe lui même de sa promo et la fait sans chichi, du simple et direct à base de "Salut, on a sorti un album. Si ça vous dit de jeter une oreille et de faire une chronique, ça serait cool". Pas de promesses marketées, pas d'orgueil mal placé ou déplacé, c'est appréciable; tout ce qu'on sait c'est qu'on ne sait rien sinon qu'on pourra pas dire qu'on a été trompé. Bref, quand Will, le guitariste, nous a envoyé un mail de ce genre pour la sortie de Failed to Feel It, je vous avoue que j'étais vraiment content de les retrouver mes p'tits chouchous. Sauf que...bah je ne les ai pas vraiment retrouvés même si je ne les a pas vraiment perdus non plus.

Musicalement, rien à redire, les Pennsylvaniens continuent à honorer les lignes abrasives et distordues de leur début. Au croisement du hardcore, du grunge et du punk mais désormais avec une approche plus punk que précédemment peut être et plus "post" dans la mesure où les structures sont plus délicates à aborder, moins directes. Les incursions cleans reverbées et appréciées dans leur précédents efforts se font plus discrètes ("Dead Channel Thirst"). Dommage, la couleur grungy s'étiole ainsi elle aussi. Mais l'esprit reste assez proche et tout aussi bon finalement....

Par contre, côté voix, c'est un peu la surprise et la douche, non pas froide mais un peu tiède...D'un registre acide et énervé qui jouait sur des screams produits par une voix plutôt aiguë, poussée avec violence dans ses retranchements laryngiques, on est passé à quelque chose de plus rauque et moins rock, de plus boueux et moins glaiseux, de plus sombre et moins enlevée... Quelque chose sur lequel j'ai moins accroché, peut être tout simplement parce que je ne m'y attendais pas et/ou que la surprise n'aura pas été bonne. Cette nouvelle approche vocale a en plus tendance à assombrir, à aplatir l'ensemble. L'exemple est criant sur "Constant Reset": on a une brouette de riffs ultra cools s'embrassant les uns les autres dans une belle variétés mais brisé dans leur intention musicale par cette ligne vocale sans variétés justement, beaucoup plus linéaire. Du coup, avec ce changement radical de l'approche vocal, la facette "post-hardcore" s'efface un peu elle aussi, à mon grand dam. Peut être qu'ils se sont dit au moment de poser les voix: "on n'a qu'à essayer un truc plus extrême, plus frontal, ça se trouve, ça sera mieux". Je ne suis pas convaincu que ce raisonnement conduise toujours à un résultat probant...

Même tarif pour la prod qui n'a pas perdu en qualité mais s'affiche globalement de manière moins amicale, plus rugueuse, moins piquante.

Avec Failed To Feel It, L.M.I joue donc une carte un peu plus underground. L'intention n'a pas changé mais elle est présentée sous un angle un peu différent et auquel j'adhère un peu moins. On ne leur reprochera pas de se reposer sur leurs lauriers ou de ne pas essayer de se chercher ailleurs mais ce virage stylistique, plus tristounet, entamé entre autre par une nouvelle approche vocale m'a moins convaincu. Je ne pourrai que conseiller l'album à ceux qui se repaissent avec joie de punk-rawk rugueux, frontal qui s'évade, rarement désormais, vers des contrées plus légères...

On aime bien: un très bon album de raw-punk (qui sera noté comme tel)...

On aime moins: un style moins hétéroclite et plus sombre...

8oris

le 31/07/2024