Melted Bodies - The Inevitable Fork, Vol. 2

Chronique Maxi-cd / EP (16:48)

chronique Melted Bodies - The Inevitable Fork, Vol. 2

On était prévenu, donc on ne tombe pas des nues : c'est à présent au tour de la section centrale du prochain album des Melted Bodies de nous être servie via The Inevitable Fork vol.2... Mais peut-être n'êtes-vous pas au courant, ou avez-vous déjà oublié ? Après l'énorme Enjoy Yourself – sur lequel, il est vrai, on avait manqué s'étouffer de joie tant la surprise était grande, les saveurs sensationnelles, la tranche de RhaaLovely charnue – les Californiens ont décidé de nous servir le plat suivant prédécoupé par leurs soins, afin qu'on ne risque pas de l'avaler tout rond et de finir tel le W. Bush terrassé par un bretzel malicieux. C'est pourquoi le quatre-quarts The Inevitable Fork (… on imagine que ce sera son nom) a été segmenté en trois morceaux de tailles égales, l'entame – tout à fait excellente – étant venue taquiner nos papilles auriculaires fin novembre 2022. Or, au bout de sept mois, on a eu le temps de bien digérer celle-ci, et c'est donc avec fébrilité et surabondance salivaire qu'on attendait le plat de résistance.

 

Les plus observateurs auront peut-être remarqué que le style mentionné en tête de chronique a été revu et corrigé par rapport à celui figurant sur le vol. 1 : on est passé de « Noise'n'Punk Electro-Nawak Metal » à « Noise'n'Punk / Metal alternatif ». Il y a donc eu ablation du Nawak, amputation du nez rouge, extinction du geyser arc-en-ciel...

 

« Aïe ! Ça doit faire mal, non ? »

 

Ça dépend : vous êtes douillets ?

 

Je ne sais pas si certains s'en souviennent, mais The Inevitable Fork vol.1 suivait une incroyable et continuelle progression, pour finir sur un bouquet final bouillonnant : « Therapy ». Conséquence logique de cette dynamique tracklistienne, à l'autre extrémité de ses 22 minutes, l'EP en question mettait un peu de temps à allumer ses fusées, le morceau-titre – situé en pole position – offrant un florilège piquant de tension vicieuse, de saturation suffocante, et de parenthèses soudainement minimalistes. Bref : on n'y faisait pas tourner des masses les serviettes. Eh bien sur l'EP nouveau, en exagérant un brin, il faut 3 titres avant que ça ne commence à pétarader joyeusement. Le groupe passe donc les trois premiers quarts de ce vol. 2 dans les tourments d'un Metal noisy sur-saturé, avançant d'éruptions colériques en spoken word hébété, de tempos plombés à l'iridium en vrombissements de basse hyperbare. Oh la chose est tout à fait croustillante, rassurez-vous, mais bon... "Nawak" ? En un sens, toujours un peu, oui. Sauf qu'il y a d'autres qualificatifs plus appropriés pour décrire ces choses-là...

 

« The Hot Dog Contract » nous accueille donc le couteau entre les dents. Gerbes noisy, riffs corrosifs, brume white-noisesque, quelques tranches de groove Death Metal bien épaisses, bien pesantes, qui pourraient aussi bien avoir été empruntées à Cannibal Corpse... Les coups de batte pleuvent, mazette ! Mais en parallèle, à l'instar du morceau « The Inevitable Fork » sur l'EP précédent, à certains moments tout s'arrête, Andy restant seul, au milieu d'un presque-silence, pour se confier à nous. Typiquement ce genre de morceau qui te balance des petites châtaignes bien vicieuses (les décharges électriques, pas les marrons glacés) si tu as le malheur de le toucher d'un peu trop près...

 

Alors non, ça ne trublionne pas des masses, mais allez savoir pourquoi : le charme opère quand même... Ils sont forts les bougres !

 

Suit « State of Mind ». Et la purée de pois de s'estomper un peu... Jusqu'à ce qu'on se rende compte que le rythme est en fait accidenté, et la guitare légèrement stridente. Mais en effet, on y voit un peu plus clair. La démarche est éminemment rythmique, la Noise laisse un peu de place à l'Electro, certains passages sentant presque le club berlinois d'après bombardement. Et parfois les fumées noires s'estompent suffisamment pour laisser entrevoir une fragile mélodie Electro-Pop, papillon blanc au milieu des friches industrielles.

 

À ce stade on pourrait encore croire au crescendo progressif expérimenté sept mois plus tôt. C'est alors qu'on se retrouve englouti sous « The Avalanche ». Pesanteur, silence des profondeurs, et Andy qui se confie, encore et encore, comme un fil rouge traversant non seulement cette piste, mais, au-delà, l'ensemble des 4 titres. La tension devient plus oppressante, le pas se fait traînant, la basse laisse échapper quelques bulles d'oxygène, des craquements robotiques proviennent du SAS... Puis la colère et la frustration explosent, irradiant les ténèbres alentours. Pas sûr qu'on revoit un jour la lumière de la surface !

 

Et pourtant, bermuda et humeur insulaire, voici venir l'intro de « Relax, You Are Lazzy ». Ah, ça y est, les Melted Bodies s'extraient enfin du bunker, et redécouvrent qu'ils vivent en Californie : on va pouvoir ressortir l'écran total ! Le riffing reste certes âpre, mais des accès de folie joyeuse, des trépidations toonesques, et une basse à nouveau punchy prennent le relais, pour nous conduire à nouveau là où tout a commencé, dans les parages à très haute tension de Mr. Bungle et Melt-Banana, en ces lieux où notre amour pour ces doux dingues est né. C'est quand même plus facile d'avoir le sourire avec un verre de margarita et un vieux Jerry Lewis passé en accéléré sur l'écran, non ?

 

Alors forcément, étant moins déluré, moins pétillant, moins direct que son prédécesseur, ce The Inevitable Fork vol.2 nous met un peu moins le feu à la baraque. Il s'agit pourtant bien là d'un pur concentré de Melted Bodies, le groupe réaffirmant avec force et détermination (comme cela se dit dans les communiqués officiel du Ministère de Mes Pompes) qu'il a une large palette d'émotions à exprimer, et qu'il ne doit donc pas être réduit à telle ou telle étiquette trop étriquée. Et c'est vrai que, même si on passe cette fois plus de temps chez le psy que dans les gigantesques attractions du Luna Park Nawak Metal au cours de ces 17 minutes, on ne peut nier qu'elles proposent du 100% pur Melted Bodies... Et que c'est toujours aussi bon !

 

Alors vivement la suite !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: plus sombre, plus corrosif, plus tourmenté que par le passé, The Inevitable Fork vol.2 – EP constituant le second tiers du 2e album à venir – nous rappelle, comme « Helplessness » ou « The Inevitable Fork » avant lui, que Melted Bodies, ce n'est pas que du Nawak Metal noisy pour cyber clowns du troisième millénaire. Les Californiens ressentent parfois le besoin de partir en apnée, de céder à la pression, de brûler les ailes des mouches et de tirer sur la queue du chat... Et ce qui compte, après tout, c'est qu'ils continuent de le faire avec cet incroyable talent !

photo de Cglaume
le 06/07/2023

2 COMMENTAIRES

noideaforid

noideaforid le 07/07/2023 à 11:32:30

The avalanche est passé une nuit d'insomnie et ce morceau m'a bien mis les poils.J'ai enchaîné sur l' EP.  A 3h du mat. Tout les éléments pour bien apprécier ce tourment musical. 
Groupe recommandé par tout les dentistes du monde. 

cglaume

cglaume le 07/07/2023 à 12:20:25

Je préfère quand c’est le sexologue qui recommande 😁

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