Melvins - The Crybaby

Chronique CD album (73:02)

chronique Melvins - The Crybaby

CANADA BUZZ HAS A WAY TO SEE THROUGH MY EYES


Pour une vraie-fausse discographie des MELVINS. - Chapitre 17 -

Pour comprendre le pourquoi de la démarche boiteuse, se référer à l'introduction du chapitre 1...

 

Morbide.
Bordel, ça devait être la fête, des invités partout, des copains, la musique à fond les ballons, la fête ! Et non, bande d'enfoirés acidulés, y'a fallu que vous commenciez votre album de collaborations par une reprise de... Nirvana. « Smells Like Teen Spirit », reprise clinique, note à note, impitoyable et froide, avec un certain Leif Garret au chant. Profanation de sépulture, ou pas loin, on ne sait pas comment prendre ce truc, connaissant (très peu, ce qu'on a pu en lire ou entendre à droite à gauche) les rapports euh étranges qu'entretenaient la bande à Buzzo avec le misérable Kurt. Le solo, le larsen pendant le couplet qui suit, le chorus (plus FM qu'à l'origine) sur la guitare du pont, tout y est. Tout y est décalé, tout y est comme sarcastiquement déplacé. Comme si tu rentrais chez toi pour constater qu'on ne t'avait certainement rien volé, mais que tout avait plus ou moins changé de place.
Et y'a de la rage là-dedans, y'en avait dans la version de Nirvana, mais là... Quel est l'objet de cette rage-là? Est-ce que ça veut dire « Nous sommes vivants, t'es mort »?
Les fans du méga-groupe défunt vont se demander si cette folle d'un soir, qui disait que  Buzzo avait tué Cuntbain, n'avait pas finalement raison (lors d'un concert des Melvins, la folle a été vidée alors que Buzzo chantonnait « I've killed Kurt Cobain » en réponse à son délire très épais. Brian Walsby raconte tout ça dans un de ses « Manchild »).

Heureusement qu'il y a de vrais copains (?) dans cette partie de partouze délirante. Car c'est bien ça, « The Crybaby »: la pièce montée finale de la trilogie Ipecac, avec des invités sur chaque morceau. David Yow de Jesus Lizard sur deux titres, dont ce « Blockbuster » démoniaque, où Dale joue des pads jouets : l'indus bon marché et viol bon enfant, démonstration de savoir-vivre en milieu amical. J'évoque souvent l'indus pour qualifier les Melvins, ça peut choquer mais : soit ils ont leur propre vision de l'indus, soit c'est moi qui en ai une complètement déformée et fantaisiste (je penche et m'écartèle fortement pour les deux suppositions).
Bref. Yow ne sait pas chanter mais qu'est-ce qu'il chante bien! Débraillé, déglingué, expressivité unique d'ivrogne en colère, Yow connaît son business. Bon c'est un morceau de son groupe, faut dire. Mais sur le white Thrash Punk « Dry Drunk » qui viendra plus tard, c'est du pareil au même. Ce dernier est moins chouette, mais un interlude de Godzik Pink débarque en plein milieu du titre, parfaitement inattendu. Ça a son charme. Captain Beefheart n'est pas loin de la fanfare.

Mike Patton aussi s'est pointé. Le gars est capable du bon, de la brute comme du truand, on le sait depuis longtemps. Ici, au-delà du jeu de crooner apparemment obligé, il vient foutre la zone zarby sur la piste de danse avec le très marrant « GI Joe ». Belle compo foutraque à base de tout un tas de samples affreux et séducteurs en même temps. Comme le gaillard. Vrai-faux beau gosse, vrai-faux tout un tas de choses.
Drôle de type.
Drôle de morceau.

Fiou! J.G. Thirlwell - alias Fœtus, alias Steroïd Maximus, alias ce que tu trouveras - se tape des lignes de chants magnifiques sur la ballade au gland cramoisi « Mine Is No Disgrace ». Beau slow qui part en couilles à deux reprises sur une marche funèbre, où J.G. claironne comme les trompettes de la mort, se sentant comme s'il pouvait « violer une nonne » (c'est lui qui le dit juste avant, j'invente rien). Superbe chanteur, là c'est sûr, c'est une performance et c'est en plus un moment d'émotion rare. Voix nasillarde, écho type salle de bains et groupe en retrait, tout dédié à porter le génie et l'aider à soulever des montagnes. Roooh, j'écris comme un con de journaliste!
« I guess you're drunk ».
Bien deviné, mais j'arrive encore à taper sur le clavier, « Haaaaa-Ha-ha-ha-ha-haa-ha-haaaaa! Mine is no... Mine is no disssgraaace. ». Ça te reste en tête, c'est une perceuse, ça te trépane, ça fait du mal, ça fait du bien, c'est le meilleur morceau de l'album.

Alors OK, on tombera aussi sur ce « Divorced » avec Tool, crédité à la prod' seulement. Mais à mon humble avis, c'est pour de bêtes difficultés contractuelles, ces cons étant signés sur un gros label à la zob complètement parano. Car il me semble bien que le groupe au complet participe à ce titre. En tout cas, la batterie de Danny Carey est bien présente, même qu'il se tape un duel avec le père Crover, pas chiant pour un sou, incroyable, non? Bon, le titre atmosphérique est réussi et pour les obsédés sexuels, je crois bien que James Maynard Keenan murmure ses conneries inaudibles (on comprend vraiment rien à ce qu'il raconte) et fait semblant de crier dans le micro saturé avec un autre gus non-identifié. Enfin si c'est bien lui (Qui? Le gars non-identifié? Est-il bien non-identifié? Oui, c'est lui? Ah ben alors si oui c'est lui, je raconte pas de conneries) L'intro est vraiment belle. L'ensemble est un peu décousu mais si vous entendiez la musique que j'ai enregistrée tout à l'heure, je perdrais définitivement toute crédibilité.

Y'a aussi deux putains de chansons country excellentes avec Hank Williams III, qui s'y connaît en chapeaux, version plus punky dans l'esprit mais tout autant country. Une des deux ritournelles, c'est l'hymne anti-hippie réactionnaire de ce con de Merle Haggard, « Okie From Muskogee ». Les Melvins avaient fini leur concert Belfortain de 2008 par ce titre: Buzzo seul sur scène, les autres au balcon, Crover une bouteille de whisky à la main, et ils chantaient tous en chœur, c'était beau, c'était simple, ça te foutait le sourire pour partir.
(larmes)

Ah! j'ai pas parlé du titre avec Skeleton Keys : excellent, excellent, les amis! Pur glaviole (j'innove) Indie-Pop-Punk, avec les enjoliveurs qui volent, tournoient et s'écrasent en produisant leurs jolis bruits tintinnabulants. Ça tape sur des casseroles, sur des poubelles, ça balance de putains de mélodies entraînantes, ça porte assez de crasse pour être beau et la patate est affriolante. Je m'étais juré d'acheter leurs disques, aux Skeleton Keys, je l'ai toujours pas fait. Ah, normal, je n'achète plus de disques. Envoyez-moi du fric!

« The Man With The Laughing Hand Is Dead », comme son nom l'indique, est trop long. Bliss Blood chante pas mal dans le registre belle sorcière (je sais pas la gueule qu'elle a mais elle chante avec sa chatte). Re-marche funèbre avec de l'espèce de Theremin ou alors c'est des voix qui imitent la scie musicale. Hé! Des caisses, elle en fait moins que Jarboe ou PJ, certes... Ambiance cimetière années 50 en carton avec de la fumée et une robe blanche translucide, j'ai du pop-corn qui a glissé dans le slibard, ça colle et j'ai une cuite à prendre. Alors comme je disais, c'est bien beau mais c'est trop long : 11 :27, putain... Dommage.

Tout ce bazar hétéroclite se termine officiellement par un featuring de Kevin Sharp de Brutal Truth, qui casse du verre et dit des gros mots sur « Moon Pie », bien sale et martial, mais complètement anecdotique. Il veut une bière, apparemment, et c'est tout ce qui lui importe.
Officieusement, du son caché boucle la boucle en reprenant le « Hey mister tambourine man, play it soft » : l'ouverture du premier volet (paf! dans ta gueule, c'est la tempête, mec) de la trilogie, « The Maggot »-le-terrible, noyé dans l'écho. D'ailleurs, les trois disques s'appellent et se répondent dans leurs pistes fantômes respectives, je l'avais pas encore dit, je le dis. Ça c'est du conceptuel.
Je me caresse la barbe.

Comment ça c'est un sacré bordel ma chronique?!? Comment ça, ça donne pas envie? Mais comment tu veux que je ponde un torchon sur ce disque? C'est inénarrable, mec, c'est un fourre-tout pas possible où le très bon côtoie l'amusant, le majeur côtoie le mineur et ça finit en partie de jambes en l'air pas forcément légale.
Tu sais plus où donner de la tête, t'as plus qu'à pleurnicher comme un bébé en maudissant ma diarrhée de mots.
Écoute donc la musique au lieu de trapiner (j'innove toujours, les mots sont le jeu) sur le net.

photo de El Gep
le 04/09/2011

2 COMMENTAIRES

Ukhan Kizmiaz

Ukhan Kizmiaz le 04/09/2011 à 12:53:48

je vous invite à découvrir le premier album de Leif Garret...
^^
http://en.wikipedia.org/wiki/Leif_Garrett_(album)

Sinon 7 c'est vraiment bien payé... Yow est plus Mark-E-Smith que jamais, Patton se gratte le front et l'encolure. Il devait être en plein essayage de son costume saumon.

Thirwell est formidable.

el gep

el gep le 04/09/2011 à 19:39:10

Bah la note on s'en balance un peu. noter un disque, franchement, quelle idée débile (à laquelle je me plie malgré tout).
Sinon, avec 4/5 morceaux excellents, 3/4 bons morceaux et le reste plus moyen, ce disque est loin d'être mauvais.
Et puis, ne serait-ce que pour "Mine is No Disgrace", bordel...

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