Messa - The Spin

Chronique CD album (41:42)

chronique Messa - The Spin

Je dois vous avouer que lorsque le titre promo de The Spin est sorti, je suis resté quelque peu circonspect. Effectivement, « At Races » me semblait assez creux, fade et un tantinet fainéant. Leur effort précédent ne m’ayant pas non plus laissé un souvenir mémorable, je voyais là, à cette écoute, la mort intellectuelle annoncée du groupe, partant à la dérive, voguant sur la mer de la Facilité pour rejoindre l’Océan Complaisant. Mal m’en a pris d’être aussi médisant. Une fois la galette entre les mains, ou plutôt entre les oreilles et « At Races » alors replacée dans son contexte, les choses prennent une nouvelle tournure, un nouvel éclat, un nouveau sens : une nouvelle esthétique. Tout s’emballe. Les cartes sont rebattues. « At Races » méritait donc d’être contextualisée pour que ses saveurs en soient exaltées et comprises. Alors, oui.

Je retourne ma veste.

Messa mérite le respect.

Pas moins.

Analyse.

 

Les premières notes de « Void Meridian » donnent le ton. Sonorités et textures électroniques, arpèges éthérés puis, quand la machine est lancée, rythmique aux aspects synthétiques. L’infusion cold-wave est à maturité. Et c’est là l’un des points capital de The Spin. Sa froideur assumée. Certains diront que mêlée à la chaleur sensuelle du doom, cela donne un résultat tiédasse. Le mélange est pourtant savamment dosé. Écoutez donc, entre autres, « Fire in the roof ». Vous aurez ce riffing d’une lourdeur telle qu’il pourrait ouvrir la Porte des Enfers, la sensualité et la technique de Sara Bianchin et cette rythmique robotique quasiment placée au premier plan. L’ensemble n’est pas loin de la perfection. Oui, ce refrain m’a laissé quelques frissons. C’est une fois que l’on a compris ( ressenti ?) que Messa cherche la froideur que The Spin s’ouvre à nous. Cette fraîcheur et cette dureté , Messa va aussi la chercher du côté du hard-rock/heavy. Posez donc une oreille sur le solo d’« Immolation » ou celui de « Void Meridian » voire même l’entièreté d’« At Races ». C’est nerveux, concis, tracé tout en gardant cette opacité originelle dont Messa a le secret.

Ce retour aux sources, Messa va même le chercher jusque dans le blues crunchy avec « Reveal ». La froideur électrique et la chaleur de la Louisiane. On le savait déjà depuis Close, mais Messa aime voyager. Le résultat est surprenant… … mais cohérent. Là encore, on oscille entre la nervosité des « blasts » de caisse claire et la rondeur de la basse lancée à vive allure.

Mais Messa ne délaisse pas pour autant son côté obscur et jazzy. On retrouve, ça et là, la noirceur de son premier LP  Belfry. Particulièrement dans « Immolation » et surtout, surtout (!) dans « The Dress » sur lequel se pose un magnifique saxophone pour que finisse par jaillir un solo… floydien. L’ensemble, une fois de plus, s’accorde parfaitement.

L’album se clôt par « Thicker Blood » qui fait la part belle au chant. Sa puissance et sa majestuosité se font porter par un riffing simple mais efficient quand sa fébrilité se laisse discrètement apercevoir en introduction. La rage, quant à elle, exultera dans les dernières secondes, nous laissant mutiques et hagards, plongés dans le silence dans lequel les grands albums nous laissent systématiquement après écoute.

 

Avec The Spin, Messa a pris un virage. Parce que, oui, Messa voyage. Oui, Messa trace sa route. Oui, Messa grandit. Et il le fait posément, de manière réfléchie et intelligente. Les influences et expérimentations sont toujours savamment abordées et travaillées pour ne pas dire habilement intégrées. C’est replacé dans son contexte et dans la discographie du groupe que The Spin prend toute sa saveur. Cet album prouve que Messa sait ce qu’il fait et le fait très bien. Cela me donne envie de ré-écouter Close parce que j’ai le profond sentiment de ne pas l’avoir écouté avec le sérieux qu’il méritait. J’y ai sûrement loupé certaines choses. Honte à moi !

photo de Vincent Bouvier
le 22/04/2025

5 COMMENTAIRES

Tookie

Tookie le 22/04/2025 à 10:51:59

Oui oui oui !
J'ai accueilli les premières écoutes un peu froidement, peut-être un peu décontenancé par le virage, mais le charme a opéré insidieusement parce qu'il y avait toujours un quelque chose me poussait à revenir.
En fait Messa n'aime pas faire deux fois le même album, c'est sans doute ça qui est le plus perturbant. Je ne vais pas en rajouter, ce serait paraphraser ta chronique. En tout cas cet album sera dans mon top de l'année.

pidji

pidji le 22/04/2025 à 12:22:11

Mince, je n'arrive pas à entrer dedans totalement pour ma part. Mais déjà le précédent m'avait laissé de marbre. Je n'arrive plus à entrer dedans comme sur "Feast For Water".

Alibi32

Alibi32 le 22/04/2025 à 13:25:14

Encore un super album de Messa !
Un groupe qui aime surprendre à chaque sortie.
Bref, direct dans mon top 2025 avec le dernier deafheaven !

Thedukilla

Thedukilla le 22/04/2025 à 17:53:48

Dur de pas le relancer. Juste une fois. Et encore une fois. Et encore une fois...

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 22/04/2025 à 19:15:15

C'est bien vot' truc oui. 

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