Mike Patton - Corpse Flower (feat Jean-Claude Vannier)
Chronique CD album (43:16)
- Style
French Pop Classieuse - Label(s)
Ipecac recordings - Date de sortie
13 septembre 2019 - Lieu d'enregistrement Paris/Los Angeles
- écouter via bandcamp
La dernière fois que je me suis attelé à vous parler d'une « rencontre » musicale, c'était pour le.... heu... Lulu... Lorsqu'un disque parvient à décevoir autant les fans des 2 protagonistes, on touche au génie, non... ou à la pure connerie, c'est selon.
Ce bon vieux Mike, peu disert en interview, est toujours prêt à nous donner des nouvelles de ses humeurs, de son tempérament, via des salves musicales aussi diverses que variées, qu'il soit en mode Italo-Hidalgo le temps d'un Mondo Cane, Maître SM sur Peeping Tom, brouillon sur Mr Bungle, cogneur sur Dead Cross et résolument braillard chez Fantômas... Patton arpente depuis 35 ans les travées d'une musique souvent exigeante, précise, percutante, arrogante et parfois éreintante. De quoi se faire un bon petit bagage pour attaquer sereinement un petit monument gainsbourien dans l'âme (j'y reviens) qui répond au doux nom de « Camion ».
Corpse Flower est donc une rencontre hors normes entre deux personnalités marquantes du récit musical de ces 50 dernières années. L'un biberonnant ses claviers lorsque l'autre poussa ses premiers cris. 2 personnages un peu mythiques aussi. Pensez donc, Jean-Claude Vannier, l'arrangeur de Gainsbourg, l'homme derrière Melody Nelson (1971), Des coups de poings dans la gueule (1976, à redécouvrir) et quelques 900 références... et l'un des meilleurs interprètes de tous les temps, tous genres confondus. Il y a de quoi avoir peur. Le titre éponyme a d'ailleurs tous les atouts pour asseoir la détestation. Patton chante en français, une liste de courses, du boucher à la parfumerie sur un fond de Melody (forcément)... c'est rigolo 2 minutes. Titre éponyme suivi d'un pur moment suspendu « Insolubles », le chant français amerhaché devient magnifique et puissant d'émotion. Et Patton qui fait référence à Mouloudji, carrément. Et puis « On top of the world » est là pour rassurer les fans.
Mais revenons au début.
Vannier explique que « Ballad C 3.3 », en hommage à Oscar Wilde du temps de son emprisonnement pour homosexualité*, est le titre déclencheur. Vannier envoie un morceau avec un texte en français que Patton va traduire. Et le décalage horaire faisant (San Francisco/Paris), chacun finit par envoyer sa partie pendant que l'autre dort.
*Oscar Wilde est enfermé pour immoralité après la découverte de sa liaison avec Alfred Douglas. Bâtiment C, Cellule 3 au troisième étage.
Alors bien sûr, des facilités comme « Pink and bleue », ou l'infâme « Chansons d'Amour », le titre éponyme encore, parasitent un peu l'effort. D'aucuns y verront de l'humour (c'est fort possible), d'autres se sentiront piégés d'avoir acheter l'album de leur chanteur favori (c'est fort possible aussi).
Yet, each man kills the things he loves... démarrent le disque.
Corpse Flower est un album d'une classe folle, parce que super chanteur, super arrangements et super musiciens. Pour sortir un titre aussi vénéneux que « Camion », un blues cravaté comme « Browning » ou une pièce aussi majestueuse que « Hungry ghosts » faut en avoir... et avoir les gaillards qui assurent derrière.
On retrouve de Paris à Los Angeles, un backing band qui réunit Denys Lable, Bernard Paganotti (Magma), Daniel Ciampolini, Didier Malherbe, Léonard Le Cloarec et the Bécon Palace String Ensemble et Smokey Hormel (Beck, Johnny Cash), Justin Meldal-Johnsen (Beck, Air, Nine Inch Nails) et James Gadson (Beck, Jamie Lidell).
Corpse Flower est finalement une suite assez logique dans la carrière des 2 protagonistes. En 1997, Patton s'attaquait à la « Ford Mustang » de Gainsbourg et tous deux ont versés dans la musique de film. Pour le coup, on parlera de musique de BD.
Corpse Flower est la bande-son parfaite de l'inénarrable Spaghetti Brothers (1995). Comics argentin créé par le scénariste Carlos Trillo et le dessinateur Mandrafina. Bande dessinée qui met en scène une famille italienne, installée dans les années 30 à New-York (ici c'est Paris). Une fratrie improbable qui réunit un mafieux tordu, un curé torturé, un flic intègre, une actrice décadente et une mère de famille à la gâchette facile.
6 COMMENTAIRES
Rafff le 18/01/2020 à 11:43:06
Du coup je ne sais pas si c’est le même « backing band » mais sur Sea Change de Beck on retrouve la même approche du Melody Nelson !
cglaume le 18/01/2020 à 16:14:38
"brouillon sur Mr Bungle"
C'est de la purée provocation, avoue ? Tu vas te prendre une Nawak fatwa au cul !!!!!!!! :P
Eric D-Toorop le 18/01/2020 à 20:13:48
si... brouillon mais pas tout le temps ^^
cglaume le 18/01/2020 à 21:42:33
Il insiste en plus le blasphémateur !!!!!
Eric D-Toorop le 19/01/2020 à 09:36:45
Concernant, Sea Change, Rafff, je n'ai pas écouté ce disque. Ceci dit, Beck est un fan de Gainsbourg, au point de composer pour sa fille ^^
Merci pour ce retour.
Margoth le 21/01/2020 à 08:10:14
Pour la peine, il s'en prendra deux le saloupiaud :P
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