Myrkur - Folkesange
Chronique CD album (46:59)
- Style
Folk - Label(s)
Relapse Records - Date de sortie
20 mars 2020 - écouter via bandcamp
Nous y voilà : Myrkur nous a sorti son album de pure folk. Comme je l'avais prédit sur la fin de ma chronique de Mareridt. Qui reste un album, même avec plus de recul, qui me laisse sur le cul. Avoir joué les Dames Irma du dimanche, et voir qu'au final, une hypothèse s'avère exacte – et ce, en seulement trois ans – c'est aussi amusant qu'inutile. Mais ça n'enlève en rien ma crainte quant à l'appréhension de ce Folkesange au premier abord. Parce que la folk, sans en être entièrement farouche, n'est pas forcément ma tasse de thé. Peut-être d'ailleurs, vis-à-vis de ce constat, aurais-je dû simplement le laisser courir. A la limite, l'écouter pour moi-même par simple curiosité mal placée mais pas forcément en parler par la suite tant sortir de sa zone de confort n'est jamais forcément le bon plan.
Mais comme la vie serait bien chiante si l'on se contentait de rester dans ses petits souliers, autant la rendre un peu plus excitante. Ce fameux Folkensange, je m'en méfiais parce que je pensais que ce côté purement folk, bien épuré comme il faut de tous les autres éléments qui ont forgé l'identité Myrkur, ça allait me gonfler sur la longueur. Au final, ce n'est pas raté : cet album a été une déception. Mais étonnamment, pas pour les raisons que je pressentais au démarrage. On ne crachera pas dans la soupe : cette folk est belle, bien faite, bien produite, bien jouée et bien interprétée. Myrkur reste une artiste talentueuse et ces délires folk, épurés et vecteurs de paysages traditionnels bucoliques lui vont comme un gant. Déjà parce qu'elle sait jouer de tous les instruments exotiques qui composent ce disque – ce qui n'est pas donné à tout le monde – et qu'elle sait moduler sa voix, outre son registre pop éthéré basique, en mode ethnique de manière fort convaincante (l'introduction de « Tor I Helheim »), ne pouvant qu'immerger l'auditeur dans son univers. Et pour sûr, elle saura rallier un certain public à sa cause, d'autant plus que l'on reste sur des choses autrement plus accessibles que par le passé.
C'est justement cet univers en question qui me reste en travers de la gorge. Si, effectivement, c'est beau, il manque quelque chose d'essentiel : de la vie, du mouvement. Comprenez, Folkensange, c'est typiquement cette galette qui te fout devant les yeux des paysages magnifiques. Mais seulement des paysages de cartes postales. Qu'importe que ce soit en style illustratif dessiné main ou au contraire en photo-réalisme, ça a beau être joli et flatter la rétine, c'est malheureusement quelque chose de (trop) éphémère. On s'en détourne rapidement et pire encore, on reste sur notre faim. Où est la vie ? Où est le mouvement ? On a beau faire marcher son imagination à plein régime afin de discerner davantage, tel fantasmer des odeurs ou encore un courant d'air faisant bouger les brins d'herbe et autres branches d'arbres, il y a comme un blocage. A contrario, dans des styles différents mais tout aussi porteurs de paysages, de cas comme Felt Mountain de Goldfrapp où l'on avait vraiment l'impression de parcourir les paysages montagneux suisses et/ou autrichiens à bord d'un deltaplane ou encore les travaux de la harpiste bretonne Cécile Corbel où son monde plus emprunt de fantastique semblait vraiment « peuplé » de créatures issues d'heroic fantasy. De ce cruel manque de mouvement relègue malheureusement Folkensange à un simple album de folk, solide et bien fait certes, tout ce qu'il y a de plus banal. Myrkur jette donc là un simple gravillon dans la mare qui peine à ricocher.
Ce qui déçoit encore plus dans ce constat de banalité, c'est en regardant un peu dans le rétro. Il est particulièrement frustrant, après une œuvre aussi intimiste et viscérale qu'était Mareridt, de tomber sur un Folkensange qui ne se révèle qu'une simple collection de cartes postales. Elle a beau vouloir nous dépeindre la beauté naturelle de ses racines natales, on regrette qu'elle ne s'y place pas. Enfin presque, étant donné que les deux titres de clôture, « Gudernes Vilje » et « Vinter », nous ramènent enfin à des terrains plus sombres, mélancoliques. Et d'un coup, ces paysages prennent une allure autrement plus fantasmagoriques et intéressants. Comme si elle poursuivait ce qu'elle avait débuté dans Mareridt en épurant son propos à sa simple facette folk. Ce qui était plus ou moins ce que j'attendais à la base de l'exercice. Mais voilà, malheureusement, deux titres sur tout un album, c'est beaucoup trop léger pour convaincre pleinement...
3 COMMENTAIRES
Crom-Cruach le 05/09/2020 à 12:34:11
Je te trouve dure mais oui c'est un peu banal; manque un poil de passion comme si le nom seul suffisait. J'attends perso le dernier Garmarna du coup.
Xuaterc le 05/09/2020 à 15:04:28
Pour info (mais je n'ai pas le détail, désolé), la moitié des titres sont des ré-interprétation de morceaux traditionnels, et l'autre moitié des compositions originales
Crom-Cruach le 05/09/2020 à 18:48:15
Oui, "Fager som En Ros" est ainsi repris aussi par Kaunan; récemment.
AJOUTER UN COMMENTAIRE