Necrophagist - Epitaph
Chronique CD album (32:56)

- Style
Death technique culte - Label(s)
Relapse Records - Date de sortie
3 août 2004 - écouter via bandcamp
2023. Bien qu'un spectre plane toujours sur l'Europe et sur le monde, celui d'un hypothétique troisième album de Necrophagist qui dormirait depuis des années dans les tiroirs de Muhammed Suiçmez, tête pensante et mains galopantes de la bête amatrice de charogne, il faut bien en arriver pour le moment au constat qu'à l'exact inverse de ce qu'affirmaient King Crimson, Epitaph a été la conclusion.
Mais d'abord, il y a 1992. Muhammed a dix-sept ans. Et il décide de monter un groupe, vous l'aurez compris, une douceur nommée Necrophagist. Douze ans et bien des notes plus tard, c'est la sortie de cet album, Epitaph, qui porte donc très bien son nom, à la fois parce qu'il s'agit donc du dernier album en date du groupe, mais aussi parce qu'il laisse un riche héritage visible de tous et toutes.
Et aujourd'hui, si Necrophagist ont bien sûr depuis été dépassés en termes de rapidité d'exécution, de brutalité... d'exécution aussi, ou d'intensité, Epitaph et son prédécesseur Onset of Putrefaction restent néanmoins des disques qui sont des piliers du genre et qui, on peut le dire avec le recul, ont largement contribué à redéfinir ce tiroir des musique extrêmes en termes d'approche : le death technique.
C'est bien simple : tous les groupes qui aujourd'hui arpentent ce sillage ont écouté leur musique jusqu'à s'y noyer. Obscura, par exemple, naîtra plus ou moins des cendres de Necrophagist. Ce son de basse fretless, si caractéristique du genre qu'il suffit à activer des petits interrupteurs dans la tête des aficionadxs du tech-death, ils ne s'en privent pas le moins du monde. Les premières grosses voix à la « bruiiiiiiiiiiiiiiiihhhhh » ont toujours ce charmant aspect rafraîchissant, qui tranche avec l'aspect sucré des solos qui pèguent tellement il y en a de partout. Et cet album, comme la plupart de la discographie du groupe, joue beaucoup sur les écarts entre ces deux blocs.
Et puis du technique, du technique, du technique, comme s'il en pleuvait, tant dans les cordes que derrière les fûts.
Heureusement que Suiçmez s'est entouré de bons comparses sur cet album, car pour parvenir à le reproduire en concert, il serait probablement facile de finir par se faire rebaptiser Jésus, à force de multiplier les pains.
Mais point d'overdose de glutène ou de marche sur l'eau ici, car ce sont plutôt dans les tréfonds cadavériques que l'on gigote, le nom du groupe et les titres des morceaux suffisant à mettre la puce à l'oreille que ce n'est pas pour ses qualités littéraires que cet album a fait parler de lui.
Et malgré son statut d'album culte, notamment du fait de sa place dans l'histoire des musiques un poil tendues et irritées, on peut trouver un certain nombre de choses à redire à Epitaph. Et dont celle qui n'est pas la moindre est qu'au final, il s'agit d'un album qui apporte bizarrement assez peu de diversité en termes d'approche et de structures des morceaux, très semblables d'un bout à l'autre de l'album, quand bien même le détail (et bien évidemment la sur-technicité) est très travaillé. On pourra donc être ébouristouflé par les démonstrations de maîtrise des instruments, mais ressentir finalement une certaine lassitude en fin d'album, bien que celui-ci soit au final relativement court.
Ici, on retrouve donc un peu le syndrome du compositeur unique fonctionnant à plein régime chez Necrophagist, ce côté tunnel très efficace mais qui mène un peu toujours au même endroit.
Et là je suis bien loin de dire que ces compositions sont mauvaises, j'aime énormément cet album, mais je pense sincèrement qu'il aurait encore gagné en impact en multipliant les mains au-dessus des partitions en plus de multiplier les doigts sur les cordes. A savoir tout de même que Christian Münzner, second guitariste (qui est ensuite allé chez Obscura) aurait malgré tout participé à l'écriture de plusieurs parties de guitare, même s'il n'est pas crédité. Mais Necrophagist reste la créature de Suiçmez.
Bref, souffrant peut-être paradoxalement de trop peu de diversité d'ensemble, écrasant tout par sa technicité de tous les instants, Epitaph reste l'un des piliers absolus du death technique, encore utilisé aujourd'hui comme mètre-étalon du genre (ce qui est d'ailleurs confirmé par le guitariste d'Archspire Dean Lamb sur sa chaîne youtube, où il apprend sur certaines des morceaux de Necrophagist) qui a pourtant connu maints développements depuis.
Et s'il a connu maints développements, c'est notamment parce que cet album a existé, et Onset of Putrefaction avant lui, et que leur écoute passe toujours aussi bien malgré les années qui passent. En peu de mots : c'est culte.
A écouter pour pouvoir dire « ok ! » si on vous propose d'aller manger vos morts.
8 COMMENTAIRES
Black Comedon le 25/06/2023 à 09:12:53
ça reste une des plus grosse claque de ma vie, à l'époque où on écoutait les albums sur des bornes à moitié pété.
Je comprend les quelques remarques, mais pour moi c'est un 10, c'est même le 10, la référence, j'ai jamais réussi à me dire "ce truc dépasse Epitath.
J'ai les partoches achetées lors du concert de 2007 à la scéne Bastille (Necrophagist, Origin, Misery Index on a déjà plus dégueulasse comme affiche) et j'ai jamais réussi à jouer un morceau correctement même à 70% du tempos, les arrangements sont fous, les 2 grattes ne jouent quasiment jamais la même chose, c'est de orfèvrerie c'est une dinguerie !
cglaume le 25/06/2023 à 09:23:10
Ça fait trop longtemps que je ne l’ai pas écouté et je vais rattraper ça. Cet album et son prédécesseur… Des merveilles ❤️❤️❤️
cglaume le 25/06/2023 à 09:26:36
« A écouter pour pouvoir dire « ok ! » si on vous propose d'aller manger vos morts. » 🤣🤣
8oris le 25/06/2023 à 13:13:36
Je rejoins "Black Comedon", cet album vaut largement un 10 selon moi, c'est un peu "la Bible" du Death Technique et un mètre-étalon comme Pingouins l'écrit très justement.
Effectivement, plus d'un guitariste s'est cassé les pattes sur les plans ahurissants qu'on y trouve (je conseille les covers hallucinantes de Kevin Heiderich). D'ailleurs, même Suiçmez a souvent dit que lui même n'était pas satisfait de certains de ses leads et qu'il continuait encore à les bosser
Ajoutons à cela que le fait que le groupe soit en hiatus, la saga "Mais où est passé Muhammed Suiçmez?" lui donne une espèce de rareté, de caractère exceptionnel, quasi-légendaire.
Pingouins le 25/06/2023 à 16:40:54
@ Black Comedon & 8o8o : Je savais bien que le "non-10" allait faire parler héhé.
En vrai j'ai hésité, et j'ai finalement décidé de ne pas intégrer l'aspect "culte" à la note (sinon je serai allé taper le 10), et j'ai peut-être été un peu strict aussi, donc je vous propose ce 8,25 + le 10 culte / 2 = 9,125, probablement plus proche du vrai :p.
Je suis nul avec les notes à donner aux trucs. 😅
J'espère au moins que la chronique a fait justice au disque plus que la note.
@ Lapin : Oui, j'aime bien cette conclusion 😃
Xuaterc le 25/06/2023 à 16:59:23
Negrofaciste, tout ce que je déteste en matière de Death. Mais j'ai bien conscience aux dires de mon entourage, du côté culte de la frmation
Crom-Cruach le 25/06/2023 à 19:55:25
Perso, je préfère Necrophagia.
cglaume le 26/06/2023 à 05:11:14
En cours de réécoute… miaaaaaam !
J’avais oublié d’où venaient les super plans de gratte de Gorod !
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