Nova Twins - Who Are The Girls ?

Chronique CD album (30:29)

chronique Nova Twins - Who Are The Girls ?

Dans mon report du Hellfest, je m'agaçais du fait d'avoir placé Nova Twins en Mainstage alors que ce duo de nanas n'avait que deux petits EPs à défendre, un matos et une expérience somme toute modestes vis-à-vis de ce genre de configuration de grande ampleur. Alors qu'en parallèle, bien d'autres groupes auraient pu jouir de cette place de choix, quand bien même il ne s'agissait que d'un horaire de début de journée. Mais n'allez pas croire, j'avais eu l'occasion de voir ce que ça donnait en configuration club – où l'on peut d'ailleurs s'étonner qu'avec leur maigre CV et temps d'existence encore embryonnaire, elles parviennent déjà à se laisser embringuer dans des tournées de clubs en tête ou co-tête d'affiche – et franchement, il y a vraiment quelque chose qui ressort de ce côté autrement plus réduit, en configuration close où l'on peut ainsi exhiber des lights qui viennent ajouter une plus-value non négligeable à ces deux donzelles qui ont réellement de l'énergie à revendre dès lors que l'on parle de scène.

 

Nova Twins a peut-être pris les choses à l'envers vis-à-vis de la trajectoire moderne lambda à suivre pour un jeune groupe, à savoir se préoccuper de ses bons contacts avec les bookers et de tout miser sur la scène avant de s'inquiéter de fournir de la matière d'autant plus significative que des EPs et singles, ça ne l'empêche pas d'enfin sortir, après s'être présenté en s'égosillant un peu partout, un vrai premier album digne de ce nom. Intitulé Who Are The Girls ?, ce qui ne manque pas de faire sourire tant l'on pense à la fois à cette vague urbaine ou même rap/neo metal/rock – vous savez, les trucs genre Crazy Town où les mecs au chant rap tournaient leur texte en mode « je m'appelle truc, je suis un gros rebelle de la rue » – et aux girls bands (« Ouais, qui on est ? Des filles pétillantes qui prêchent le girl power bien spicy comme il faut ! »). Bon, allez, je joue les petites langues de pute, j'en rigole mais en vrai, ça donne quoi ?

 

Eh bien, au vu des deux précédents EPs, il y a eu une évolution assez significative. Tellement que l'on s'est trompé peut-être trompé sur la marchandise vis-à-vis d'où les placer. Il faut reconnaître qu'en plus, l'opportunité d'avoir ouvert sur quelques dates de Prophets Of Rage déforme un peu les attentes. Car au final ce Who Are The Girls ? ne va pas jouer spécialement dans les plates-bandes d'un revival rap/metal plus urbain dans l'équilibrage de sa recette qu'à proprement parler metal comme l'on pouvait s'imaginer, surtout que ses deux premières cartes de visite court format allaient plus ou moins dans ce sens. Non, ici, il faudra davantage les placer sous la bannière électropunk. Mais qu'on n'aille pas y voir non plus un quelconque rebondissement opportuniste, le côté hip-hop est toujours bien présente, dans sa façon d'appréhender le groove, plus urbain tu crèves. Bref, on mettrait ce disque en fond sonore de certains films/animes de la catégorie cyberpunk, ça s'accorderait comme un gant.

 

En revanche, il paraît clair que le pur metalleux ira montrer moult réserves, voire réactions allergiques, quant à ce disque. Car au final Who Are The Girls ? n'est pas foncièrement metallique. Ce qui n'empêche pas qu'il s'en dégage quelque chose d'extrême. Imaginez un mix un peu saugrenu entre une sorte de Punish Yourself (le plus électrique) qui aurait bouffer du The Prodigy (dopé avec plus de rock) assaisonné avec un peu de Rage Against The Machine (pour son goût affirmé pour les pédales d'effets, notamment sur la basse dans le cas ici présent) et vous obtenez ce disque. Qui passe vraiment crème si l'on apprécie les frasques électro-organiques aussi groovy que frénétiques. On sent que les deux nanas aux commandes ne sont pas là pour jouer les princesses en quête de gloire superficielle, elles sont là pour en découdre. Il n'y a pas à niaiser en dansant dans l'étage VIP du Louxor de Philippe Katerine, l'heure est plutôt à l'émeute et à la bousculade dans un bouge mal famé des zones industrielles paumées et blindées de marginaux en manque d'adrénaline et de dope. Parce que l'énergie qui se dégage des refrains tueurs de titres comme « Vortex » (qui avait réveillé un bon coup le public un brin réservé dans sa prestation du dernier Hellfest), « Play Fair » ou encore « Undertaker » (et sa belle urgence crache-venin), ça donne envie d'en foutre plein la tronche à son voisin. Tandis qu'on ira le taquiner de manière beaucoup plus tortillo-sensuelle sur du « Taxi ». Ou qu'on se bousillera les chevilles à jumper comme un dératé sur les moments d'emballement de « Devil's Face » ou « Lose Your Head ». Voire même se prendre à parler avec ses mains façon gangsta sur « Bullet ». Parmi toutes ces ogives qui feront un carton en live, ses deux têtes pensantes n'oublient pas pour autant de montrer qu'elles ont des envies artistiques différentes et surprenantes avec un « Ivory Tower » qu'on presque qualifier d'étrangeté burtonienne à la Stolen Babies qui serait tout droit sorti de sa banlieue, tendance qui se vérifie d'autant plus avec le plus dynamique « Athena », plus saltimbanque du Bronx sur lui.

 

Malgré tout, ce premier album jouit tout de même d'un petit défaut outre sa courte durée, malheureusement commun à tout ce qui touche aux pendants studio de prétendants issus du même genre de catégorie : il ne porte pas sur lui toute la dynamique live que possède véritablement Nova Twins. Il manque comme une petite étincelle d'explosif pour mettre le feu aux poudres de manière autrement plus radicale. Malgré tout, il faut également considérer ce rejeton comme prétexte pour inciter les gens à se bouger le cul pour voir de quoi il en retourne véritablement sur scène. Dans une salle de petite capacité de préférence. Car c'est sur une petite scène, avec un public tout compacté comme des haricots dans une boîte de conserve, à se faire agresser par des lights frénétiques, que le répertoire de Nova Twins prend réellement vie et dévoile toute sa saveur. Et ça tombe bien, elles ne lésinent pas sur les tournées depuis qu'elles ont décidé de faire de la musique ensemble, notamment dans l'Hexagone.

photo de Margoth
le 14/04/2020

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 14/04/2020 à 17:09:06

Hey: c'est pas mal.

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