Nuclear Power Trio - A Clear and Present Rager
Chronique CD album (19:07)

- Style
Modern Funk/Prog/Thrash instrumental - Label(s)
Metal Blade - Date de sortie
30 octobre 2020 - Lieu d'enregistrement Flatline Audio
- écouter via bandcamp
Plein le dos des élections présidentielles américaines! Pendant des jours et des jours on nous a gavés comme des oies avec des reportages sur Bob et Karen, républicains convaincus mourant de peur de voir les chars bolcheviques débarquer dans leur jardinet pour renverser leur barbecue et forcer leur fille Dolly à épouser un Jamaïcain musulman. Presque autant ras-le-bol de ce sujet que des analyses montrant combien le Covid a un impact fort sur la consommation de Cracottes© en Lozère. Il existe pourtant une vraie bonne raison de s'enthousiasmer à la vue de la trogne de Donald. Et de Vladimir. Et de Kim. Pas deux, une. Et cette raison s'appelle Nuclear Power Trio. Mais laissez-moi ouvrir un 2e paragraphe pour vous en causer, je commence à me sentir à l'étroit dans cette introduction.
A vrai dire, même si la musique proposée sur les 5 titres constituant A Clear and Present Rager était toute moisie, la pochette réalisée pour l'occasion constituerait à elle seule une bonne raison de s'en payer une tranche. Tout comme les clips sympathiquement débiles tournés par ces zigotos masqués (là et là). Ou ces titres croustillants qui arrachent sans mal un sourire (« Grab 'Em by the Pyongyang », « Ukraine in the Membrane »). On est clairement en présence de petits malins qui aiment se taper sur les cuisses. Ce qui peut-être un plus, mais – t'as bien raison de le rappeler Roger – n'évite pas forcément les mauvaises surprises traumatisantes ni les fractures du tympan. Sauf que cette fois l'emballage fait le moine, comme on dit, la musique diffusée dans nos écouteurs ne faisant qu'élargir généreusement le sourire déjà esquissé pour les raisons précédemment évoquées. Et ce dès les toutes premières secondes de « A Clear and Present Rager » qui s’engouffre dans nos pavillons auriculaires avec une vigueur impérieuse. Quel volume imposant! Quelle prod' croustillante! Quelle basse rondelette! Quelle dextérité! Quel sens de la répartie musicale! Tout cela a beau n'être qu'instrumental, on sent un profond enthousiasme irradier de chacun des trois larrons embarqués dans cette aventure vécue sourire en coin mais talent insolent à la baïonnette. Et le plaisir évident qu'ils prennent à jouer s'avère hautement contagieux.
Évidemment, l'enthousiasme et le fun ne suffisent pas. Rappelez-vous donc la parodie de Télé Magouille réalisée à noël dernier pas vos petits cousins avant le réveillon familial... Pourtant ils y croyaient, eux. Mais dans le cas de Nuclear Power Trio, derrière les masques ce ne sont pas Didier Bourdon / Kevin, Bernard Campan / Matis et Pascal Légitimus / Etienne, mais Poutine / Nick Schendzielos (ex-Havok, Cephalic Carnage, Job For A Cowboy) à la basse, Trump / Greg Burgess (Allegaeon) à la guitare 8 cordes et Kim / Pete Webber (Havok) à la batterie. Pas des mickeys, donc. Ce qui explique l'exceptionnel niveau de ce Metal sans postillons qui pioche dans le Thrash molletonné, dans le Prog moderne, mais aussi dans la Fusion bondissante, les rythmiques les plus tranchantes et les leads langoureusement solaires à la Satriani côtoyant une basse éminemment funky, des escapades flamenco/latino, du xylophone polynésien (au début de « The Fusion Collusion ») et même une espièglerie Synthwave (à la fin de « Grab 'Em by the Pyongyang »). Si vous marchez plus aux comparaisons, on peut tenter de décrire ces 20 minutes de musique en évoquant un mélange de Kong (en bien moins froid et mécanique), Animals As Leaders (en plus fun), Infectious Grooves (notamment sur l'exceptionnel « The Fusion Collusion ») et Annihilator (« Mutually Assured Seduction » rappelle un « Phoenix Rising » ragaillardi).
Sur 20 minutes, pas le temps de s'ennuyer. Les morceaux sont courts, pétillants, vifs, et formidablement expressifs malgré l'absence de cordes vocales. Et si l'espace sonore est aussi généreusement occupé, c'est que – révélation! scoop! – les gugusses trichent sur les effectifs: en effet, parfois les pistes de guitares s'additionnent, ce qui laisse à penser qu'en live il y aura sans doute un Erdoğan ou un Macron pour tenir la guitare rythmique. Mais en attendant de voir ce que tout cela donnera sur des planches ou sur un format moins court, on savoure cette première prise de température qui envoie le mercure à des altitudes SpaceXiennes!
La chronique, version courte: pour une fois que Trump, Poutine et Jong-un (on a moins l'habitude de l'appeler par son seul nom de famille celui-là) ont quelque-chose d'intéressant à dire! Ça ne dure pas longtemps (20 minutes et puis s'en vont), mais l'EP vaut son pesant de cacahuètes, quelque-part à la croisée de Kong, Animals As Leaders, Infectious Grooves et Annihilator, en version "sans légende".
3 COMMENTAIRES
8oris le 14/12/2020 à 11:28:49
Un très bon bon album d'un "superband" pour une fois crédible et une super chronique au passage ("l'emballage fait le moine", tu m'as tué! :D)
cglaume le 14/12/2020 à 11:50:16
:D
Merci l'ami !
nipalvek le 15/12/2020 à 14:59:06
Ca sonne jeux vidéo,genre JRPG. C'est super plaisant.
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