Païcan - Endless Summer
Chronique CD album (40:22)
- Style
post-hardcore / post-rock à tendance noisy - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
17 janvier 2023 - Lieu d'enregistrement La Limace (Bourgogne) en 2021
- écouter via bandcamp
Il y a quelques décennies de ça, Janis, Ella ou encore Billie chantaient le Summertime de George Gershwin. Celui où le « living is easy », et où la douceur estivale laissait grandir les rêves d'évasion et de liberté.
Aujourd'hui, quelques catastrophes climatiques (entre autres) plus tard, ce regard porté sur l'emprise de l'été a pas mal changé, comme l'illustre le titre de cette sortie des Lyonnais de Païcan : Endless Summer, un nom on ne peut plus adapté pour sortir en cet hiver sans pluie marqué par les alertes sécheresses dès le mois de février.
Je ne suis généralement pas le plus adepte des projets instrumentaux, car la gestion de la dynamique, essentielle pour s'en tirer dans cet exercice, est particulièrement ardue et pas toujours tout à fait aboutie chez les formations qui s'y essaient. Difficile en effet de garder une attraction suffisante pour ne pas sombrer dans la catégorie des « trucs qui passent bien dans le fond mais auxquels on ne prête finalement que peu d'attention ».
Chez les Rhodaniens de Païcan, cependant, cet écueil est me semble-t'il habilement évité, et l'écoute reste fluide et agréable sans pour autant ennuyer l'auditorat (pour peu que celui-ci ait l'oreille déjà traînante du côté des musiques en 'post-', souvent traînantes elles aussi).
Si je m'y retrouve, c'est probablement aussi parce qu'il y a des exceptions à l'instrumental avec l'intervention de chant rauque/hurlé dans la plus pure tradition post sur « User Exit » et à la moitié de « Varech », qui permettent de redonner une impulsion à l'ensemble.
Par ailleurs, ces irruptions vocales sur ce type de musique me font supposer de très probables influences des Parisiens de Dirge (RIP, malheureusement).
Et puisque l'on parle d'influences, quelque chose d'autre est venu répétitivement assaillir mes oreilles, une sensation (peut-être erronée) que nos musiciens ont beaucoup écouté Breach, et notamment Kollapse avec ses longs morceaux tout en progression et en intensité accumulée (à savoir « Kollapse » et « Teeth Out ») et des mélodies similaires : cela m'a particulièrement frappé sur l'orageuse « Oilers », même si j'ai retrouvé cette sensation de tendance un peu noisy, tirant un peu vers le hardcore, ailleurs dans ces quatre pistes (après la mi-morceau de « Single » par exemple, ou le deuxième quart de « Varech »).
Dans tous les cas, Endless Summer mérite au moins une écoute par celles et ceux qui gravitent dans le post et l'underground, car on y trouve tous les éléments qui en font un bon disque du style : du riff mastodontique, de la construction d'ambiance, des samples qui ont du sens (« if no one is able to govern himself, then who among us would be able to govern someone else », des aérations travaillées, des directions qui rappellent de très bons souvenirs (Dirge / Breach), assez de personnalité pour être « leur propre truc », ce qui n'est pas toujours évident dans le style : personnellement, ça me parle. Et puis ils sont passés à Radio Canut, ce qui fait toujours plaisir.
On notera tout de même une « Varech » de sortie à mon goût un peu moins palpitante dans sa seconde partie, aux sonorités un poil plus post-rock malgré ses sonorités toujours kollapsiennes, qui vient finalement s'abandonner dans une sorte de très longue outro qui s'achève sur plusieurs minutes de gazouillis d'oiseaux, finalement interrompus par des croassements de corbeaux.
La pochette ? Si je ne suis pas totalement à la ramasse, il s'agit d'un fauteuil lors de leur session d'enregistrement live de leurs morceaux au Ninkasi Kao.
« Quel joli temps pour se dire au revoir », chantait cette fois Barbara, à propos de la fin d'été. Chez Païcan, l'été ne finit jamais.
Alors la question se pose : ce temps n'est-il plus si joli, ou bien ne leur dirons-nous plus jamais au revoir ?
A écouter en se plaignant qu'il fait trop chaud pour la saison, car ce n'est pas la bonne saison.
3 COMMENTAIRES
Pingouins le 22/02/2023 à 19:07:51
Quelques précisions du groupe sur leur page FB : " les influences évoquées nous parlent même si c’est pas celles dans lesquelles on se reconnaît pour ce projet 😉 ! Le fauteuil on l’a pris en photo lors du record à La Limace en 2021. Et pour les chants d’oiseaux, c’est le matin dans la forêt devant La Limace !"
Merci pour le retour ! :)
Freaks le 22/02/2023 à 20:24:56
Ces histoires me donnent clairement envie de réecouter les quatre saisons.. La nostalgie c'est toujours sympa :p il va nous rester plus que ça dfaçon Mouaha
Autrement, j'aime beaucoup ce qu'ils proposent.. Tout en finesse arrangée avec clairement des accents core/ambiant coolos.
Freaks le 22/02/2023 à 20:26:33
Et maintenant y'a plus qu'a phaser sur Dirge dont je connais R
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