Pest Control - Don't Test The Pest

« … bon alors moi, ce que je vous conseille, c'est beaucoup de vert tape-à-l’œil baignant dans un jaune « golden shower » généreux. Il faut que ça stimule la rétine ! D'ailleurs n'hésitez pas à moucheter tout ça de rouge, pour égayer. Et puis mettez des insectes aussi. C'est rassembleur les insectes, tout le monde connaît. Et puis un corps mutilé au milieu, mais dans un style naïf, genre Douanier Rousseau, pour se démarquer. Si si, faites-moi confiance : c'est moi qui ai conçu la mascotte des Jeux Olympiques de Paris 2024 ! »

OK, on comprend mieux le pourquoi de cet artwork : Pest Control s'est fait embobiner par un de nos spécialistes en design over-conceptuel, un Philippe Decouflé 2.0 formé à l'école Jack Lang, qui a essayé de vendre du rêve aux métalleux de 2023 tout en n'ayant sous la main qu'un fan de Moebius de 6 ans pour réaliser l'œuvre, et une méconnaissance totale de ce qu'est le Crossover Thrash...

Si c'est pas malheureux, tiens...

Heureusement, si Don't Test The Pest ne flatte pas des masses la pupille, il défonce les tympans ! Ah putain que ça fait du bien de se faire ainsi secouer la carcasse par une formation qu'on sent animée de cette ferveur inaltérable que seule la jeunesse et la soif de sortir un premier album peuvent produire ! Mais ne restons pas dans l'à peu près, et livrons les infos dans leur intégralité : Pest Control s'est formé pendant le confinement à Leeds, Angleterre. Par des ex-Implement notamment, formation donnant déjà dans le Crossover Thrash/Hardcore, mais aussi par des ex- et actuels membres de Mortuary Spawn, groupe de Death dont la teneur élevée en lipides a ouvert les portes d'une première partie de Demilich. Ceci étant dit, on nuancera les propos précédents en précisant que jeunes, oui, nos Contrôleurs le sont, mais qu'ils bénéficient donc déjà d'une certaine expérience. Et s'ils manient aussi bien le fer et le feu du Metal que la fougue et le fiel du Punk/Hardcore, la balance a tendance à être plus lourdement chargée du côté des cheveux longs et des vestes à patches.

D'ailleurs l'intro « Extermination » comme l'interlude « Hibernation », pleines d'arpèges sombres que d'aucuns pourraient avoir déjà croisé sur les « albums de la maturité » de Metallica, attestent de cette tendance. Tout comme le travail – extrêmement léché pour le genre – de DEUX guitaristes, qui distribuent généreusement solos chiadés et interventions twinnées, bien loin de ce qui se pratique habituellement dans les terrains vagues et les squats sordides. Et puis ce son mes enfants ! Certes bien grésillant, mais gros comme une maman rhino (on me signale Arthur Rizk au mastering, dont le tableau de chasse comprend Cro-Mags, Enforced, Kreator et Power Trip) ! Alors oui, Pest Control chique les mollets comme le plus furieux des bouledogues, mais il manipule plus volontiers le char d'assaut que le poing américain... et on ne peut que valider ce choix au vu du résultat !

Pour autant ne croyez pas que les riffs de l'apocalypse à la Slayer (sur « Wake in Hell », ou – plus typé « South of Heaven » – sur « The Great Deceiver », par exemple) et les sprints déraisonnables du Thrash le plus ultime noient la rage keupon du groupe. Car non seulement Leah beugle comme une teigne ulcérée dans la Valstar de laquelle on aurait versé du Yop, mais de plus les ralentissements propices au gorilla mosh sont légions sur ces 21 petites minutes. Si vous aimez la ba-gaaaaaaaare, ne vous inquiétez pas : bagarre il va y avoir. Et puis matez-moi ce format : 11 pistes pour même pas 22 minutes, et un morceau-titre furaxissime crachant sa putain de haine brûlante sur 44 secondes... Ça sent pas fort la rue ça peut-être ?

Mais ce papier commence à être plus long que l'album lui-même... Alors vos gueules les mouettes-chroniqueuses ! Calez donc le glaviot « Don't Test The Pest », la charge « Wake in Hell », la tuerie « Judgement Time » ou le missile « Total Distraction » dans votre chargeur, et feu à volonté !!!!!

La chronique, version courte : OK, le mélange Thrash / Hardcore / Punk, on connaît ça depuis les débuts de Nuclear Assault et D.R.I., pas de quoi fouetter un iroquois... Sauf que la recette a beau avoir été pratiquée et usée depuis moult années, il suffit qu'une petite bande de jeunes soit suffisamment ulcérée par un confinement et habile de ses instruments pour que la poudre reprenne feu et qu'on s'en prenne plein la gueule sans avoir vu le coup partir ! Et c'est bien de ça dont il s'agit sur ce premier album de Pest Control qui dynamite de sa fougue explosive et de ses riffs dévastateurs les réticences des plus blasés.

Cglaume

le 12/06/2023