Pink Floyd - Animals

Chronique Vinyle 12" (41:41)

chronique Pink Floyd - Animals

Les conflits ont toujours fait partie du quotidien de Pink Floyd, mais avec le succès titanesque de The Dark Side Of The Moon et de Wish You Were Here, et l’émergence du mouvement punk qui prend volontiers les quatre de Cambridge comme tête de Turc, ils prennent une ampleur inédite. Ils laissent Roger Waters quasiment seul maître à bord au moment de la composition de leur dixième album. Ce dernier est enregistré dans leur propre studio flambant neuf, le Britannia Row. Comme leur copain David Bowie avec Diamond Dogs et 1984, Animals s'inspire aussi d'une œuvre de George Orwell, La Ferme Des Animaux. La mélancolie, le psychédélisme des albums précédents, liés de près ou de loin à Syd Barrett, a laissé place à une colère jusqu'alors inconnue dans la discographie du Floyd. David Gilmour reconnaîtra plus tard qu'il était plus intéressé par obtenir un son de guitare plus dur que par la composition de nouveaux titres.

 

Une fois de plus, l'artwork est une fois de plus remarquable. Cependant, le groupe rejette les idées proposées par le studio Hipgnosis, qui s'était chargé des précédentes pochettes. C'est finalement une idée de Roger Waters (ce qui prouve une nouvelle fois sa main-mise à cette époque) qui est choisie. S’ensuit une session photo rocambolesque qui aura des répercussions sur la navigation aérienne internationale.

 

À l'imitation du punk, mouvement contestataire par excellence, Pink Floyd (ou plutôt devrais-je dire Roger Waters) avec Animals, se fend d'une critique de la société future où l'humanité se retrouve réduite à trois espèces : les cochons despotiques, les chiens de garde et les moutons idiots. Musicalement, cette division se retrouve dans les trois longues pistes (encadrées par les deux brèves parties de la ballade acoustique « Pigs On The Wing » dont la douceur contraste avec la dureté du propos du reste de l'album). À mon sens, l'allégorie est plutôt ratée, le concept manque de finesse et de subtilité, les traits sont grossiers.

 

Et musicalement ? Deux des trois pistes (« Pigs (Three Different Ones) » et « Sheep ») ont été composées et chantées par le bassiste, tandis que « Dogs », sous un autre titre est issu des sessions de Wish You Were Here, jouée en live à plusieurs reprises sous le nom de « Gotta Be Crazy ». Dotée de nouveaux textes, ces derniers sont interprétées par David Gilmour. La guitare est beaucoup plus présente que par le passé, avec un riffing plus dur. Les bruitages animaliers sont nombreux et viennent en renfort du concept. Il n'y a pas de hit potentiel contrairement à The Dark Side Of The Moon, le groupe se refuse à la facilité et étire les structures. Le guitariste se fend de trois splendides solos. Nick Mason (cette cow-bell!) et Richard Wright, dont les nombreux bruitages viennent habiller les compo avec classe et cynisme, ne sont pas en reste.

 

Malgré ses défauts, Animals reste un album de haute tenue qui a tout à fait sa place au sein de la discographie de Pink Floyd. Il est l'occasion pour le groupe de donner un successeur à deux albums qui lui ont apporté gloire internationale et fortune. La suite sera des plus ironiques.

photo de Xuaterc
le 13/02/2022

6 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 13/02/2022 à 18:25:08

Quand j’étais minot, j’étais fasciné par la pochette de ce 33 tours qui figurait en bonne place près de la platine familiale

Xuaterc

Xuaterc le 14/02/2022 à 13:31:56

Alors j'imagine que tu connais l'histoire rocambolesque de cette photo.

cglaume

cglaume le 14/02/2022 à 15:20:34

Même pas

Xuaterc

Xuaterc le 14/02/2022 à 16:50:18

En gros, le ballon / cochon a réussi à se détacher et à s'envoler jusqu'à l’aéroport d'Heathrow. Tu peux trouver tous les détails sur le net si ça t'intéresse

cglaume

cglaume le 14/02/2022 à 18:12:06

Haha je vais regarder ça !

Black Comedon

Black Comedon le 15/02/2022 à 08:00:47

Il arrive à exister entre Dark side -Wish et the wall, déjà c'est un bel exploit. Tout est dit dans la chronique, c'est un superbe album et en live, lors de la dernière tournée de Waters, envoyer un dogs de 17 min  là c'est beau.

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