Pink Floyd - Meddle

Chronique Vinyle 12" (47:00)

chronique Pink Floyd - Meddle

Beaucoup considèrent Meddle comme le frère jumeau, le reflet dans le miroir de Atom Heart Mother. Cinquième album de Pink Floyd, sa face A comprend cinq titres relativement courts et légers tandis que la face B est occupée par une longue pièce de plus de vingt trois minutes. Lorsque le groupe investit une fois de plus les studios d'Abbey Road, c'est les poches vides, la partition vierge. Il ne dispose d'aucune ébauche de chanson, pas une seule idée. Quelques mois avant, Roger Water décrivait ainsi l'avenir du groupe de son point de vue : « J'en sais vraiment rien. Je n'ai aucune idée de ce qui va suivre ». Les séances d’enregistrement dureront plus de neuf mois, entre-coupées de concerts à travers le monde pour la promotion de Atom Heart Mother.

 

Nombreux sont ceux également qui pensent que cet opus est celui qui définit pleinement l'identité de Pink Floyd, que sa quête identitaire trouvait ici sa fin, et qu'il a atteint une forme de maturité. La présence de Syd Barrett les deux premiers albums, les élucubrations « chacun dans son coin » d'Ummagumma, les œuvres de commande pour sonoriser des long métrages, l'influence de Ron Geesin sur le précédent, tout cela est balayé lors de ces sessions. Le groupe se retrouve face à lui-même, à ses propre démons, à son propre génie. De nombreuses démo ont été réalisées, il a énormément testé, bricolé avec les technologies qui s'offraient à lui.

 

La face A est une promenade dans la psyché et l'inspiration du quatuor, à la fois variée et pleine de surprises. L'album s'ouvre sur le bruit du vent qui souffle, emportant nos a priori, rapidement rejoint par un riff de basse Rickenbacker. Suit un instrumental de pur Space Rock, aux claviers galactiques, composition tendue comme un hippie en manque de LSD. Le contraste est violent avec la ballade bucolique et onirique « A Pillow Of Winds » aussi légère que son nom peut le laisser entendre. « Fearless » est certainement le titre le plus étrange du disque, se construit à partir d'un riff autour duquel les autres musiciens viennent broder un Rock presque dur qui se conclut par un enregistrement du « You'll Never Walk Alone » chanté par les supporters de Liverpool. Ces milliers de gorges qui reprennent ce chant font toujours leur effet, à filer les poils. Assez étonnamment, le morceau qui suit est signé par Roger Waters uniquement ; il s'agit d'une compo jazzy, légère, pleine de soleil, mettant en musique la douceur de vivre de la célèbre station balnéaire française. Enfin, la première face se termine par une autre étrangeté, un Blues acoustique accompagné par les hurlements du chien de Steve Marriot, guitariste de Humble Pie.

 

La suite « Echoes » s'ouvre sur une simple note de piano, passée au travers d'une d'une cabine Leslie (plus d'info sur ce système ici), une intro qui est devenue légendaire. Les vingt-trois minutes trente que durent le morceau présentent un groupe au sommet de son art et de son inspiration. Tout son génie et sa créativité s'expriment ici, parfait résumé de tout ce qu'il a offert jusqu'à présent. Méticuleusement construit, il fait naviguer en permanence entre psychédélisme, progressif, mélodie, science-fiction. Le résultat est extrêmement visuel, proche de l’opéra, qui marque le début d'une ère nouvelle pour Pink Floyd. Après des années d'errements et d'expérimentations, il semble avoir trouvé sa voie, entre errements et expérimentations.

photo de Xuaterc
le 06/05/2018

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