Planet B - S/T
Chronique CD album (38:07)
- Style
Hip-Hop/Indus/Horror soundtracks - Label(s)
Three One G/Ipecac Recordings - Sortie
2018 - Lieu d'enregistrement San Diego, Californie
- écouter via bandcamp
27 ans, voilà 27 ans au moment où sort cet opus, que Justin Pearson propose des synthèses de colères sous toutes les formes. On l'avait quitté en costume de dandy cabotin au sein de Dead Cross en compagnie du Père Patton, le revoilà en baggy, casquette à l'envers en B.Boy plus Beasty que jamais !
Avec le temps, on ne doit plus se demander quelles seraient les influences du propriétaire, elles sont connues et sans doute obsolètes depuis un moment. Planet B fait de la place à un nouvel influenceur (savez, le rock est mort et toutes ces conneries). Messieurs-Dames, si un jour JP décide de prendre l'air dans le grand bain de la music-machine, vous comprendrez pourquoi il est le Patron.
La quarantaine bien entamée, le kid de San Diego, peut se targuer d'avoir secouer le Hardcore au sein des cultes The Locust où se mêle batterie maboule, synthé pesant et basse élastique (tenue par Pearson). Il n'a pas 20 ans quand déboule le combo insectophile et lui a déjà épuisé 3 groupes Punk-Hardcore.
Activistes, ils refusent de jouer pour Clearchannel et ses sous-divisions et dans les nineties, cela ne pardonne pas et le groupe se fera rare dans nos contrées. À 19 ans, il fonde son propre label 31G (Three One Gee) pour publier le premier opus d'Arab on radar (Noise) et quelques années plus tard, les Blood Brothers. La maison continue toujours son défrichage avec e.a les récents Metz, les poppeux de Camera Obscura, les copains de Cattle Decapitation, et les cultes Ex Models. Aussi passionné que modeste, Pearson est ce genre de personne à se livrer sans mesures dans son art – la scène est sa salle de boxe- et ranger le vestiaire (rouler les câbles, sortir les amplis de scène) avec un mot pour chacun, si tôt le déchaînement étalé.
La référence à Beastie Boys n'est pas innocente puisque ce nouveau projet accueille le vétéran Kool Keith (Dr Octagon) en forme olympique sur l'inaugural « Crustfund ». Le traitement de choc opéré par le toubib renvoie les Ho99o9 et Death Grips dans la salle d'attente, tandis qu'Atari Teenage Riot se cherche une place en résidence service. C'est que cela bute sévère ma petite dame !
Luke Henshaw, l'autre tête pensante du combo bicéphale réalise un travail de dingue sur les instrus proposées, le fidèle Gabe Serbian (batteur de The Locust) nous rappelle sa frappe terrifiante, histoire que l'on comprenne bien à qui on a affaire.
Si l'album est un condensé (moins de 40 minutes) de Hip-Hop, Indus, Punk rageur, il est aussi l'album le plus choral et collaboratif du bonhomme en accueillant, un titre sur deux, des invités de sens. Accueillez donc:
Martin Atkins (Killing Joke) sur un « Come Bogeyman » froid, robotique et sentencieux. La photographe Becky Digiglio sur le vénéneux « Brutal Evolution ». Le dessinateur et collagiste Sonny Kay (Your Future), auteur d'une série impressionnante de pochettes d'albums anguleux (parfois majeurs) pour Mars Volta, Zu, Le Butcherettes, Red Sparowes ou encore Sun Ra, s'épanche sur le cartoonesque « Disease Control » renforçant un peu plus la caution des auteurs de Ill Communication.
« Big Karma » paie sa note à la cause indus avec maîtrise, pour l'un des titres majeurs de l'album, on retrouve ce bon vieux Joe Karma. Ce who's who sans temps morts, se clôture sur une reprise épileptique de l'imparable « Never let me down again » de Depeche Mode avec Nick Zinner des Yeah Yeah Yeahs.
Délaissant l'aspect parfois grassouillet de Dead Cross, Pearson approche très souvent la maestria de Retox dans cette nouvelle (ultime?) incarnation. Et comme toujours l'engagement est de mise. Dans Planet B, des scientifiques rigides et quelques philosophes de droite s'évertuent à nous faire croire que notre salut se situe dans l'aménagement d'une planète soeur (Mars ?) et qu'il serait raisonnablement plus économique de laisser crever notre bonne vieille terre en continuant à en profiter jusqu'à plus soif. À grands coups de lattes dans les côtes et d'uppercuts au foie, Planet B remet les idées au clair, avec un sourire carnassier et un regard noir.
Fondamental.
4 COMMENTAIRES
pidji le 23/11/2018 à 11:21:19
Exigeant, mais excellent.
cglaume le 23/11/2018 à 12:15:29
Sympa le morceau Crustfund !!
Xuaterc le 23/11/2018 à 13:31:02
Très bon album, j'ai bien fait de te laisser la chro, tu en parles beaucoup mieux que je n'aurais pu le faire.
Eric D-Toorop le 23/11/2018 à 18:57:34
hey merci m'sieu !
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