Queen Adreena - Drink Me

Dans l'histoire de la musique, on a toujours pu voir deux types de seconds albums. D'un côté, ceux qui sont faits dans la continuité du premier, ne proposant au final rien de plus qu'une collection de faces B de qualité aléatoire. De l'autre, il y a ceux qui vont réellement plus loin, transcendant les inspirations premières pour amener le groupe à un autre niveau. Mais qu'est ce qui fait pencher la balance d'un côté ou de l'autre ? Nous allons, en partie, aborder le sujet dans cette chronique.

Mais avant de partir dans des considérations philosophiques sur la création artistique et ce qui l'anime, ou pas, replaçons le contexte. Daisy Chainsaw = Katie Jane Garside au chant, Crispin Gray a la guitare,  des gens cools en section rythmique,1 album vraiment cool à redécouvrir. Queen Adreena : les deux mêmes au chant et à la guitare, mais avec une nouvelle section rythmique, pour un premier album faisant suite logique du premier groupe, en toutefois plus violent. Voilà pour les bases à connaître. Rentrons dans le vif du sujet !

Drink Me fait donc suite à Taxidermy, faisant lui-même (d'une certaine manière) suite à Eleventeen, le premier Daisy Chainsaw. Doit-on considérer l'album comme une nouvelle livraison de ce dernier ? Pas vraiment, non, car si le ton semblait s'être déjà durci pour Queen Adreena, c'est encore un peu plus le cas ici. Et pour preuve, inutile d'aller bien loin : ''Pretty Like Drugs'', ses lourdes frappes de batterie, sa basse étouffante et sa guitare acérée ne laisse aucune forme de doute s'installer. Le groupe est là pour frapper fort, et Katie Jane le confirme à grand coups de hurlements éraillés sur le refrain. Le ton est donné.

Le minimalisme habituel de Crispin fait mouche sur ''Kitty Collar Tight'', porté par un riff ultra sec et hypnotique. Juste ensuite, ''Siamese Almeida'' fait l'effet d'une bombe, explosant dans un final presque tétanisant de plaisir. Et si cette introduction ne vous suffit pas, il faudra apprécier ''Razorblade Sky'', fausse ballade écorchée pour être enfin convaincu. Il n'y a pas de mal à être difficile de toute manière, le groupe donnant tout pour démontrer son savoir-faire.

''Sleeping Pill'' est une merveille de magie noire, mettant la basse en avant pour la laisser seule soutien d'une voix possédée. Le choc provoqué par le riff aride, punk et métal de ''A Bed Of Roses'', n'en est que plus délectable. Deux minutes de violence avant de se laisser enivrer par ''My Silent Undoing''. Le grand écart est réel, palpable, mais délectable, prouvant la capacité indéniable du groupe à créer tous types d'ambiances. Et l'album en a encore sous le capot.

Tout en lenteur suave et noise, ''Desert Lullaby'' offre une nuance de plus à cet ensemble, immédiatement contrasté par ''Under A Floorboard World'', beaucoup plus électrique. ''Hotel Aftershow'' combine le meilleur des deux mondes pour amener vers le planant morceau final ''For I Am The Way'', se terminant dans un orage électrique une fois encore très noisy et prenant. Normalement, si tout va bien, à ce point-là de la chronique, ou de l'écoute, vous êtes convaincu du bienfondé du groupe. Toutefois, si ce n'est pas le cas, la conclusion saura vous convaincre. Je m'y engage.

Avec ce deuxième album, Queen Adreena signe un classique, ni plus ni moins. Plus extrême dans ce qu'il propose, que ce soit en termes de dureté ou de douceur, Drink Me est l'incarnation parfaite d'un certain esprit punk et rock, enrichi d'une dose de mysticisme encore rafraichissant aujourd'hui. Pourrait-on qualifier ce mélange d'une manière précise, histoire de vous guider davantage ? Cela ne me paraît pas bien utile, car il est des groupes dans lesquels il faut se perdre... Et vous aurez compris, qu'à mes yeux, le groupe de Katie et Crispin fait partie de ceux-là. Allez-y sans hésiter, vous me remercierez !

Domino

le 11/09/2022