Refused - War music

Chronique CD album (40:00)

chronique Refused - War music

Résumons : Refused sort trois albums dans les 90's. La rage, les paroles anticapitalistes et des titres vraiment bien foutus leur confèrent un statut de groupe culte dans le microcosme des punk-coreux à l'époque. Ça devient encore plus magique voire mythique quand, en 98, ils décident de se séparer au plus haut de leur gloire artistique et même populaire.
En 2012, ils reviennent contre un gros chèque pour un festival, se rendent sans doute compte qu'il y a des tunes à se faire et décident donc de prolonger le truc allant jusqu'à sortir un album en 2015 nommé Freedom.
Ça marche bien "commercialement" parce qu'il y a de l'attente, mais ça a pas mal chouiné chez les fans de la première heure (y compris chez nous) : des collaborations avec un mec qui a bossé avec Pink, Maroon5, Cristina Aguilera, One Direction, Britney Spears (j'vais arrêter là, t'as compris, c'est pas trop notre monde) et des expérimentations un peu "inattendues" passent mal.
Cela n'empêche pas le groupe de conserver un large socle de fans nostalgiques auquel s'ajoute la génération Spotify. Tout ce petit monde se retrouve dans la fosse pour des setlists plutôt fixes qui ressemblent à du fan-service.

Puis, début 2019, Dennis Lyxzén (chanteur) lance un pavé dans la mare disant (synthétiquement) : "On va revenir avec un nouvel album, plus en adéquation avec ce qu'attendent nos fans".
Hop, fin du résumé.

Ben tu vois, j'trouve tout ça un peu triste. Mais, sans avoir été un grand fan absolu du Refused des nineties (appréciant toutefois carrément leurs albums) et ayant pas trop mal accroché à Freedom, je regrette une chose : que le groupe casse sa dynamique créative au nom de ce que les gens espèrent.
Oui, il y avait des moments nazes et même presque gênants sur Freedom, mais il avait des couilles, de l'audace. La démarche de "revenir aux sources", comme aiment le dire de nombreux musiciens, ne semble ici être qu'une démarche presque...mercantile ou en tout cas le moyen désespéré de conserver une solide fan-base.
Et puis, ce discours pour titiller l'intérêt des nostalgiques est lourdement redondant...et parfois mensonger...parce qu'on retrouve, dans un premier temps, le punk-hardcore du groupe...dans une version vachement édulcorée ! En faisant abstraction des paroles (qui tombent parfois grossièrement dans le cliché), c'est moins incisif, moins appuyé et ça se ressent aussi bien dans l'interprétation que dans l'écriture des morceaux.

Il y a une (grosse) dose de "pop" dans la structure des titres. 
La pop, ce n'est pas un gros mot. C'est même plutôt cool : ça permet de faire de faire des morceaux efficaces, peu surprenants certes, mais qui s'impriment vite dans le crâne et avec un peu de talent on peut transformer un morceau en hymne. Refused a toujours eu cette capacité à torcher des titres coup de poing sans jamais être allé aussi loin dans l'accessibilité. Le côté punk/hardcore édulcoré rend leur musique plus "grand public" (note quand même les guillemets) sans manquer d'être pêchu.
Avec un son pareil, tout lisse, moderne, on ne pouvait pas espérer aller plus loin pour le côté rentre-dedans, surtout que le groupe semble tout faire pour éviter de rentrer dans la surenchère de brutalité (le refrain de "Blood red" manque de poil)...du moins sur la première moitié de l'album.
 

Parce qu'il y a un tournant. BIM, TWIST MUSICAL !
Après un bon 15-20 minutes de mise en bouche de pop-hardcore, "Turn the cross" durcit le ton. Même si l'emballage est un peu trop propre, on retrouve le riffing d'antan, la fureur rythmique et la gueulardise du chanteur. Le mieux ? Ce sera comme ça jusqu'au bout, exception faite d'un titre symbolisant plutôt bien le "Refused nouveau" : "Death in Vännäs" conciliant la première et seconde partie de War music entre "pop-style" et "vénère-attitude". 
Avec cet album, on a ce que Freedom aurait dû être pour ne pas trop perturber la fan-base sans manquer d'élan artistique puisque le groupe s'efforce constamment de trouver un équilibre entre le rock polissé et le hardcore plus rugueux inscrit dans leur ADN. Ce n'est pas toujours parfait, même pas toujours pertinent ("I wanna watch the world burn"), mais Refused a particulièrement bien soigné sa conclusion avec deux morceaux qui fileront la gaule aussi bien aux fans de la première heure qu'aux jeunes énervés. 
Ne cherche pas dans War music ton Refused d'avant, tu seras encore déçu et le frisson que tu avais pu avoir à l'époque appartient à un autre temps, mais les Scandinaves s'étant légèrement détournés de la voie empruntée lors de leur retour, ont retrouvé une patate et une hargne que l'on ne leur soupçonnait plus...à condition de laisser un peu de temps à ce disque pour démarrer.

photo de Tookie
le 25/10/2019

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 25/10/2019 à 19:29:04

Triste

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