Rivers Of Nihil - Where Owls Know My Name

Chronique CD album (56:38)

chronique Rivers Of Nihil - Where Owls Know My Name

Ne pas être d’accord avec la concurrence, c’est par définition une caractéristique « différenciante », et donc au bout du compte plutôt une bonne chose pour un webzine. D’autant que ne pas faire comme la majorité, c’est souvent plutôt bon signe. Non? Pourquoi? Ne me dites pas que vous avez voté pour…?

Mais ne nous égarons pas. S’il est bien un groupe (parmi d’autres mais hé, restons un peu focalisés) qui cristallise cette nette prise de distance du présent webzine d’avec l’avis général, c’est bien Rivers of Nihil. Car quand tout le monde se gargarisait de Death Technique pour décrire Monarchy, nous y voyions surtout un bon gros album de Modern Death Gojirien porté sur les atmosphères sombres. Et quand une écrasante majorité des voix pleurent des larmes de joie à l’écoute de la « merveille » Where Owls Know My Name, nous aurions plutôt tendance à laisser échapper un Boârf d’enthousiasme extrêmement mitigé…

 

Bon alors c’est vrai: le Modern Death « post-ement » sombre des Américains ne nous avait déjà pas emballés plus que ça dans son incarnation précédente. C’est que de ce côté-ci du clavier, on préfère que ça barde, que ça cavale ou que ça tricote plutôt que ça geigne et se morfonde. Mais l’annonce d’un pas de plus dans la direction de l’indépendance stylistique nous avait fait biper le radar « Curiosité ». Parce que Brody Uttley (guitariste de son état) l’affirmait bien haut. Pas que Maille était la seule moutarde qui lui aille, non. Mais que « si le fait de se cantonner éternellement à la même recette peut fonctionner pour certains groupes, ça ne le fait carrément pas pour nous. Parce que la musique c’est de l’art, et que la nature intrinsèque de celui-ci est le mouvement perpétuel ». J’aurais peut-être dû me méfier de la teneur un peu tu-vôas-môa-c’est-l’Art-quôa de ce discours… Mais mon côté Xuaterc voulait y croire…

 

Ce que je n’avais pas vu venir, c’était la tournure profondément Bobo-délicat-mouchoir-en-soie prise par le propos du groupe, les tourments du Death moderne de Monarchy se muant sur ce 3e album en d’obscures complaintes de dandy ayant par mégarde renversé le contenu d'une bouteille d’absinthe sur son exemplaire du dernier Houellebecq. Evidemment, là je force le trait, car entre 2 passages au Café de Flore pour aller causer chant clair et papillons avec les cendres fumantes d’Opeth, le groupe continue de montrer les biscotos, de couper ras les tiges à bord de sa moissonneuse-batteuse infernale, et de broder de vastes tapisseries offrant un bel aperçu des abords proches d’Hadès. Sauf que les presque 2 minutes bourrées de coton hydrophile de « Cancer / Moonspeak » constituent une introduction insupportable. Sauf que les récurrents épisodes Martini & lounge à base de saxophone sont exagérément précieux (on croirait écouter du Direstraits sur « The Silent Life », et plus loin le « Who Can It Be Now » de Men At Work sur « Terrestria III: Witheré »!!). Et puis merde à la fin: cette flûte (non?) à la fin de « Subtle Change (Including the Forest of Transition and Dissatisfaction Dance) » et au début de « Hollow »… Pourquoi? Ces confessions murmurées de-ci de-là, est-ce bien indispensable? Et ce petit quart d’heure de prise de tête Post-Prog qui conclut l’album, est-ce bien sérieux? Quand on voit le clip du morceau-titre, on aurait envie de répondre « Ouf! Non… ». Sauf qu’ils ont beau faire les marioles en mode « so 70s », quand on n’a plus que le son, on est à la limite de se faire suer.

 

Tout cela est évidemment avant tout une question de sensibilité. Et beaucoup seront (sont!) ceux qui se laisseront charmer par cette nouvelle formule plus « smart & sophistiquée ». Et je pense que j’aurais pu l’être également si l’accent n’avait pas autant été mis sur les langueurs sombrement romantiques et les détours endimanchés. M’enfin merde, on n’écoute pas ce genre de musique pour aller manger des petits fours dans le salon de Madame la Comtesse de la Roche Mes Noix!

 

« Oui mais sois honnête: tu en parles des vastes panoramas du titre éponyme et de « Hollow »? Et les élans grandioses de « A Home »? Et la batterie implacable de Jared Klein? Et les croassements de guitare expérimentaux qui taquinent nos écouteurs juste après la barre des 2 minutes sur « Subtle Change… »? Et le décollage de la navette à 0:49 sur « Death Is Real » – que même qu’on croirait retrouver She Said Destroy? »

 

Oui, trois fois oui. D’ailleurs je n’y colle pas un 3/10 à ce Where Owls Know My Name! Et puis après tout, c’est vrai que c'est beau un groupe qui fait ce qui lui plait: il a le poil plus luisant que la formation Tech-Death élevée en captivité. N’empêche, si les Américains se font manifestement plaisir, la question est de savoir si c’est également le cas de l’auditeur. Et j’ai bien peur que sur ce point mes oreilles aient quelques protestations à émettre…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: sur Monarchy la musique de Rivers of Nihil osait déjà le mariage de l’armature blindée d’un Death Moderne ravageur et des foulards vaporeux d’atmosphères sombrement « Post- ». Sur ce 3e album les Américains vont encore plus loin en prenant un abonnement pour au moins 2 ans à Technikart et en inondant leur Metal moderne de chant clair, de saxo précieux et d’ornements chichiteux pour dandys élégants. Un conseil: essayez avant d'imaginer l’adopter.

photo de Cglaume
le 30/11/2018

2 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 30/11/2018 à 22:32:28

La question est: comment arrives-tu à pondre une telle chronique sur une telle bouse intersidérale ? Le talent peut-être...

cglaume

cglaume le 01/12/2018 à 09:58:22

:D

Un certain goût pour le masochisme plutôt :)

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