RQTN - Decades And Decisions

Il aura fallu un peu plus de temps.

Jusque là écouter RQTN c'était l'adopter à la première écoute. Mais cette fois, à la première dégustation, le régal ne fut pas instantané.

Comme si Decades and decisions était un bon vin qui avait muri et qui devait libérer ses tannins...

Puis il arrive un moment où toutes les conditions sont réunies pour apprécier pleinement ces 39 minutes. Une fois encore RQTN se renouvelle sans jamais s'éloigner complètement de ce qu'il a toujours été. Ce qui risque de choquer : les sons et les ambiances très 80's, cold/new-wave anglaise et même, fait rarissime, du chant sur "A motionless frozen state".

Pourtant on ne peut passer à côté des nappes classiques qui ont toujours eues la part belle dans la musique de Mathieu Artu. Tout aussi émouvantes que dans les productions précédentes, elles sont aussi intégrées avec une constante finesse. Néanmoins, on sent une réelle évolution dans la construction des compositions.

Si assez peu de temps s'est écoulé entre We were...we are (2 ans), on retient que la naïveté des débuts, bien que forte en émotion, disparait pour emprunter des chemins plus alambiqués.

En superposant un boite à rythmes, des nappes classiques, un piano et des sons électro ("1955 A shelter for lovers"), on s'attache à une musique riche, et même complète.

Decades and decisions est un album extrêmement bien rythmé puisqu'il propose des pistes lentes et posées mais jamais ennuyeuses souvent mises en relief par le clavier/piano

Le travail sur les ambiances est peut-être un peu trop négligé puisque plus homogène qu'auparavant... L'effet de surprise des débuts est passé mais la classe qui se dégage sur "2010 A new decade" par exemple rattrape l'intérêt de cette période révolue.

Durant 9 pistes Mathieu Artu nous ballade sur 8 décennies différentes pour 9 années marquantes pour lui et son entourage...Une mise en musique peut-être moins marquante que sur les opus précédents, mais toujours aussi passionnante et forte de personnalité.

Decades and decisions, musicalement, marie le passé (proche) avec le passé (plus lointain) pour créer une ensemble très moderne, tout en se tournant sur le futur comme l'intitulé de la 9e piste le laisse penser. Son effet sur l'auditeur est perturbant, il soulève énormément de questions, et ne peut laisser indifférent...à condition de lui laisser une chance.

Tookie

le 26/04/2010