Shiner - The Egg

On peut dire ce que l'on veut du téléchargement illégal, surtout à l'époque, en 2001, lorsque Metallica portait plainte contre Napster.

N'empêche que grâce à cela, des tonnes de petits groupes ont réussi à se faire connaitre, et ont certainement plus gagné (en réputation j'entends) que d'autres ont perdu (les pauvres énormes groupes...). Et si l'annonce du retour de Shiner en 2020 a fait chavirer certaines personnes (dont moi), tout le monde en aurait eu absolument rien à foutre s'il n'avait pas réussi à écouter plusieurs titres du groupe à l'époque via des canaux "parallèles".

Revenons en 2001 donc, pour se réécouter cet album, The egg.

Quand je pense à Shiner, J'ai immédiatement en tête le riff du premier titre de cet album, "The truth about cows". Une fois qu'il tourne dans mon cerveau, impossible de le lâcher durant plusieurs jours.

C'est donc fébrile que je recherche l'album - acheté peu de temps après sa sortie, quelques jours seulement après l'écoute en boucle des mp3 - dans mes valises de CDs ; et une fois remémorés les souvenirs de la recherche et l'achat dudit CD parmi les enchères de l'unique site proposant cela à l'époque, la lecture pouvait démarrer.

Toute cette intro pour ça, donc.

Mais il me semblait important de resituer l'époque de la sortie de l'album, tant Shiner doit être totalement inconnu pour beaucoup de personnes, alors qu'il annonçait sa reformation 19 ans après cette sortie.

The Egg de Shiner, c'est à mon sens un trésor caché de 2001, une perle du rock alternatif qui, à l'époque, avait échappé à beaucoup. 

Dès "The Truth About Cows" (ça y est, la mélodie est dans mon crâne, c'est foutu), on est plongé dans un mélange d'émotions, grâce à un rock alternatif dont certaines structures complexes ne se dévoilent pas au premier abord. 

D'ailleurs, je parle de rock alternatif, mais il y a également du post-hardcore dans la musique du groupe. Alors attention, on parle du  post-hardcore de Fugazi, Jawbox et autre Quicksand, celui qui est dans l'émotion, dans les riffs de gratte mélodiques à souhait. Et également de la mélancolie.

Car de la mélancolie, il y en a dans les compos, et dans la voix d'Allen Epley, qui sait donner un côté désabusé à son chant, certainement grâce à ce côté voilé/rauque, qu'il soit tranquille ("The top of the world", "spook the herd"), mélodique ("Play dead"), un poil plus énervé ("surgery") ou qu'il parte dans les aigus ("the egg", "Bells and whistles").

The egg fait la part belle aux mélodies, avec des titres très instrumentaux ("Andalusia" qui l'est totalement, toute la seconde partie de "the simple truth"...), et ça tombe bien : les riffs de guitare sont toujours bien sentis, et ils aiment tellement allonger leurs notes qu'on n'est pas loin du progressif par moments (encore "the simple truth"), mais en retombant toujours sur leurs pattes alt rock.

Pour faire simple c'est varié, captivant de bout en bout, ça regorge d'idées, et c'est très bien produit.

Pour les nouveaux auditeurs qui ont découvert Shiner avec leur retour en 2020, The egg est une porte d'entrée parfaite vers leur riche univers musical. Il est d'ailleurs plus accessible que Schadenfreude. Pour les autres, c'est que du bonheur de se réécouter ce disque, même 23 ans après.

Pidji

le 10/03/2024