Skindred - Shark Bites and Dog Fights
Chronique CD album (31:00)

- Style
Fusion Raggametal - Label(s)
Bieler Bros. - Sortie
2009 - Lieu d'enregistrement Bieler Bros. Studios
écouter "Currupted"
OK, c’est un peu facile comme entame de chronique, c'est vrai. N’empêche, après Babylon et Roots Rock Riot, on est tenté de trouver Shark Bites and Dog Fights moins mordant et moins combatif que ce à quoi on était habitué. Car les dents du squale Skindred ne font cette fois que nous mordiller affectueusement le lobe de l’oreille, tandis que la projection de la formation dans un univers canin tient plus du gentil toutou fidèle que du vilain molosse bagarreur (pour les non anglicistes: le titre signifie grosso buco Morsures de requin et combats de chien).
« Ça y est, la Fusion dreadlockée des Gallois est bonne pour le cimetière des rastaléphants? »
Meuh non, l’autr' hé... Tout de suite les conclusions hâtivement catastrophistes!
Bon, peut-être bien que, pris dans son ensemble, ce 3e album s’avère en effet moins incisif, moins génialement coloré que les 2 actes fondateurs de la bande de Newport. Sans doute parce celui-ci a été enregistré en 4e vitesse avant de partir en tournée (… il fut d’ailleurs terminé sur la route!). Ce qui fait qu’au final, on n’a là que 6 compo' originales, « Electric Avenue » étant une reprise de Eddy Grant, tandis que « Days Like These » n’est autre que le titre bonus de l’édition japonaise de Roots Rock Riot. Mais rassurez-vous: cette impression d’impact moindre traduit plus un vague ressenti que le constat objectif d’une infidélité du groupe à ses fondamentaux artistiques habituels. Car les 8 titres de la présente galette sont typiques de ce métissage Dub / Metal / Pop’n’Rock / Punk qui a auparavant abouti à l’écriture de tueries comme « Pressure » et autres « Rat Race ». Le soleil, l’accroche, les gros riffs, les gourmandises vocales de Benji, le léger glaçage Electro, les pointes de rage, les refrains Parasol & Tropico: tout est là. C’est juste que, globalement, tout ça semble de plus en plus (trop?) compatible avec le format radio, et chatouille un peu moins intensément nos viscères. Exemple parlant: du délicatement zen « Who Are You? », on retient juste qu’il est trop duveteux, trop léthargique. Autre réserve: malgré un refrain tout à fait potable, « Invincible » demeure un peu trop confus, trop insuffisamment affuté. Ce qui est d’autant moins bien joué tactiquement parlant que le titre fait office de point final.
Maintenant on ne va pas lyncher un album pour 2 titres tiédasses – d’autant que s’ils sont moins percutants, ils sont loin d’être honteux, loin de là. Car parmi la demi-douzaine de morceaux sympathiques que nous offre encore la tracklist, on en tient quelques-uns qui auraient été tout à fait dignes des meilleurs albums de ces barons de la Fusion. Notamment ce « Days Like These » qui allie indolence estivale, riffing vigoureux et refrain pour coucher de soleil de carte postale. Et plus encore « Corrupted », qui refait le plein de punch avec sa guitare quasi-Indus et ses « Get up, you've gone corrupted » (Gadap Dab-dalap’ Dap Bap?) joyeusement vivifiants. Sans parler de « You Can’t Stop It » qui truffe ses épisodes agressifs de parenthèses gouailleuses. Ni « Stand For Something » qui… Oh et puis z'avez compris hein!
Bref, pas facile de rester véritablement frustré lorsqu'on est exposé à ce genre de matos!
Alors oui, les fans arcboutés sur les débuts du groupe trouveront à ce Shark Bites and Dog Fights un petit goût de trop peu. M’enfin je ne vois pas comment un public avide de Move-yar-ass Metal pourrait bouder ces compos. Et perso j’aime bien le mover, moi, mon ass…
La chronique, version courte: OK, oui, d’accord: Shark Bites and Dog Fights ne fait pas parti du very top of the haut du panier de la discographie Skindredienne. M’enfin ce n’est pas parce qu’il contient un poil trop de rhum, ou qu’il manque d’un rien de sucre de canne que le T-punch en devient pour autant désagréable à boire…
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