Terra Tenebrosa - The Tunnels

Chronique CD album (47:00)

chronique Terra Tenebrosa - The Tunnels

Au petit jeu qui consiste à guetter avidement les nouvelles activités de musiciens ayant contribué à la gloire de groupes incroyables mais malheureusement éteints, je crois bien que je suis passé expert. Putain, je m’en suis envoyé du These Arms Are Snakes dans l’espoir d’y retrouver du Botch, du Burst dans l’espoir d’y retrouver du Nasum, du Burning Love dans l’espoir d’y retrouver du Cursed, du Playing Enemy dans l’espoir d’y retrouver du Kiss It Goodbye, du Burning Airlines dans l’espoir d’y retrouver du Jawbox, du The Evens dans l’espoir d’y retrouver du Fugazi… Ok, j’arrête là avant d’être lourd… Tout ça pour dire qu’à défaut de voir cette envie malsaine de revivre un passé révolu finalement assouvie, j’ai au moins découvert de nouveaux groupes généralement très bons et qui, à défaut d’être aussi marquants que leurs illustres prédécesseurs, valaient au moins pour le sang neuf qu’ils arrivaient à insuffler dans une scène souvent trop tournée vers le passé.

 

Eh bien, si je vous dis que quelques suédois ayant auparavant joué dans Breach ont repris du service, que le résultat est un peu décevant si on cherche absolument à réentendre la diabolique recette dont le quintet (ou sextet, c’est selon) avait le secret, mais qu’au final, on se retrouve avec un truc vraiment original mais aussi assez passionnant, vous pensez que j’ai fait le tour de la question ? Grand Diable non ! Penchons nous alors un peu sur cet énigmatique premier album de Terra Tenebrosa

 

Déjà, la première question que l’on est en droit de se poser est : mais bordel, qui joue là dedans ?!?... Réponse : ben, on n'en sait rien. La bio du groupe se limite à une page blanche et tout ce que l’on sait c’est qu’il y a des membres de Breach dans l’histoire (donc au moins deux). Ah ouais, on connaît leur nom aussi, mais ça va pas vraiment nous faire avancer puisque les trois lascars qui opèrent dans Terra Tenbrosa se font appeler Hibernal, Risperdal et  The Cuckoo, ce dernier étant présenté comme la tête pensante du projet. Après, s’il fallait deviner qui est qui, je pense que je voterais pour au moins un des deux gratteux de Breach (si ce n’est les deux vu les harmonies de porc qu’ils nous servent) et peut être aussi le bassiste (oui, à cause du fameux son de basse d’enculé mais vous voyez ce que je veux dire non ?).

 

Bon, du coup, on est mûrs pour parler musique non ? Donc, pour faire rapide, Terra Tenebrosa, c’est une espèce de mixture mêlant de lents  tempi déstructurés, des nappes ambiantes,  un riffing diabolique et une espèce de chant psalmodié généralement planqué derrière une demi douzaine d’effets. Voilà pour la forme générale du truc. Pour le coté sentimental, disons que c’est très sombre, limite malsain, le tout dans une chouette ambiance genre « REPENT ! IT’S THE END OF THE WORLD ! ». Quand je disais un peu plus haut que je miserais volontiers sur la présence d’un ou deux  guitaristes de Breach dans l’histoire, c’est tout simplement parce qu’on reconnaît assez vite l’ingrédient mélodique qui transformait toutes les chansons des suédois en hymne définitif à la guerre et au désespoir, à savoir des riffs imparables, puissants, déprimants et quasiment toujours harmonisés. Au passage, quand je parle des putains d’harmonies à deux grattes de Breach, j’ose imaginer que vous savez de quoi je parle (écoutez  The Arc of Descent et vous verrez). Mais si on reconnaît effectivement ce riffing très particulier, on remarque aussi très vite qu’il est utilisé d’une toute autre manière que dans Breach : ici, les guitares grondent et surplombent une musique bien plus ambiante et noire. En effet, si l’on exclut les rares et étranges parties de chant du disque (on y reviendra), la musique de Terra Tenebrosa est pour ainsi dire quasi instrumentale.

 

Mais c’est pas du post rock ni du vulgaire noisecore déstructuré pour autant que l’on écoute là… Déjà la multitude de samples, de synthés, de couches successives de sons étranges et variés rapprocherait plus volontiers The Tunnels de la vague industrielle dans ce qu’elle nous a offert de plus noir.  Les murmures, les gémissements et les chœurs vaporeux tirent également la musique des suédois vers les terres plus étranges et malsaines du black metal. Cependant, tout reste assez organique de par cette putain de basse énorme (probablement made in Breach elle aussi), cette batterie chaotique et tous ces passages plus ambiants.

 

Au final, The Tunnels me fait un peu penser aux trucs les plus barrés et dérangés de Neurosis (en pire) et ne se résume finalement à rien de vraiment balisé ou de connu… Ce qui rend le résultat encore plus énigmatique et passionnant. Le visuel du disque, représentant The Cuckoo grimé en lapin bizarre (ça me fait penser à Donnie Darko au passage ça), armé d’un petit trombone en pleine forêt, ne rend ce disque ni plus compréhensible, ni plus rassurant, bien au contraire.  Bizarre, étrange, étonnant, angoissant et assez génial. Achète !

photo de Swarm
le 12/04/2011

1 COMMENTAIRE

Pidji

Pidji le 12/04/2011 à 10:18:40

Très sombre en effet, et même si j'ai du mal avec le total instrumental en ce moment, ce disque est assez original pour se pencher dessus sérieusement.

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