The Algorithm - Polymorphic Code

Chronique CD album (48:09)

chronique The Algorithm - Polymorphic Code

Ça faisait un petit moment déjà qu’on gardait un bout de radar pointé en direction de Rémi Gallego et de son projet électro-djent The Algorithm. Depuis 2009 exactement, lors de la découverte du superbe The Doppler Effect, 1ere démo qui posait les bases d’un mélange assez inédit entre metal moderne et musiques technoïdes. On ne connaissait alors pas – ou peu – le terme djent, et lorsqu’il avait été question de tenter un parallèle entre ce groupe et une autre entité de la scène, seul Iwrestledabearonce avait semblé pouvoir faire à peu près l'affaire (et encore…). En effet, la grosse différence entre la musique de The Algorithm et tout ce qui a été fait précédemment dans le domaine, c’est une approche complètement décomplexée de la techno, à mille lieues des habituelles et timides insertions de tchak-boum-bzoïng anémiques au sein d’une grosse plâtrée de metal sentant fort sous les bras (cf. The Berzerker, Blood Stain Child et consorts…).

 

En 2010, CRITICAL.ERROR est venu confirmer tout le bien qu’on pensait de cet Algorithme décidément très ancré dans les thématiques geeko-informaticiennes. Mais entre temps, un autre olibrius a fait son apparition dans le paysage musical, portant à notre attention l’excellence de créations évoluant également dans le domaine de la fusion symbiotique entre metal et gros beats qui éclaboussent. Pour autant, Igorrr (puisque c'est de lui qu'il s'agit) ne nous a pas fait oublier son compatriote, non, mais c'est vrai qu'il a un temps détourné une partie des spotlights en direction de sa sainte chapelle baroque-core.

Et justement, c'est dans la foulée de la sortie récente (en décembre dernier) du 4e album du projet de Gautier Serre – le monumental  Hallelujah – que sort enfin Polymorphic Code, 1er album officiel de The Algorithm. On notera au passage que ce titre confirme une fois pour toute que, décidément, Rémi est un indécrottable nerd (les amateurs de Java – le langage, pas la danse, ni l’île – apprécieront le « NullPointerException » lancé sur le morceau « Null »).

 

Ce nouvel opus, en plus de définitivement asseoir l’emprise du « groupe » sur une assemblée de fans chauds-bouillants, devrait lui permettre d’atteindre les amateurs de djent à tendance électro-geek – cf le 2ndAnimals As Leaders  ou encore Amogh Symphony. Mais The Algorithm pousse le bouchon encore bien plus loin que les groupes de cette mouvance en abandonnant corps et biens la révérence guitarolâtre pour bâtir un univers principalement fondé autour des musiques électro – breakcore, glitch, techno dansante, trance, dubstep (une légère touche sur « Bouncing Dot »), dub (principalement dans « Access Granted »), hardtek, et j’en passe… Et c’est d’ailleurs là la principale « faiblesse » de l’album – du point de vue de la sphère metal du moins, celle-ci n’étant pas spécialement connue pour son ouverture d’esprit. C'est qu'autant on (là c’est le chevelu patché qui parle) a l’habitude d’accepter des épices diverses dans notre tambouille metal, autant là, il faut être prêt à avaler un gros morceau de « rave party music » ayant intégré quelques minoritaires éléments metal.

 

À un tel point que sur certains morceaux comme « Panic », notre musique fétiche est complètement occultée. M'enfin les 2 démos précédentes nous avaient déjà habitués au phénomène. Et puis bon, même si The Algorithm peinera certainement à dégoter des affiches metal auxquelles s’intégrer naturellement, il nous propose quand même régulièrement de très croustillants plans œcuméniques où une rythmique trépidante faite de guitares saccadées passées en mode démultiplié sert de matelas à des mélodies électro hyper bavardes, pas si éloignées que ça de ce que pourraient produire de prolixes guitares leads. Tiens, comme ce tricotage à 3:40 au sein de « Logic Bomb ». Et puis les fréquentes cabrioles dans lesquelles s'embarque Mister Gallego l'amènent à produire des schémas rythmiques rappelant les contrepieds djent. Enfin, dernier aspect rattachant The Algorithm à notre bon vieux rock énervé: la déferlante beat-eque auquel on se retrouve exposé n’est pas uniquement pensé comme une apocalypse synthétiquement spasmodique, celle-ci gardant régulièrement (et contre toute attente) une bonne vieille patte organique. D’ailleurs on retrouve un batteur live, Mike Malyan, aux côtés de Rémi – matez donc le clip de « Trojans » pour le constater par vous-mêmes.

 

Les grosses réussites de Polymorphic Code sont principalement concentrées dans la 1ere partie de l’album, avec notamment « Handshake » – morceau d’ouverture à l’agitation quasiment breakcore –, « Trojans » – titre parfait, à l’exception d’un finish peut-être un poil moins consistant –, et « Access Granted » – superbe variation sur « Access Denied » (morceau de CRITICAL.ERROR) qui, malgré quelques liens avec le morceau de 2010, se voit complètement remanié, et d’ailleurs agrémenté de samples excellents sans doute tirés d’un Mortal Kombat ou autre SF2 (« 3… 2… 1… Fight! », « Silent Death! »). Sur la 2e moitié de l’album, c’est « Null » qui marque le plus sûrement les esprits avec, outre le coup d’éclat suivant le « NullPointerException! » précédemment évoqué, un passage (vers 2:20) doté d’une trame rythmique rappelant le « Popcorn » de Hot Butter. Mais les autres morceaux contiennent eux aussi leur part de frissons SF-tronic, comme par exemple « Logic Bomb » et son passage electro-atmo-djent façon « DJ Textures » (vers 1:28), la pause ambiante « Warp Gate Exploit » qui semble vouloir retourner dans le Grand Bleu d’Eric Serrat, et « Panic » qui – après un début un peu trop « Musique d’ambiance pour shopping chez Zara » – décolle violemment pour un final non metal mais carrément transcendant!

 

Bon, soyons clairs: si la techno vous sort par les trous de nez, Polymorphic Code risque de provoquer chez vous une violente hémorragie nasale, l’album étant encore plus ancré dans la scène électro que tout ce qu’a pu produire Igorrr. Mais si vous kiffez autant Animals As Leaders et Amogh Symphony que les projets de Gautier Serre, et que vous n’êtes pas contre un peu de boum-boum-tagadagada-boum-boum de temps à autres, ruez-vous sur cet album (et sur les 2 démos précédentes) comme Depardieu sur le buffet d'une soirée organisée par le Consulat biélorusse de Bruxelles!

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte:  quand une électro protéiforme s’accouple avec la frange la plus geek de la scène djent, ça donne Polymorphic Code, une mixture électro / metal encore plus connotée « techno » que tout ce qu’a pu produire Igorrr. Du très bon donc, mais à déconseiller aux fans ultra-orthodoxes de Manowar

photo de Cglaume
le 07/02/2013

3 COMMENTAIRES

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 07/02/2013 à 12:00:38

pléonasme pour ta dernière phrase.

cglaume

cglaume le 07/02/2013 à 12:02:21

Effectivement, c'est un album qui ne plaira pas aux nasmes .... (? :) )

Tookie

Tookie le 10/02/2013 à 13:30:03

Un album qu'il est vraiment bien ! (encore !)

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