The Odd Gallant - Official One
Chronique Maxi-cd / EP (27:57)
- Style
Prog duveteux - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
01 mars 2019 - écouter via bandcamp
Record personnel pul-vé-ri-sé! C’est carrément un an (à une semaine près) après en avoir reçu la version promotionnelle que je m’attelle enfin à la chronique d’Official One, mini-album « Dupond » envoyé en éclaireur avant la venue de son « Dupont » de frangin, Official Two (initialement prévu pour l’été 2019, mais apparemment resté bloqué sur le tarmac dans l’attente d’un GO! de la Tour de contrôle).
« En bien bravo Lapin, belle performance de procrastination… Pas de quoi se vanter! »
Loin de moi une telle intention. Mais plutôt que de vitupérer le chroniqueur, focalisez votre attention sur le vrai sujet de cet article. Car les quatre titres proposés par The Odd Gallant installent l’auditeur dans un cocon Prog duveteux, reposant sans être lénifiant, et carrément classieux. Alors c'est sûr, cet univers velouté – que d’aucuns qualifieront d’aseptisé – n’est pas de ceux vers lesquels je vais naturellement. Mais Guillaume Cazenave – celui qui tire les ficelles du Drôle de Gentleman – ayant glissé les noms de Devin Townsend et Mike Patton (ainsi que – c'est vrai – King Crimson et Pink Floyd) dans sa missive à l’attention de CoreAndCo, il était difficile d’ignorer celle-ci. D’autant que, renseignements pris sur le site Facebook de la formation, on trouve dans la liste des artistes appréciés par le Monsieur ni plus ni moins que Leprous et 6:33. Ça commence à faire, dis! Dans ces conditions, vous en conviendrez: il devenait inenvisageable d'envoyer une fin de non-recevoir à une telle requête...
Si le Prog peut parfois être perçu comme une musique un peu froide et hautement sophistiquée se prêtant tout particulièrement à la dissection chroniquatoire, Official One est plus de ces sorties qui transportent l'auditeur, le voyage en question s'avérant velouté et onirique, plus « émo » que froidement intello. Car The Odd Gallant pratique un pointillisme musical ambiant et inspiré – le terme de « pointillisme » mettant ici l’accent sur ces multiples petites touches de chant, de synthé et de guitare qui, cumulées en de nombreuses pistes imbriquées, produisent un long ruban mélodique, rassurant et molletonné – un pointillisme musical ambiant et inspiré disais-je, de ceux avec lesquels on aime se glisser sous la couette, pour doucement dériver vers le sommeil. Ce genre de caractéristique pourraient d’ailleurs être utilisée comme un reproche: on pourrait insister sur le fait que cette petite demi-heure est vraiment peu abrasive – plus Ghost ou Ki que Infinity, donc – et que l’on distingue à peine la limite entre les morceaux… D'ailleurs deux d’entre eux flirtent avec les 10 minutes, ce qui accentue l’effet de long fleuve tranquille coulant en continu. On est à la limite du Prog "Lounge", voire du Prog de Salle d’attente d’Ostéo diraient les plus taquins.
Néanmoins il y a de la tension sous la mousseline. Si The Odd Gallant marche sur la pointe des pieds, c’est sur d’épaisses semelles de basse. Si la trame des morceaux semble hésiter, voire parfois trébucher, elle reste souple. Et si la voix s'avère feutrée, elle se permet tout de même d’asticoter l’auditeur, de le chatouiller plutôt que de le bercer. D’où ce « Doppelgänger’s Time » qui pourrait sembler un rêve, mais un rêve agité, bringuebalant, avec le chat qui vient lécher les orteils au bas du lit, là où les pieds se ménagent une fenêtre sur l’extérieur. Bribes de voix d’enfant, traces de cuivres, peut-être même un poil de thérémine: cette douce et fraîche coulée musicale serpente sur un lit de ronds cailloux. Du côté de « One Glove », ce monologue dans les écouteurs et cette nappe de synthé vaporeuse nous donnent l’impression de flotter en apesanteur, bercés par la guitare d’un David Gilmour ou d’un Mark Knopfler en réanimation post-anesthésique.
Alors évidemment, les 4 titres de ce mini-album n’auront que peu de succès auprès des habitués de l’Obscene Extreme Festival. Si par contre vous appréciez Casualties of Cool, le Wildhoney de Tiamat, ainsi que toutes ces chansons douces plus ou moins métalliques que nous chantait notre Maman – ramenées toutefois dans un registre Prog velouté et futé – essayez Official One. Et faites de beaux rêves!
La chronique, version courte: duvet, mousseline, plumes, mots doux, réconfort, Casualties of Cool, Pink Floyd, relaxation, apesanteur… A vous de compléter ce champ lexical. Vous aurez pour ce faire le droit à une aide: l’écoute d’Official One, de The Odd Gallant.
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