Toehider - I Have Little To No Memory of These Memories

Chronique CD album (47:47)

chronique Toehider - I Have Little To No Memory of These Memories

Ceux qui connaissent déjà Toehider savent que Mike Mills – le Cacheur d’Orteil en chef – aime relever les défis. Il s’était par exemple imposé de sortir 12 EP en l’espace de 12 mois, entre mai 2009 à avril 2010 (… si vous vous procurez The First Six et The Last Six, vous pourrez voir à quel point l’artiste a brillamment réussi son pari). Ayant depuis livré 3 albums excellents mais plus classiques sur la forme, forcément ça devait commencer à le gratouiller : il lui fallait un nouveau challenge. Et pour l’occasion le bougre a fixé la barre TRES haut. Car I Have Little To No Memory of These Memories – puisque c’est de lui qu’il s’agit – cumule les caractéristiques suivantes :

  • c’est en grande partie un Space Opera
  • c’est un morceau unique durant 47 minutes et 47 secondes
  • c’est une sorte de compilation de tout ce qui s’est fait en Prog et musiques avoisinantes ces 50 dernières années (… je laisse à l'artiste la responsabilité de ce propos vu la superficialité de mes connaissances en la matière)

 

Si vous aimez titiller les terminaisons digestives des mouches avec votre spéculum pelvien, vous rétorquerez peut-être que :

  • le coup du titre unique, il nous l’a déjà fait sur Done and Dusted
  • tout ça n’a pas été envisagé d’un bloc comme un nouveau challenge vu que les abonnés Patreon du groupe ont déjà eu droit à un gros avant-goût dès 2018, ceci via 5 titres pour 17 minutes et 40 secondes de musique (rappelez-vous, je vous parlais de « The Hoarder », « Bralien Messes Up », « Have You Forgotten More Than You've Remembered? », « Memories Are Malleable » et « Rocket Boat Montage » et )

 

C’est vrai. Mais Done and Dusted ne durait que 19 minutes (… et était quand même un niveau en-dessous). Et crénom qu’est-ce qu’on s’en tartine la couscoussière que l’écriture de cette épopée ait commencé il y a plus de 4 ans, à partir du moment où le résultat est aussi bonnard ? Parce que Oooops, ce sacré Mike did it again ! Son 5e album (en fait c’est plus compliqué que ça, mais disons 5) est une nouvelle réussite époustouflante, le bonhomme ayant réussi à créer un chef d’œuvre de plus à partir d’une feuille de route pourtant diablement contraignante.

 

Côté narration et illustrations, pas de surprise : la nouvelle histoire, aussi surréaliste que pleine de malice et d’humour décalé, rappelle à quel point Mike cumule les talents, celle-ci bénéficiant par ailleurs une fois de plus du luxuriant univers visuel de son compère Salty. Côté chant, c’est un enchantement renouvelé, Mr Mills brillant aussi bien dans le registre du crooner Hard Rock que quand il va tâter du contre-ut crève-cœur.

 

Et la musique dans tout cela ? Eh bien, packagée dans un titre aussi long ayant entre autres vocations d’explorer 50 ans de musique, vous imaginez bien que c’est un sacré patchwork duquel ressortent de nombreuses parties relativement distinctes. Ceci dit l’ensemble suit une vraie logique, et à force d’écoutes répétées on se rend compte à quel point tel passage appelle tel autre, tel mariage s'avère finalement tout à fait naturel… Jusqu’à ce qu’on réalise que pour n’y voir qu’un fourre-tout bordélique il faudrait être d'une sacrément mauvaise foi, ou bien n’y avoir accordé qu’une demi-oreille distraite. Mais laissez donc le guide vous donner un aperçu rapide de la chose : ces trois quarts d’heure d’action haletante et de montagnes russes émotionnelles vous emmèneront en mille lieux. À travers des shakers Queeniens. À califourchon sur des djenteries tantôt nettement Meshugguiennes, tantôt plus timides. En apesanteur dans des torpeurs psyché-oniriques convoquant les univers de Barbarella et de « Space Oddity ». À la rencontre d’un Pink Floyd ayant viré Stoner. À la redécouverte du meilleur des 80s à gros synthé (… et parfois à grosse BAR). Sur la scène de shows de Hard Rock vintage. À la tête d’une cavalcade Power Metal. Au premier rang d’un opéra où l’on joue Carmina Burana. Et régulièrement, quand votre palpitant réclame un shoot d’hémoglobine sur-oxygénée, au sommet de ces pics extatiques qui rendent ce groupe indispensable.

 

Je ne vous gaverai pas avec la longue liste des épisodes qui transforment ma bouille en caricature de bambin subjugué par un sapin de noël. Si toutefois vous vouliez quand même essayer de goûter à ces moments qui me transforment en flaques de bonheur liquide, écoutez les 3 minutes de « The Hoarder » (celui-ci a été extrait de la masse pour devenir un single, écoutable ici), puis appuyez sur >>FF jusqu’à la marque des 41:54. Vous serez alors enveloppés dans un cocon synthétique pulsant poursuivant une course ascendante qui culmine sur une conclusion grandiose (… oui, moi aussi j’aurais préféré une vraie batterie à cet instant T. N’empêche, je kiffe).

 

Nouvel essai, nouveau strike. Mike Mills est un putain de génie, à la Devin Townsend, ou à la Chuck Schuldiner si ça vous parle plus. Je l’ai déjà dit, je le répéterai. Immergez-vous dans son univers, et découvrez un véritable Disney World musical pour adultes. Bordel ce n’est pas tous les jours qu’on a le droit d’être à nouveau heureux et insouciants comme des gosses !!

 

 

PS : la prod est monstrueuse. Ecoutez l’album au casque, et profitez de mille détails et d’une utilisation maximale de ce que peut offrir la stéréo (… à quand une version 5.1 ?)

 

PPS : il semblerait que la version vinyle offre une conclusion alternative. Cela concerne-t-il uniquement les textes ou la musique elle-même, aucune idée. On essaiera d’enquêter pour en savoir plus…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: I Have Little To No Memory of These Memories, c’est une nouvelle occurrence du génie P.P.P. (pour Prog Polymorphe Pétillant) de Toehider, cette fois décliné en un morceau unique condensant 50 ans de musique en 47 minutes d’un Space opera particulièrement youp-la-boum. S'il fallait résumer cette somme en un mot : WhouAAAAAAAooowh !!

photo de Cglaume
le 14/11/2022

5 COMMENTAIRES

Freaks

Freaks le 14/11/2022 à 15:49:20

Asy tu m'as hameçonné avec ta chro, et puis ce groupe c'est le réenchantement total.
Je sort du taf et met le casque direk ;)

cglaume

cglaume le 14/11/2022 à 16:33:05

👍👍👍

8oris

8oris le 15/11/2022 à 17:55:02

Un putain de génie et avec un rythme de sortie proprement hallucinant. Super chro qui donne envie, je m'y penche rapidos

noideaforid

noideaforid le 18/11/2022 à 18:51:10

Je l'ai écouté deux fois aujourd'hui et sûrement encore l'écouter longtemps  pour comprendre toute les subtilités. Je me pose toujours la question après avoir lu tes chroniques nawak, combien d'écoute tu peux avoir sur ce genre d'album avant d'atteindre l'orgasme auditive. J'adore TOEHIDER mais je n'arrive pas à suivre son rythme de sortie. Et ça me désole. 

cglaume

cglaume le 19/11/2022 à 06:08:25

Le dernier date d’il y a deux ans : ça a laissé le temps de digérer le précédent haha. Pour celui-ci c’est forcément un peu plus long vu le côté monolithique de la chose… Mais j’avoue que l’orgasme est arrive vite - lapin oblige 🤣🤣

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