Toehider - XII in XII #07 - Toad Hirer

Chronique CD album (48:09)

chronique Toehider - XII in XII #07 - Toad Hirer

LE PROJET « 12 IN 12 », MILLÉSIME 2023 / 2024


 

Explications préalables : entre mai 2009 et avril 2010, sa muse ayant alors manifestement besoin de coups de pied au train pour avancer, Mike Mills – Mr Toehider – s’est lancé dans un projet fou… Celui de livrer 12 EPs en 12 mois. Parce que certains sont comme ça : ils ont besoin de se fixer des objectifs inatteignables pour donner le meilleur d’eux-mêmes. Résultat des courses : pari réussi ! Et de brillante façon qui plus est (vérifiez donc ici et ) ! Et comme ce genre d’expérience est de celles dont on ressort en se disant « Plus jamais ça ! », Mike n’a pas pu s’empêcher : il a fallu qu’il recommence ! Dès le 23 février 2023 pour ceux qui suivent le groupe sur Patreon. Et à partir de début août pour les autres.


 

MOIS 7 : CRAPAUD L'ARTISTE !

En découvrant le thème de Children of the Sun 3 (le 6e EP de la seconde mouture du projet 12 in 12), on s'était demandé si Mike Mills n'était pas passé à des drogues un peu plus dures que d'habitude. Parce que – séance de rattrapage pour ceux qui prennent le train en marche – composer les génériques de dessins animés diffusés dans une dimension parallèle au sein de laquelle ces derniers ont systématiquement pour héros des canards, cela pourrait signifier que l'on participe à enrichir le dealer du coin. Mais sortir de son imagination l'histoire contée sur ce 7e EP, cela risque même d'indiquer que l'on est secrètement endorsé par Pablo Escobar ! Jugez plutôt : les héros de l'épisode du jour ne sont autre qu'un crapaud horloger et son armée d'apprentis, ceux-ci volant au secours de leurs consœurs du Suriname (les Pipa pipa) afin de les sauver d'affreuses tiques suceuses de crapelets. Pour que ces vilaines prédatrices n'investissent pas les petites cavités dorsales au sein desquelles les crapaudes portent leurs petits (je ne vous cache pas que j'ai laissé Internet m'aider à trouver les noms de toute la smala), nos héros ont placé au sein desdits orifices des horloges spéciales qui – contrairement à la norme – ne font pas Tic Tac, mais uniquement Tac. Ce qui insupporte au plus haut point les tiques, et les tient éloignées des jeunes mères Pipa pipa.

 

Vous comprenez à présent mieux la nature de nos soupçons...

Et même sans aller aussi loin, on se dit quand même que le processus de création a dû cette fois impliquer l'un de ces crapauds du Colorado que certains lèchent afin d'en prélever la 5-MeO-DMT...

 

Cela dit, si l'histoire ainsi résumée est aussi délirante que rebutante, une fois mise en musique elle semble presque pouvoir convenir en guise de trame de l'un de ces longs métrages qui ont fait la légende de Disney. D'ailleurs vous n'êtes pas sans avoir remarqué que la pochette de l'objet a de faux airs du Roi Lion.

 

À ce niveau de contre-pied, c'est du grand art ! D'ailleurs si le dicton dit habituellement que les doux gazouillis adoucissent les mœurs, ici ce qui est fait à notre cerveau par l'entremise de nos oreilles s'apparente plutôt à de la sorcellerie...

 

Pour nous conter cette fresque batracienne, Mike Mills a composé un morceau de plus de 18 minutes s'en allant par monts et par vaux. Et également le long de rivières sud-américaines, donc. Pour ce faire, il s'est mis en mode « Super Saïyen Prog », un peu comme il l'avait déjà fait à l'occasion de I Have Little To No Memory of These Memories et Done and Dusted... Pour un résultat cette fois encore extrêmement convainquant, même si de longues plages sont dédiées à des époques et des styles que je connais aussi mal que je m'y intéresse – notamment du Prog oldy, un peu planant, un peu psychédélique, qui permet en effet de se mettre dans des états où il devient possible de parler aux animaux.

 

« Toad Hirer » commence par un long et timide éveil, comme en état second, l'auditeur y naviguant au sein des brumes persistantes du sommeil. Puis des chœurs de séraphins ouvrent le premier chapitre de l'histoire sur ce genre de tonalité enthousiaste et décidée qui est la marque des débuts d'épopée réussies. Au milieu des merveilleuses cabrioles typiques de ce Toehider pétulant que l'on aime tant, on ne peut s'empêcher de remarquer des sonorités d'orgue et une attitude « bracelets aux chevilles et brins de paille dans les cheveux » qui colorent la narration de teintes indubitablement woodstockiennes. Et en effet, assez rapidement, lors de solos particulièrement enfumés, Mike nous confirme que ses crapauds préfèrent consommer leur Prog en mode Hippie Rock.

 

Sauf qu'il ne s'agit pas de rester avachi à sourire aux nuages: le propos de Mike alterne roulages de oinj' et séances de jogging vitaminées, celui-ci pratiquant même un krav maga assez violent aux alentours du cap de la 7e minute. Malheureusement ce pic d'énergie aboutit à une longue séance de déprime vaseuse qui va durer cinq bonnes minutes. Alors je sais que plus une pièce musicale est longue, plus il est judicieux de multiplier les ambiances et les contrastes, afin de garder l'auditeur en haleine. Mais la pause sieste est ici un peu longue à mon goût, je dois l'avouer.

 

Heureusement, peu après la barre des 13 minutes, Mike redémarre le moteur et se met à avaler joyeusement les kilomètres à bord d'un bolide qui rappelle le Gamma Ray aux compos ambitieuses de Heading for Tomorrow. Un sourire rayonnant à nouveau sur les lèvres, celui-ci conclut le morceau sur un luxuriant grand final plein de rayons de soleil couchant, d'orchestrations discrètes et de chœurs grandioses dignes de ces dernières minutes hollywoodiennes précédant le générique de fin.

 

Et comme il ne pouvait se résigner à ne remplir ce 7e EP qu'avec une piste unique, le maestro nous en offre également une version entièrement instrumentale, ainsi que son négatif, uniquement constitué des pistes de chant. Ce qui permet de réaliser à nouveau à quel point le bonhomme est un formidable interprète, sans doute doté d'autant de cordes vocales qu'une harpe afin de pouvoir couvrir une palette vocale aussi large !

 

« Wouawh ! », donc.

 

Désolé d'user d'une onomatopée en guise de conclusion, mais c'est bien sur ce constat qu'on quitte Toad Hirer.

Et c'est d'autant plus fort que, habituellement, je ne suis pas très fan de musiques psychédéliques, ni des longues parenthèses minimalisto-intimistes. Ce sont d'ailleurs les détours par ces quelques terrains vagues stylistiques qui expliquent que la note de l'EP ne s'envole pas plus haut.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : une longue pièce ambitieuse, parente de I Have Little To No Memory of These Memories et Done and Dusted, voilà ce qui vous attend sur Toad Hirer. Du Prog 70s, de la pétulance typiquement Toehiderienne, des phases de calme, mais également du cardio training, du Heavy cavaleur, une avalanche de sensations... Ainsi que des crapauds, des horloges et des tiques. Ces 18 minutes sont ambitieuses, souriantes, colorées, décalées, exaltantes : on les vit comme on regarderait un feelgood movie ayant remporté une Palme d'Or. Avec des paillettes plein les mirettes.

photo de Cglaume
le 06/04/2024

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