Tormentor - Anno Daemoni: Hungarian Black Metal Night

Chronique Vinyle 12"

chronique Tormentor - Anno Daemoni: Hungarian Black Metal Night

Il y a déjà quelques semaines, je vous vantais les mérites du genialissime Recipe Ferrum, bijou de Rock expérimental barré signé Tormentor. Après des années de silence, la formation culte avait annoncé son retour autour d'un line-up remanié, quasi identique à celui de Anno Domini, mais toujours mené par Attila Csihar, à qui Mayhem et Sinsaenum ne semblent pas suffire. Le 21 avril 2018, Tormentor foule donc les planches de l'A38, un bateau sur le Danube à Budapest, ville d'origine du groupe, premier concert depuis près de vingt ans et premier d'une série d'une douzaine de dates dont le Hellfest en juin dernier. Le label suédois TPL Records s'est chargé de proposer l'enregistrement de show, et il n'y a pas à mégotter, il a vu les choses en grand: l'objet est disponible en double vinyle accompagné d'un CD, d'un DVD, d'un patch, de deux posters, d'un lien de téléchargement pour une version numérique aussi volumineuse que l'œuvre complète de San Antonio, encore plus roboratif que les rééditions des démo publiées par Saturnus il y a une dizaine d’années.

 

Tout à fait classiquement, le groupe arrive sur scène au son de l'intro adaptée du thème du film Phantasm. On sent le public chaud comme l'Enfer dès que retentissent les premières notes et tout au long du concert, il sera comme un sixième membre, n'hésitant pas à scander des "Tormentor" entre quasiment tous les morceaux, à manger dans la main d'Attila Csihar qui a l'énorme avantage de s'exprimer en hongrois, et même à chanter le premier refrain du classique du Metal Extrême "Elisabeth Bathory" (popularisé par sa cover par Dissection).

 

Comme à la parade, Tormentor enchaine les tubes sans temps mort. Au programme, seize titres, tous issus de Anno Domini et de The 7th Day Of The Doom avec respectivement douze et quatre extraits, chacun étant joué dans l'ordre originel. Fort logiquement, du fait de son côté iconoclaste et inclassable, l'album sus-mentionné de 2000 est laissé de côté (même si un "Iron County" n'aurait peut-être pas dépareillé). Jetez un coup d'œil à la setlist à gauche, vous pourrez constater qu'il n'y a pas d'oubli majeur, seuls manquent à l'appel "Infinite Darkness" et "Damned Grave" tirés de The 7th Day Of The Doom.

 

Le son est bon, équilibré, permettant de réellement apprécier la qualité des titres qui jusqu'à présent n'avaient jamais bénéficié d'une production satisfaisante. Loin de dénaturer la recette originelle du groupe, ce progrès lui permet au contraire de gagner en agressivité. Si vous ne la connaissez pas, sachez que Tormentor fait partie des pionniers du Black Metal, partie intégrante de la première vague avec Hellhammer ou encore Bathory, avec un Heavy / Thrash / Black mené par un guitariste virtuose et par un chanteur dont la versatilité n'est plus à prouver (ce sont ses prestations de l'époque qui avaient impressionné Euronymous au point de lui proposer de chanter sur De Mysteriis Dom Sathanas) et qui est le véritable point fort de cet enregistrement. Quand il présente les musiciens qui m'entourent, on comprend vite que le concert touche à sa fin, les soixante-dix minutes sont passées en un éclair, beaucoup trop vite et on se dit qu'on tient là un live de grande qualité notamment grâce à une interprétation impeccable et un public déchaîné, en total connexion avec le groupe.

photo de Xuaterc
le 23/09/2019

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