Tormentor - Recipe Ferrum! 777
Chronique CD album (72:40)
- Style
Rock / Metal Expérimental - Label(s)
Avantgarde Music - Sortie
2000 - Lieu d'enregistrement Studio 440
écouter "Paprika Jancsi"
Tormentor fait partie intégrante de l'histoire du Black Metal du fait de la présence (faut-il le rappeler) de son chanteur, Attila Csihar, au mythique, que dis-je, légendaire De Mysteriis Dom Sathanas. Et pourtant, Recipe Ferrum! 777, sorti en 2000, est officiellement son premier (et pour le moment seul) album. Je laisse plus savant et expert que moi discuter du statut du Anno Domini de 1989 et me conforme à cette version. Concentrons-nous sur ce que le groupe a à proposer au tournant de millénaire. De l'époque des démo ne restent qu'Attila Csihar et Zsolt Machát à la batterie et aux claviers. La pochette annonce d'entrée de jeu la couleur, les deux piliers de cet album sont son chanteur et son guitariste, comme c'était déjà le cas pour The 7th Day of the Doom et Anno Domini.
Vous me direz (si vous connaissez la discographie du groupe) qu'en cela il n'a pas changé. Mais les choses sont plus compliquées que cela: Recipe Ferrum! 777 est à la fois dans le prolongement de ce qu'il a sorti dans les années 1980, mais représente également une rupture. De retour après un hiatus de près de dix ans, une décennie qui plus est qui a redessiné complètement le visage du Métal Extrême, le groupe a repensé sa musique en s'adaptant à son époque mais sans renier son passé.
Premier constat, l'album est construit de manière assez étrange, divisé en cinq parties, débutant chacune par une intro, plus une générale pour le disque. De par le fait, les titres ne s'enchaînent pas de manière fluide, surtout en début de disque, où l'auditeur se retrouve avec trois interludes pour cinq pistes en début de galette. Les choses s'améliorent par la suite, avec un ration de sept pour seize.
Le premier vrai morceau, l'éponyme, fait le lien entre le passé et le présent : du Heavy / Thrash avec des leads épiques, mixé avec des parties de claviers tout à la fois simples, bizarres et semblant sortis du folklore hongrois. Le tout est dominé par la voix d'Attila, véritable moteur de cet album. Depuis sa participation éclair à l'enregistrement de l'album de Mayhem précité, il n'a participé qu'au premier effort de Plasma Pool et a été invité à participer au Kali Yuga Bizarre d'Aborym. Loin d'être le musicien hyper actif que l'on connaît maintenant. Sur Recipe Ferrum! 777, il ne semble se poser aucune limite. Si auparavant, il couvrait un large spectre, du guttural au shriek typiquement Black Metal, en passant par un style plus opératique, ici, la bride est lâchée, et il s'en donne à cœur joie pour expérimenter avec sa voix, mélange improbable entre Mike Patton et Carl-Michael Eide.
La musique est l'avenant, navigant au gré des élucubrations de ses créateurs entre Metal Extrême, Pop, Goth Rock, synthé kitsch faussement médiévaux, le tout plongé dans les ambiances fleurant bon la folie et l'étrangeté, tel un vieux film de la Hammer. Plus l'auditeur progresse dans le disque, moins le groupe semble se prendre au sérieux, laissant derrière lui progressivement tout souci de bienséance. Même si en milieu de disque, il démontre qu'il se peut se montrer plus délicat. « Paprika Jancsi » (en écoute) se situe pile sur la ligne médiane avant que le tout ne sombre définitivement dans le nawak des plus velus. Le guitariste continue à en mettre plein les oreilles, mais le groupe est définitivement perdu pour la cause et touche le fond sur « A Hetszunyu Kaponyanyi Monyok » aussi bref qu'intense.
Si l'on fait abstraction des nombreux interludes qui parsèment le disque, ce dernier est une spirale inexorable qui plonge de plus en plus profondément dans la schizophrénie de Tormentor qui livre une oeuvre totalement iconoclaste, incomprise, mais cependant géniale, hors du temps, hors des modes, hors de tout...
1 COMMENTAIRE
Margoth le 24/03/2019 à 11:19:18
Et en live, ça vaut son pesant de cacahuètes ! Aussi amusant dans l'exagération dérisoire de la performance scénique qu'impressionnant sur certaines parties bigarrées assez intéressantes et les modulations vocales d'Attila proprement hallucinantes.
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