TORPOR - ABSCISSION
Chronique CD album (40:55)
- Style
Sludge post metal doomy - Label(s)
Human Worth - Date de sortie
15 septembre 2023 - écouter via bandcamp
Torpeur : nom féminin
(latin torpor, de torpere, être engourdi)
État de quelqu'un chez qui l'activité psychique et physique, la sensibilité sont réduites : Tirer quelqu'un de sa torpeur.
Abscission : nom féminin
(latin abscissio, de abscindere, couper)
Rupture normale du pédoncule des feuilles d’automne ou des fruits mûrs, entraînant leur chute
Voilà pour le cours de français express, histoire que vous sachiez parfaitement de quoi on parle ici, aujourd’hui. Ce n’est pas vraiment la peine de vous préciser qu’on navigue dans les eaux troubles de la psyché humaine. A ce propos, TORPOR et Human Worth reversent 10 % des bénéfices fait sur l’achat d’Abscission (sorti ce 15 septembre) à l’association Second Step, dont le but est de soutenir les personnes ayant subi des traumatismes ou sévices psychologiques et de les aider à se reconstruire. Ça fleure bon le DIY, l’entraide et la solidarité. Punk-HxC SxE style ! Mais l’affiliation s’arrête là et se cantonnera à l’état d’esprit puisque musicalement on tape dans le sludge post metal doomy. C’est long, c’est lourd, c’est lent tout autant qu’abrasif, abstru et abyssal.
Analyse.
L’entrée en matière est frontale et directe. L’impétuosité grésillante de la guitare saturée nous happe avec une grande facilité. Impétuosité accentuée par une rythmique correctement mise en avant scandant sa caisse claire tel un phare en pleine mer, une nuit de tempête.Seulement quelques secondes après qu’Interior Gestures ait débuté et nous voilà déjà perdu au milieu des flots. Et ce n’est pas le chant de Jon Taylor qui viendra nous rassurer. Inquiet, alerte et emplit d’urgence il en est tout autant caverneux et lointain, un brin vociférant et animal. En totale opposition avec celui de Lauren Mason : calme, taciturne, dépressif, éthéré.
Progressivement, le tempo va diminuer, s’étioler, flétrir pour quasiment s’éteindre et atteindre le paroxysme de la torpeur. Un peu comme un vaisseau spatial s’arrachant de la avec bruits et fracas pour finalement déambuler sans objectifs dans l’immensité du cosmos, pris d’effroi par l’immensité de l’existence. Le trio de Bristol se définit d’ailleur comme un groupe d’ « existentialist sludge ». Toujours est-il que l’on retrouve ici la marque de fabrique de TORPOR, ne serait-ce que dans cette construction des morceaux ; schéma déjà mis en œuvre sur Rethoric of the image, leur travail précédent. Une forte tension qui se dilue et s’évapore sans se concrétiser
Mais durant ces quatre années, les Anglais ont évolués et ne se sont pas contenté de nous ressortir du réchauffé. Abscission est de toute évidence moins borné, moins cloisonné, sans pour autant négliger son caractère asphyxiant et étouffant. Bien au contraire. Le côté harsh de "Carbon" ne devrait pas vous laisser de marbre et s’insère parfaitement dans cet album, aidé par des expérimentations noisy dissimulées de part et d’autre de l’album ( prenez "Accadie", par exemple).
TORPOR signe donc ici un album de qualité où la noirceur et les afflictions psychologiques y sont retranscrites avec justesse. En perpétuel mouvement entre les obscurités telluriques et sidérales, le trio s’éprend de liberté et dégage sa ligne d’horizon pour au final accentuer son angoisse existentielle. Il ne reste donc plus qu’une chose à faire :
Support your local mental healthcare association !
3 COMMENTAIRES
Pingouins le 15/09/2023 à 08:47:38
Ah c'est bien lourd et bien lent, ça doit bien remuer en concert. Les accalmies sont assez bien maîtrisées et finalement assez originales j'ai envie de dire : par exemple sur "As Shadows Follows Body" j'ai l'impression d'entendre une aération post-hardcore sur un ensemble plus doom, assez bien vu. L'écoute continue, merci pour la chronique-découverte :)
8oris le 15/09/2023 à 12:07:26
Impressionnant de lourdeur effectivement et une lenteur superbement gérée
Adrian le 15/09/2023 à 18:49:48
Pffiou c'est lourd !
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