Transistor Flash - Sox Transistor Flash
Chronique CD album (1:19:51)
- Style
One Man Nawak Autism - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
23 mai 2023 - écouter via bandcamp
En théorie, le cglaume évolue dans le Nawak comme le poisson dans l'eau : il y est dans son élément. Quand vous l'y plongez, Archi-Mad est formel à ce propos : il subit une poussée d'endorphine vers le haut du ciboulot égale à la qualité du volume sonore déplacé... Ce qui conduit habituellement l'animal à glousser de contentement et à éclabousser son entourage avec un enthousiasme bruyant ! C'est donc avec l'assurance du lobbyiste dans les couloirs de la COP28 que votre interlocuteur abordait Sox Transistor Flash, album qui propose – laissons l'artiste faire lui-même l'article – « une fusion absolue Jazz Rock Soul Electro Funk Metal Punk Progressive Hard Core Jungle Folk Funk Noise Techno Garage Rap Reggae et quelques transgressions Bossa Nova Musiques ethniques Ambient Salsa expérimentale... ». Et on arrête là parce qu'il faut bien reprendre sa respiration, l'absence de ponctuation pouvant vite mener à l'hypoventilation.
Sur le papier, les bookmakers évaluaient donc à 30 contre 1 une improbable inadéquation entre les attentes du lapin susmentionné et l'iconoclasme musicale de Transistor Flash – le dealer en audio-patchwork ayant commis l'improbable canevas rose qui trône en haut de cette chronique.
Mais les plans qui se déroulent sans accroc, ça n'existe que dans les épisodes de l'Agence Tous Risques. La vraie vie, elle, est bien plus facétieuse...
Car Transistor Flash est un one man band particulièrement farfelu.
Ainsi, quand pour préparer l'écoute de son premier album, on s'immerge dans l'abondant discours promotionnel de Sox – le fantasque multi-instrumentiste qui a imaginé tout ça – face à cette excessive logorrhée auto-célébratoire, on se demande si tout cela est de l'art ou du cochon...
Quand on cherche alors à en savoir plus en se plongeant dans les 19 pistes de l'objet, la confusion atteint un niveau cosmique. S'agit-il de dadaïsme 2.0 ? De Zeuhl asocial ? D'un happening méta-musical candide ? D'un attentat avant-gardiste ? D'une blague au 20e degré, façon Fadadès ?
J'avoue ne pas avoir complètement abandonné cette dernière hypothèse, à vrai dire. En effet, quand on lit dans le fascicule livré avec l'album que Sox « possède des capacités vocales hors du commun », quand on essaie même de nous y faire prendre conscience, au long d'une généreuse demie-page, de « l'étendue de ses capacités »...
... Comment dire...
... Eh bien la thèse fadadèsiste ressemble à tout sauf à des fadaises fantaisistes.
Car s'il y a bien un point – ce n'est pas le seul, mais celui-ci est particulièrement protubérant – qui rend éprouvant cette longue heure délirante, ce sont les élucubrations vocales de Mr Sox. Qu'il distille ses spoken words (ô douloureux « De la Guyane à l'Infini »!), qu'il fredonne ou se laisse aller à des exubérances aiguës, ce n'est que très rarement que le résultat s'avère probant.
Malheureusement ce n'est pas le seul problème. La musique du monsieur s'avère en effet hautement synthétique. Hautement. Si vous êtes fan de Nintendocore et autres exploits chiptunesques, cela ne devrait pas vous poser de problème. Mais de ce côté-ci du clavier, cela passe beaucoup moins bien. Et il y a beau y avoir des cuivres, un rythmique a priori pas systématiquement assurée par une BAR, et surtout une belle basse (ô que je l'aime elle : elle m'a rendu l'aventure un peu moins éprouvante), globalement on est loin du Rock'n'Roll ou de la Funk qui sentent bon la chair transpirante. Et s'il est vrai que l'on retrouve en effet sur Sox Transistor Flash tout un tas d'éléments puisés à nombre des styles listés plus haut, dans le processus ceux-ci perdent galbe et goût.
C'est ballot.
Par ailleurs, l'expérience s'avère d'autant moins immersive que le procédé récurrent utilisé par Sox consiste à empiler les couches – instrumentales / vocales / glitchesques – jusqu'à l’écœurement, tel un Devin Townsend en plein bad trip régressif....
Tiens, puisqu'on en est à faire des parallèles, continuons : Sox Transistor Flash m'a fait penser à un Sebkha-Chott ayant subi une trépanation sauvage, ou à un album d'un The God Being en pleine confusion créative.
Mais essayons néanmoins de trouver un peu de positif dans tout cela.
Je vous ai déjà parlé de la basse : celle-ci est joliment gironde, organique presque, et injecte suffisamment de nerf pour remotiver les troupes.
La prod', quant à elle, est suffisamment claire pour qu'on n'ait pas à écouter la chose avec une lampe frontale.
Et puis « Stink Hit » nous offre un morceau de Nawak « Metal » assez archétypal, avec ce que cela sous-entend de sourires hurluberlus, de funkeries joyeuses, de cuivres amicaux et d’apartés insolites.
On se croirait presque à la maison, pendant ces quatre minutes... C'est dire !
Malheureusement, malgré toute la tendresse que peut provoquer en moi cette démarche œcuménico-comique, je ne prends quasiment aucun plaisir à endurer ce brouhaha arty naïf, ces élans de poésie autiste, et ces claviers flashy... On sent clairement la bonne volonté à l’œuvre, mais c'est peu dire que l'essai n'est pas transformé...
La chronique, version courte : faire du Nawak Metal (i.e. une Fusion futée et mutine qui brasse TRÈS large), cela ne veut pas dire faire n'importe quoi. Malheureusement, avec son premier album, le one man band Transistor Flash s'est plutôt orienté dans cette 2e voie. Ce projet clairement « fait à la maison » (le confinement a dû agir comme un catalyseur) est en effet à la fois trop synthétique et trop « autiste » pour convaincre, à moins d'être du genre à fantasmer sur une collaboration Sebkha-Chott / The God Being réalisée dans un état d’hébétude béate. Pas glop, donc, comme dirait Pifou.
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