Tulkas - The Beginning of the End
Chronique Maxi-cd / EP (23:55)

- Style
Thrash - Label(s)
Noble Demon - Date de sortie
28 août 2020 - écouter via bandcamp
Vous, vous n’êtes pas du genre à vous limiter aux couv’ des gros mags pour prendre des nouvelles de l’actualité métallique. Vous savez donc parfaitement qu’en ce moment-même, il existe bien d’autres sujets d’excitation que Gojira et Ultra Macronit. Parce que vous avez la bonne idée de venir jeter un œil par ici de temps à autre. Et que sur CoreAndCo, on s’en va retourner les moindres pierres des coins les plus reculés pour vous dénicher de ces petits skeuds qui chatouillent le dedans des boyaux et des oreilles. Mais « conseils pointus » ne signifie pas forcément « omniscience absolue ». Parce que – pour commencer – nous sommes une petite équipe. De passionnés, certes, mais petite. Et puis parce que le sujet est vaste. Ouh là qu’il est vaaaaste ! Tiens, moi-même qui vous cause et suis censé endosser le costume de Lapin-les-bons-tuyaux, ce n’est que récemment que j’ai découvert l’existence d’une scène Thrash (plus ou moins […/Death]) particulièrement active et passionnante en Amérique du Sud. Au Chili notamment, avec des formations comme Demoniac, Parkrest, Necroripper ou Unconscious Suicide… Vous saviez-vous ? Moi non. Heureusement que mes amis Facebook sont bien informés. D’ailleurs j’essaierais de vous parler de tout ça dès que possible…
Quel rapport avec l’EP du jour ? Tulkas vient du Mexique, et pas d’Amérique du Sud ! Tu n’aurais pas tendance à mettre dans le même panier tout ce qui vit au sud des USA dis, lapin ?
Vous avez raison, ne mélangeons pas tout : Querétaro et Santiago du Chili sont quand même à 11h d’avion l’un de l’autre. Pourtant, avec Tulkas – qui tire son nom du Silmarillion, mais a le bon goût de ne pas nous bassiner avec des gobelins ou des elfes – il est question d’Outre-Atlantique, de pays hispanophones, et de Thrash qui déboite. Du coup la fin de mon intro n’était pas à ce point à côté de la plaque, finalement. D’autant qu’elle vous aura peut-être permis de noter quelques noms de groupes à aller écouter sur Bandcamp.
Alors The Beginning of the End… Il s’agit d’un 3e EP qui fait suite à deux albums (on parle donc de l'opus n°5... ça sent bon!) et qui sort à l’occasion des 10 ans du groupe. C'est que mine de rien nos amis ont déjà un peu de bouteille (de la Tequila, sans doute). D'ailleurs ceux-ci ont déjà mis à profit leur première décennie d'existence pour passer quelques-unes des étapes qui pavent le chemin vers le succès, notamment celles nécessitant d’ouvrir pour Lamb of God, Havok, Onslaugth et Nervosa, mais également celle consistant à jouer au Wacken 2016, mais oui Madame ! Ce qui leur a ouvert toutes ces portes, c’est en partie l’interprétation d’un Thrash percutant, descendant en ligne droite des débuts d’Exodus et Metallica… Mais pas que, sinon ce serait un peu court. La botte secrète de Tulkas, c’est un line-up qui – à l’exception notable de Javier Trapero, qui s’époumone comme un rottweiler à qui l’on aurait dérobé un os tout dégoulinant de jus de viande – est constitué de musiciens plus subtils qu’il n’y paraît au premier abord. Car dès qu’on les titille un peu, on constate que la basse devient plus élastique que la moyenne, et que certains riffs se lancent dans des patterns pas si conventionnels que ça. Le morceau-titre de l’EP en fournit une illustration parfaite, cette petite tuerie voyant messieurs Chávez et Castañeda sprinter en mode quantique (ce riff de fo-laille ! Ça rappelle des sensations éprouvées sur From Blue To Black), Guillermo Mendoza (le bassiste) s’offrir un solo tranquillou puis un tapping de malade (respectivement à 2:57 et 3:16), et l’ensemble des zigotos se détendre à mi-parcours lors d’une parenthèse jazzy complètement décalée.
La – grosse – claque.
Du coup le reste de l’EP s’avère non pas décevant mais un poil moins marquant, car pas aussi bluffant. Ressortent quand même du lot « O.G.C. » et son intro à la basse qui évoque une version calme de celle du « Knight Jumps Queen » d’Annihilator, puis « Extinction » qui nous chatouille agréablement lui aussi, notamment parce que derrière les saccades ‘talliquiennes celui-ci développe plus le fond et se révèle plus large d’envergure – sans compter que les amateurs se délecteront d’une bonne minute de tricot solo. Moins intéressante, bien que parfaitement interprétée, la reprise de « The Shortest Straw » (de… ? de… ?) termine ces 23 minutes sur une touche agréable… Mais un peu facile.
Bilan des courses : pour les ceusses qui – comme moi – rencontrent Tulkas pour la première fois, The Beginning of the End donne faim. Cette basse à l’affut, cette technique tout sauf démonstrative, cet amour pour le vieux Thrash de tradition, cette patate grosse comme la copine de Parmentier : on comprend pourquoi ça marche pour les Mexicains ! Il faudra maintenant vérifier sur les albums précédents – et le prochain, s’il arrive bientôt – à quel point ceux-ci sont capables de renouveler l’exploit constitué par le morceau-titre. Donc non, bien que je vous ai entendus me poser la question à demi-mot, Tulkas ne mérite certainement pas que je lui fasse subir une BricedeNicerie.
La chronique, version courte: un bassiste digne d’Havok manifestant des envies d’indépendance. Des riffs singuliers et terriblement sexy (on pense à Crisix sur le morceau-titre). Un amour assumé pour les vieux Metallica… Il n’y a rien à jeter sur cet EP de Tulkas. A noter que si vous ne devez donner qu’une chance à ces Mexicains, foncez écouter le morceau-titre.
0 COMMENTAIRE
AJOUTER UN COMMENTAIRE