Ultar - At the Gates of Dusk

- Ultha… ?!? La formation allemande de Black-Metal, la protégée du super label Vendetta Records ?

- Non, tu te gourres !

- Ulthar… ?!? Le one-man band polonais de Black Metal/Ambient ?

- Hé non, tu chauffes, mais pas celui-là !

- Ulthar… ?!? Le groupe californien de Black/Death alors, celui qui vient de sortir deux albums en février Anthronomicon et Helionomicon ?

- Nope, toujours pas, mais ça reste bien une référence à ce village lovecraftien, cœur du mythe Cthulhu et territoire béni pour les chats !

- … Oky, il ne me reste plus qu’Ultar, ces Russes pratiquant un Post-Black Metal atmosphérique ?!?

- BINGO !

Sévissant depuis Krasnoyarsk, ce quintet n’est pas tout à fait composé d’inconnus pour les connaisseurs de musique noire réfrigérante, puisqu’on y retrouve les frères jumeaux Max et Gleb Sysoev, les deux pierres angulaires de Second To Sun et surtout de Grima, qui vient d’émerveiller au cours de leur tournée-fleuve, entamée en janvier 2023, une bonne partie du vieux continent. En fait, en live, ce sont 4 musiciens que l’on retrouve dans les deux formations, avec le gratteux Denis Susarev et l’excellent batteur Vladislav Yungman (Solarfall). Cela a pu avoir ses avantages en juin et juillet 2022, lorsque Grima et Ultar partageaient l’affiche d’une première tournée européenne !

Mais cette porosité va bien plus loin. Dès que tintent les premières notes du At The Gates of Dusk, troisième album auto-produit d’Ultar, après Kadath en 2016 et Pantheon MMXIX en 2019, la gémellité musicale avec Grima – le riffing glaçant, la voix stridente de Gleb interrompue par quelques grawls ou segments incantatoires… – saute aux esgourdes. C’est flagrant, par exemple, sur "Evening Star", "My Rope" et sur quelques passages au clavier de "Through the Golden Gates of Dawn". Bien sûr y ont été ôtés les samples sibériens (l’eau, le vent, les cris d’animaux, tels que les hululements), ainsi que les lignes instrumentales caractéristiques (le bayan), utilisés par mes deux faces-de-buche chéries. Mais, pour le reste, je serais presque tenté de me dire que les compos Grima-Ultar forment un tout, une sorte de pot commun, dont sont extraits les titres de seconde main – ok, je suis sans doute un peu raid dans mon approche –, tout du moins les plus classiques pour faire de ce At The Gates of Dusk un bon album d’Atmoblack. Bon, tradi, plutôt soigné dans l’écriture, mais sans plus. Autrement dit, sans défaut majeur, mais aussi sans lignes de force prononcées. La première pierre "Midnight Walk and Reminiscences of Necromancy" illustre fort bien mon propos et il est d’ailleurs regrettable que les premiers temps de "Evening Star", par ailleurs le meilleur morceau proposé ici, avec sa fin intense, effrénée et entêtante, voient les grattes faire un quasi copier-coller avec le titre précédent. Dommage. Le Post-Black Metal prend peu à peu possession de la suite de ce long-format qui vous fera passer un moment agréable ("Antiques", "Rats in the Walls"). Là encore, sans plus.

Même le concept choisi, à savoir les écrits horrifiques et visionnaires du génie littéraire H.P. Lovecraft, apparaît aujourd’hui comme un thème éculé. Il faut dire que des formations telles que The Great Old Ones ou Blut Aus Nord l’ont valorisé de manière BIEN plus systématique, profonde et consistante…

… Heureusement, avec son dernier morceau "Innsmouth", ce At The Gates of Dusk s’achève sur une meilleure note !

Seisachtheion

le 24/03/2023