Ultra Vomit - ...Et le pouvoir de la puissance

Écoute 1 : C'est moi ou c'est de la merde en barre ?

Écoute 2 :  C'est de la merde, mais ça mérite qu'on en parle.

(Brouillon de chro N.1)

Histoire de se penser un peu au-dessus de la mêlée, il serait de bon ton de mépriser gratuitement Ultra Vomit.
Mais, sur CoreandCo, on ne gaze pas plus haut que son séant.

Les imitations Laurent Gerraesques sur fond d'humour pipi/popo (mais pas que) mises en musique sur de gros riffs parodiés des groupes les plus populaires du metal ont su trouver nos (mes) faveurs depuis 2004...date de la première apparition du groupe sur nos pages.

20 ans donc que l'on suit le groupe. Depuis les minuscules salles du Pas-de-Calais à grouiker devant 120 personnes jusqu'au Hellfest devant 40.000 spectateurs en passant par un concert privé pour notre <3 président <3 dans les jardins de l'Elysée (même ça, dans le fond, perso, j'en ai rien à foutre).
Voilà pourquoi, il serait un petit peu trop facile de nous (me) taxer anti-Ultra Vomitisme primaire.
L'ennui est qu'avec Ultra Vomit et le pouvoir de la puissance...le groupe force sévère.

Écoute 5 : C'est de la merde mais...y'a du bon à en tirer.

Si l'on s'en tient à des arguments "objectifs", on ne peut pas enlever à cet album l'immense qualité de la production. Un son super léché, signé  Fred Duquesne (connu pour Mass Hysteria, Bukowski etc., un peu moins connu pour ses menaces sur mon FB).
Il y a également du guest de qualité (Crisix et Mouss de Mass Hysteria).
La pochette est aussi sacrément réussie, bien stylée, drôle jusque dans les détails. Et plus globalement c'est bourré de références pop-culture 90s qui plaît à une génération de darons...mais pas que...

Écoute 6 : Non, c'est pas vraiment de la merde...
 

Déjà, on ne dit pas que c'est de la merde, on dit qu'on n'aime pas.
Mais c'est pas tant que ça m'semble nul, c'est que j'ai l'impression d'avoir déjà entendu l'album avec des thèmes récurrents : "Toxoplasma Gondii (Felinus sanctus)", l'intro de "Patatas Bravas", l'école avec "The gruge" ou tous les titres scatos-lol (encore faut-il adhérer à ce type d'humour).

C'est que...ça se mate aussi vachement le nombril. Pas nécessairement celui du groupe, qui le fait avec un humour qui fait mouche ("Kings of poop", "Ültrüs Crew"), mais sur le metal plus largement ("Mouss 2 Mass", morceau sympathique / "Le puissance du pouvoir", "Mortal Konkass") et "Doigts de metal" goinfré de clichés (mais une imitation à chialer de rire) qui nous rappellent toute la beauferie du public metal que nous sommes.

Écoute 8 (et toutes les suivantes) : Ils sont toujours aussi cons ces cons

Sauf que ça marche quand même.
On peut ne pas être dupe de tous les défauts sus-cités, trouver que ça rame sur la fin de l'album (3 titres sur les 4 derniers qui parlent du "numéro 2"), que ça tourne même vachement pop parfois : ben c'est drôle dans le créneau pouet-pouet-prout-prout.
J'avais pas mal parlé de leur sens de l'humour et de la parodie sur la chro de Panzer Surprise ! et si ça patine parfois, si ça peut être plat et pas fût-fût (et même pas drôle tout court comme la chanson-presque titre (le gag du fade-out est tout de même génial) ou "Dead robot zombie cop from outer space II"), on retrouve le même sens du plaisir à jouer avec les codes du metal ("Tikawahukwa") et au-delà (imitations foireuses toujours magnifiques)...il y a toujours un petit truc qui active les zygomatiques.
Porté par un gros son, le groupe réussit à faire remuer les nuques les plus flexibles, il donne un aperçu très bien emballé de ce que pourra être leur prochain show en tournée (pour le coup le terme de comédie-musicale leur correspond bien).

Concentré de bêtise scato, UV aura toujours ses détracteurs, qui trouveront injustes que le groupe bénéficie d'une telle popularité en n'apportant rien au metal (alors qu'il y a "ce super groupe de death technique machin chose qui fait des trucs de fou dans son garage avec de la flûte de pan et 3 batteries qui mériterait plus de visibilité"). C'est improbable, mais c'est comme ça, UV ça marche, ça fait le pont entre les non-metalleux et les connaisseurs du genre.

Depuis la nuit des temps on rigole des prouts. On en retrouve trace (si j'ose dire) depuis l'Antiquité (avec Aristophane) jusqu'à la trend "Guess my fart" sur TikTok : c'est universel, inoffensif, ça prend 1000 formes, ça fait rire de 7 mois à 107 ans. C'est faiblard intellectuellement, ça peut faire rire aussi bien un chimpanzé qu'un doctorant. Que l'on y adhère ou pas, personne n'est capable, en France, d'en faire un album avec autant de talent. Ce LP est une très belle merde, hilarante, sans doute plus grand public / accessible musicalement que les précédentes (ce qui n'est pas gênant). Ultra Vomit exploite toujours aussi bien le style metal (et gratouille au-delà avec des airs plus "pop") pour s'en moquer.

(Et c'est quand même dingue qu'il m'ait fallu autant de temps pour le remarquer et l'apprécier)

Tookie

le 21/10/2024