Ultraphonix - Original Human Music
Chronique CD album (53:26)
- Style
Fusion Funk / Rock / Blues / Metal - Label(s)
Ear Music - Sortie
2018 - Lieu d'enregistrement Lynch Box Studio, Yost Studios
écouter "Walk Run Crawl"
Ultra Vomit, Ultra Zook, Ultra Panda... Il semble bien que cela soit une constante: le préfixe « ultra » est le marqueur récurrent d'un bon petit grain de folie, la garantie que la matière absorbée par les oreilles va ressortir sous forme de haussements de sourcils et d'exhibitions du clavier dentaire en de larges sourires de satisfaction – d'autant plus éclatants que ledit clavier aura préalablement été préparé à ces sorties par une application régulière d'Ultra Bright. Ultraphonix suivra-t-il ce modèle ou le mettra-t-il à mal? Les paris allaient bon train à ce sujet vu que, d'un côté, ce groupe bénéficie de la présence au chant de Corey Glover (Living Colour), et qu'à ce poste il succède à Angelo Moore (Fishbone) – le groupe étant plus ou moins la continuité de Project Nfidelikah avec juste un changement derrière le micro. Toujours du même côté des spéculations, les observateurs notaient que l'initiateur de tout ce barouf, George Lynch, est un fan avéré de Mr Bungle (il le confie dans cette très intéressante interview). D'un autre côté, les autres formations où s'ébat le Geogeo ne font pas vraiment dans le facétieux débridé: Dokken, Lynch Mob... Mouais. Si l'on se tourne vers le bassiste, Pancho Tomaselli, celui-ci a joué avec Carlos Santana (certes...), les serial funkers de War (ah?) ou encore Philm – en compagnie de Dave Lombardo qui, en dehors de Slayer, est quand même un grand pote des Cyco Mikoz, Muir et Patton. Un point partout la balle au centre. Et le batteur alors? Sal Rodrigez est lui aussi une recrue issue de War. Du coup, même si le groupe ne s'avérait pas être la dernière sensation en matière de cramage de fusible musical, il y a de fortes chances que Original Human Music, son premier album, soit plein de groove, de feeling, de pied qui battent la mesure, et de doigts qui snapent, qui tapent, qui farce-et-attrapent.
Et bingo, en plein dedans: Ultraphonix propose justement un mélange (une Fusion? Oui) de Rock – souvent Hard – gorgé de feeling, de Blues, de Funk, et même d'une pointe de Metal, à la marge. Plus quelques passage seventies un peu psychédéliques, façon kaléidoscope bariolé. Tout ça gravite autour d'un solide axe central basse/batterie servant de marchepied à la versatile et chaude voix de Corey. La guitare de Georges n'est presque ici qu'un chouette complément qui vient habiller d'élégants drapés métalliques ce cœur musical éminemment groovy. Forcément on pense souvent à Living Colour, mais également régulièrement à Lenny Kravitz (cf. « Counter Culture » – où s'invite Angelo Moore –, « Free », « Take a Stand »).
Alors non, le tableau n'est pourtant pas toujours idyllique: ainsi « Another Day » s'avère-t-il être une horreur sirupeuse pour clôture de bal de maison de retraite (avec néanmoins de belles caresses de manche en fin de refrain), le groove vaporeusement bluesy du très Led Zeppelinien « Free » est-il un peu trop anesthésiant, tout comme la disto trippy de « Wasteland » qui a un peu trop tendance à nous liquéfier le système nerveux. Mais les excursions enthousiasmantes sont quand même bien plus nombreuses que les bad trips, que ce soit sous le soleil coolos de « Counter Culture », via le coup de pied aux fesses funky « Take a Stand », sous les épais rouleaux guitaristiques de l'irrésistible « Ain't Too Late », sur le fil tendu du magnifiquement balancé « Soul Control », et sept Héra, et sept Héra comme disait Zeus quand il avait un méchant coup dans le nez et voyait bien plus que double.
Pour en revenir à la question ouvrant cette chronique: non, Ultraphonix ne fait pas vraiment partie de la même famille de marioles que les 3 formations citées en tête de ce long laïus. Par contre les Américains sont tout aussi ouverts, libres dans leurs têtes, et provocateurs de sourires comblés. On conseillera donc aux amateurs de Fusion légère, de guitares granuleusement amicales et de sensations électriques assumant un héritage Soul de tenter l'aventure. De notre côté on continuera d'entretenir des a priori positifs à l'égard de ce préfixe patronymique porteur de bonnes vibrations.
La chronique, version courte: quand George Lynch (Dokken) et Corey Glover (Living Colour) débauchent l'épine dorsale rythmique de War, c'est pour accoucher de 12 titres d'une Fusion groovy / bluesy / funky qui fera de concert hocher la tête du Tonton à santiags et onduler le boule de la cousine afro. Frais, amical et énergique, Original Human Music est le discours que votre autoradio a toujours rêvé de tenir sur la route de l'apéro.
1 COMMENTAIRE
Dams le 02/11/2018 à 16:17:56
Écouté sur la route du retour et effectivement, une bien belle découverte !
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