Violent Soho - Everything is A-OK

Un chanteur aux cheveux gras, mi longs avec une chemise à carreaux dégueu et un T-shirt de Slowdive. Un guitariste qui met un T-shirt à manches longues sous un T-shirt à manches courtes (avec une association de couleur déplorable) et un jean / converse avec ses cheveux longs qui ne sentent sans doute pas le Petit Marseillais à la Goyave. 
Un bassiste à la chemise à l'imprimé d'un autre temps. Finalement, le seul qui a un style intemporel, c'est le batteur assez démonstratif vêtu d'un T-shirt passe-partout.

Je n'aime pas trop m'attaquer au physique mais ce "je m'en foutisme" complètement hors du temps, ou plutôt complètement ancré dans un trop lointain passé, moi ça m'fait bander. 
Vraiment, avec ce que je vois, j'ai déjà les oreilles qui s'excitent. 

Alors c'est Violent Soho. On a jamais pris le temps d'en causer, mais les Australiens en sont à leur cinquième album et n'ont jamais dérogé à leur style de prédilection : le rock grunge bien typé 90's.

Y'a un public pour ça, un public aussi fidèle qu'exigeant. Et jusqu'à maintenant, au milieu d'une scène...disons hétérogène...Violent Soho n'a jamais déçu et ne commencera pas par Everything is A-OK. 
Ce n'est pas une surprise pour les plus avertis, mais pour ceux qui découvrent, s'il fallait commencer par un album, c'est vraiment le moment de s'y mettre.
S'il n'aborde aucun virage stylistique, s'il n'a pas particulièrement sophistiqué son écriture ou sa musique, le groupe a épuré son grunge pour en sortir un nectar.
Rien n'est extraordinaire, mais rien ne cloche, rien ne fait tiquer, rien ne fait baisser de régime cet album : c'est toujours parfait, bien foutu, simple, presque...évident. L'esthétisme musical rejoint l'esthétisme vestimentaire du groupe : parfaitement grunge. 
Alors on pourra ronchonner sur l'aspect un peu trop propret du son, dont la modernité (sans chichi toutefois, sans fioriture) est sensible, mais artistiquement, on a un album de haute volée digne des 90's.
 

De "Sleep year" à "A-OK", il n'est pas nécessaire de s'attarder sur les qualités des morceaux : le riffing, l'interprétation, et même les paroles. L'essentiel est là, et puis l'énergie est intacte, bien que le groupe ait déjà une quinzaine d'années. L'énergie mais surtout l'inspiration : Violent Soho y croit, croit en sa musique, son style qui a survécu à bien des modes, son écriture passionnée. Au-delà de la qualité de l'album, c'est aussi cet aspect de la personnalité du groupe qui accroche l'oreille.

Je dis souvent, avec un brin de nostalgie d'une époque que je n'ai pas vraiment connu, que tout ce qui manque aux années 2000, ce sont les 90's.
Grâce à Violent Soho, on en retrouve au moins la saveur.

Tookie

le 27/05/2020