Vltimas - Epic

Chronique CD album (37:09)

chronique Vltimas - Epic

« Un groupe international formé de musiciens renommés séparés par des centaines, voire des milliers de kilomètres, ça peut marchouiller un temps... Mais les chances sont grandes pour que ses compos sentent le patchwork, et que sa longévité tutoie l’espérance de vie de la drosophile. »

 

D’après vous : cet avis tranché émane de Manu Qu’en-a-vu ou d’Henri Gros-a-priori ?

 

Si l’on en juge à l’aune de la carrière d’Vltimas, il semblerait que ce soit Riton qui ait livré cet inepte dicton. Car aux sommets de ce U triangulaire majuscule on trouve 1) David Vincent, marquis de Sade à Stetson ayant proféré de légendaires blasphèmes au sein de Morbid Angel, 2) Rune Eriksen, qui a planté ses banderilles 6-cordes dans les compos d’Aura Noir, Mayhem et Nader Sadek, et enfin 3) Flo Mounier, qui en a fait des (grosses) caisses dans les rangs de Cryptopsy et Nader Sadek. Ces gens-là non seulement figurent dans le Who’s Who du Metal extrême, mais sont éparpillés qui à Montréal, qui au Portugal, qui à O.K. Corral (...ou presque: au Texas).

Or devinez quoi : leur premier album commun, Something Wicked Marches In, butait avec la force et la précision d’un Ballon d’Or. Et fleurait bon le Metal organique, sombre et puissant. Au temps pour le « patchwork » de Tonton Henri…

Cinq ans après cette succulente entrée en matière déboule Epic, plat de résistance tout aussi délectable, tout aussi charpenté, tout aussi susceptible de faire se dresser des forêts de poings durant ces rassemblements musicaux où les tignasses hirsutes communient en pratiquant la chorégraphie giratoire dite de l'hélicoptère à houblon. Au temps pour la « drosophile » de Riton le ronchon…

 

Il faut dire que les trois zigs ont l’air de s’entendre comme larrons en foire, que leurs autres groupes ne leur imposent pas un emploi du temps de ministre, et que pour composer ce deuxième opus ils ont pris le temps de se retrouver dans le ranch de Mr Vincent, histoire que les morceaux nouveaux sentent un peu la sueur et la spontanéité.

 

Bilan des courses : même « Yeaaah, ça bute ! » qu’en 2019. Les riffs de Rune – élégants origamis guitaristiques loin des complexes tissages de cordes de certains de ses pairs – continuent de faire la différence. Cette courte descente riffée qui donne le départ au sprint « Miserere », tout comme cette présence menaçante qui obscurcit les cieux de « Exercitus Irae » sont autant de marques de l’expérience et du talent du compositeur norvégien. On note au passage que les coups de blizzard beumeuh sont de moins en moins fréquents, de moins en moins marqués (… quoique celui-ci souffle encore lors du break à 0:23 sur « Nature’s Fangs », ou de manière plus évidente sur « Scorcher »), cet aspect se fondant naturellement dans le Death aristocratique et sombre qui caractérise groupe. L’autre élément constitutif de la « griffe Vltimas », c’est évidemment son maître de cérémonie, dandy décadent qui joue avec l’auditeur comme le chat avec la souris, et déclame ses textes comme autant de prêches déviants – le bonhomme part d'ailleurs en quasi-monologue à la fin de « Mephisto Manifesto ».

 

Si Epic nous plait tant, c’est que, à l'instar de son aîné avant lui, il forme une collection de titres forts assise sur un solide bloc de granit s'étendant des pistes 2 à 7. Oui, on écarte l’intro un peu dissonante, pas désagréable... Mais bon, ce n'est qu'une « simple intro » après tout. Ainsi qu’un « Nature’s Fangs » pas foncièrement vilain, mais pataugeant un peu trop dans les eaux peu profondes d’un Metal gothique paresseux. Et enfin « Spoils of War », qui démarre tellement près de son prédécesseur que l’on a initialement l’impression d’avoir relancé la piste précédente, qui met un peu trop de temps à s’affirmer, mais qui – il est vrai – prend quand même une certaine ampleur à l'approche de sa conclusion.

 

Pour le reste, c’est le Kiff avec de grands riffs ! Classe folle et force de persuasion ultime sont au programme de l’avancée pesante, noire, pleine de prestance et de morgue qu’est « Epic ». En enclenchant « Miserere », Vltimas allume les réacteurs pour une prise de vitesse jouissive, mettant en valeur la frappe sèche de Flo et les élytres vrombissantes de Rune. « Exercitus Irae » est ce genre de morceau surplombant offrant une vue imprenable sur un monde en proie aux flammes et aux tourments. « Mephisto Manifesto » est le hit évident qui, sous la forme d’une inexorable marche de lemmings, ne supporte nulle contestation ni concurrence. « Scorcher » invoque les démons Death/Black des enfers septentrionaux afin de faire pleuvoir une apocalypse de traits mortels sur l’auditeur... Avant qu’« Invictus » n’impose une nouvelle fois sa superbe via une attitude conquérante et un refrain en deux temps particulièrement bien troussé.

 

Alors, c’est qui donc les Boss de fin de niveau de ce début 2024 ?

C’est qui donc les ceusses dont la classe folle met à l’amande tous les Aldo rouleurs-de-mécaniques des entourages ?

C’est Vltimas, clairement, qui nous booste en nous collant une belle rouste, une fois de plovs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : sur Epic, le trio David Vincent / Rune Eriksen / Flo Mounier continue d'exploiter la formule élaborée sur Something Wicked Marches In, autrement dit celle d’un Death Metal à la fois puissant, malfaisant, et aristocratique. Ce n’est donc pas la surprise qui provoque sourires et appréciations enthousiastes sur son passage, mais bien la qualité de compos superbement ficelées, et dont émane une classe folle.

photo de Cglaume
le 11/03/2024

10 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 11/03/2024 à 09:04:02

Le single dont le nom m'échappe était bien naze. Je vais écouter le reste sans y croire...

cglaume

cglaume le 11/03/2024 à 09:18:27

Tu ne vas pas aimer : c'est trop "aristocratique" pour toi 😅😁

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 11/03/2024 à 09:32:09

Pour invalider cet exergue je peux simplement invoquer Frontierer

Pingouins

Pingouins le 11/03/2024 à 09:39:48

Aldo, si tu parles du côté "musiciens éparpillés", au final Frontierer c'est intégralement composé par Pedram Valiani, y'a juste Chad qui envoie ses voix, donc ce côté patchwork n'a pas trop de risque d'arriver. C'est d'ailleurs plutôt le contraire qui se passe chez Frontierer, avec des "compos tunnel" et soouvent les mêmes réflexes.
Et si tu parlais pas de ça ben déso :p

cglaume

cglaume le 11/03/2024 à 09:40:10

Frontierer, Vltimas, et leurs nombreux semblables 🙂

cglaume

cglaume le 11/03/2024 à 09:41:01

(je répondais à 'dorus 🙂)

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 11/03/2024 à 09:45:37

C'est pas tellement le côté aristocratique que le côté Death pop qui m'a gêné.

cglaume

cglaume le 11/03/2024 à 10:00:15

Après le Hardcore Pop, le Death Pop. 🤣🤣 Vas-y, lance toi dans un dossier !! J'ai hâte de lire les chapitres Nekro Black Pop et Goregrind Pop 😁😁😁

pidji

pidji le 11/03/2024 à 10:12:46

Et après le death pop j'attends vos retours sur le promo de Blackened Surf Rock (véridique) 😁

cglaume

cglaume le 11/03/2024 à 10:34:11

Blackened Surf Rock ? Où ça où ça ?
... En même temps hier j'ai mis une chro de "Blackened 80s Pop Hits" en base, donc même pas peur :D  

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