Vortex Of End - Abhorrent Fervor

Chronique CD album (36:43)

chronique Vortex Of End - Abhorrent Fervor

Depuis plus de quinze ans maintenant, dispatché entre l’Île-de-France et le Grand Est, le quatuor français Vortex of End n’est pas présent sur la scène française pour vous balancer des aménités à vos conduits auditifs, mais bien au contraire pour corrompre votre esprit, jeter à votre visage leur fiel et, à l’occasion, déployer leur fureur sur scène. Misanthrope et sans concession, il l’était déjà avec leur précèdent méfait ARDENS FVROR où j’ai pu apprécier à quel point il maudissait « les sentiments feints, les attitudes dissimulées, les émotions étouffées, les humeurs tiédasses » ; il le demeure à l’écoute de ABHORRENT FERVOR, sorti – toujours chez Osmose Productions – en octobre dernier.

 

L’un des points les plus saillants ici est que l’on est toujours loin d’une impression toujours frustrante, voire lassante, de « déjà entendu ». En effet, ce Black/Death revêt un caractère plus occulte, poisseux et cérémonial que certaines formations hexagonales, plus assises, que l’on serait tenté d’associer ici du fait de la proximité du style musical pratiqué (Svart Crown, Arkhon Infaustus, Otargos, etc.). ABHORRENT FERVOR a beau être plus ramassé qu’ARDENS FVROR : raboté comparativement de deux titres et débarrassé de toute intro, il accuse une douzaine de minutes en moins. Il s’avère plus dense, relativement plus solide et surtout plus cortiqué. La preuve en est l’absence de zèle dans le placement de lignes de chant incantatoires, quelque peu excessif sur l’album de 2019 dans des morceaux tels que "TRANSVBSTANTIATION" et "SATVRNIAN ASCENSION". Point d’abus ici ! Le peu est l’allier du bien : le court chant cérémonial qui structure le deuxième titre béhémothien "SOVEREIGN WRATH" au début de la 4e minute est particulièrement bien senti, avec des sifflements reptiliens inconfortables qui font mouche. Sinon, les incantations sont plus en retrait, saupoudrées ici et là ("CASCADES OF EPIPHANIES").

 

Pour le reste, l’auditeur a droit à un Black/Death tourmenté et convulsé qui fait régner - à l'image de cette superbe pochette - un chaos faussement décousu, en fait fort bien maitrisé. Vous serez captif en effet dès "PERDITION WHORL" d’un tourbillon âpre et incandescent, qui se répète trait pour trait sur "GOLDEN FRAGMENTS" (ouf la basse !) et "CASCADES OF EPIPHANIES", dont la frénésie rythmique n’est pas sans rappeler celle des Islandais de Misþyrming. Leur marche forcée ne faiblit pas dans l’intensité avec "STYGIAN HEXAHEDRON", le morceau le plus linéaire, le plus brut, le plus Black d’entre tous ! L’outro "PUTRID FLUIDS" dénote davantage pour maintes raisons : sa durée d’abord (10 mn), son entame progressive déroutante durant les deux premières minutes, ensuite, sa variété d’approches, enfin, qui mêle dans un seul et même mouvement Thrash’n’Roll, Death old school et pur Blackened Death Metal. Il est loin d’être évident de les associer sur un support unique ; or, Vortex of End y est parvenu sans édulcorer le venin qui coule dans les veines de chacun de ses membres…

photo de Seisachtheion
le 21/01/2022

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