Vulture - Sentinels
Chronique CD album (40:40)

- Style
Heavy/Speed[/Thrash] - Label(s)
Metal Blade - Date de sortie
12 April 2024 - Lieu d'enregistrement Hellforge Studio
- écouter via bandcamp
La présente chronique n’est pas tout à fait le fruit d’un malentendu… Mais un peu quand même, avouons-le ! Il faut dire que, sur un site cher à mon cœur, Sentinels figure (à l’heure où je vous écris) dans le Top 10 des albums Thrash de 2024. Alors certes, sur son CV, « Speed Metal » figure en caractères tout aussi gras – voire plus gras – que « Thrash Metal ». Mais rien de problématique à cela, a priori : après tout, n’est-ce pas également le lot des Sadistic Force, Bütcher et autres jeunes agités ayant versé du kérozène et du jus de bouc dans la bonne vieille soupe au cuir des papys des 80s ?
D’ailleurs le début de ce 4e album semblait bien vouloir me donner raison. Riffs de ventilateur en surchauffe, micro constellé de postillons acides (… mais aussi, il est vrai, d’éclats de cristal suraigus), hargne combative, solos brûlants, fouet, cuir, crocs acérés : sur « Screams from the Abattoir », il est certes manifeste que Vulture serait en mesure de séduire un Papy Cyril ayant ingéré un généreux cocktail de viagra et de crack, mais l’étalage d’agression et de vitesse auquel on assiste légitime clairement la présence de cet album dans un recoin de mon lecteur auquel les ADX, Sortilège et autres Killers n’auront sans doute jamais accès. Et « Unhallowed & Forgotten » de renforcer ce constat, la course fougueuse y continuant sur les chapeaux de roues, avec son lot de cris de sorcière maléfiques, de mélodies conquérantes, de pots d’échappement pétaradant, et de fougue fiérote. Maman que ces breaks sont jouissifs ! Et cet essaim de décibels furieux qui, à 2:09, fond sur l’auditeur comme un tsunami de testostérone bouillonnante... Ça fout une de ces patates !
Dis voir, il ne serait pas temps de se demander à qui l’on a à faire ?
OK, je vous la fais courte : nos Vautours sont teutons, et ont vu le jour sous les cocotiers de Dortmund, en cette funeste année où des kalach’ et des munitions ont été malencontreusement substituées aux sarbacanes et aux cotillons lors d’un pot de départ tragique au siège de Charlie Hebdo. Dans la bande on trouve des membres de Bulldozing Bastard, groupe bien connu de nos services évoluant – tenez-vous bien – dans le Proto Punk'n'Thrash'n'Roll. Autant dire que tous les indicateurs semblaient donc clairement dans le vert…
Mais vous sentez – et vous voyez, cf. la note – qu’il y a un petit quelque-chose qui cloche.
Et vous n’auriez pas tort si vous arriviez à la conclusion que ce fameux « quelque-chose », c’est peut-être bien votre interlocuteur, finalement. Parce que ce qui pèche avec Sentinels, vu depuis le fond de mon terrier, c’est que si une petite moitié de l’album porte effectivement haut l’étendard du Metal qui cavale ventre-à-terre, l’autre moitié – plus grasse, pour le coup – a tendance à se vautrer dans le gros Heavy bravache, du genre qui roule des mécaniques et parle fort dans le réfectoire.
Je suppose que cela gênerait peu le Papy Cyril précédemment évoqué, ni la majorité des lecteurs de Rock Hard. Mais j’avoue préférer la compagnie des iroquois psychotiques et des serial mitrailleurs à celle des vieux motards bedonnants – non, ne me jugez pas, je vous jure, je suis un mec bien au fond…
Notez que sur « Realm of the Impaler », ces mélodies conquérantes et ces tagada-tagada-sur-mon-fier-destrier restent assez goûtus. Parce que les mélodies sont entraînantes. Parce qu’on a l’impression d'observer un Iron Maiden vraiment vénère menacer le quidam avec véhémence. Et parce que la basse se trouve alors mixée ostensiblement en avant. Mais au fur et à mesure que les mid tempos pompiers et les gimmick sépia s’accumulent, on commence à trouver le temps un peu long. D’autant qu’on digère assez mal la soupe au glucose intitulée « Der Tod trägt schwarzes Leder », qu’on trouve que « Gargoyles » bande un peu mou malgré ses sourcils froncés, et que le morceau-titre – servi avec le digeo, en toute dernière piste – ne déplace qu'avec difficulté son lourd fessier d’ancien chef de bande souffrant dorénavant d’une surcharge pondérale et d’insuffisances rénales.
Alors non, ne croyez pas que Sentinels soit un fier représentant du Trve EHPAD Metal. Ça cavale quand même souvent à la vitesse du fauve au galop, ça griffe, ça grogne, ça cogne. Par ailleurs, les flamboyantes passes d’armes lead donnent envie de s'extraire d'un canap’ trop moelleux pour aller commander une mousse au comptoir de la salle de concert et mater les gratteux croiser le fer en haut d’une scène. On aime cette basse vigoureuse, ces refrains combatifs, et cette passion rétrophile qui se fout bien de l’existence de l’IA et du Djent. Le problème c’est juste qu’à la base, on espérait plutôt dénicher l’une des grosses baffes Thrash de 2024, et qu’a priori on a plutôt atterri dans un club Patches & Moustaches où l’on ne se sent pas tout à fait à notre place…
La chronique, version courte : Sentinels est un pur-sang Speed Metal qui galope, acide, fulminant et fulgurant. Mais qui, pour le reste, redevient canasson Heavy Metal trottinant, pas ridicule, non, mais pas non plus hyper séduisant pour un fan d’Impaled Nazarene, Mayhemic et/ou Archspire. Ce 4e album de Vulture n’a rien de foncièrement terrible à se reprocher : mais il est vrai que sa chronique serait plus pertinente et exaltée au sein des pages de Guitars & Motorcycles 80s, ou sous la plume de mon Papy Cyril de collègue.
1 COMMENTAIRE
Aldorus Berthier le 07/04/2025 à 13:52:56
Et l'aut' Papy ne s'étant même pas fendu de son commentaire un peu sarcastique en matière de réponse, limite j'me serais senti vexé à ta place :p
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