White Wire - Crack Up

Chronique CD album (34:36)

chronique White Wire - Crack Up

T’as des pochettes, y a rien à faire, elles te collent à la rétine au premier coup d’œil, - p’tit regard furtif qui te crève le cœur et te fait tomber direct dans les bras d’Hathor (première d’une longue série d’êtres en or). Crack Up, première album de ce trio émergé d’un Blois perdu, est de cette catégorie : illustration puisée depuis les cervelles psychédéliques d’Arrache-toi un œil et apéritif délicieux d’un noise rock beaucoup trop efficace pour être ignoré par les mélomanes doux et raffinés qui liront ces lignes.

 

Formé en 2017, White Wire a déjà l’occasion l’année d’après de jeter un EP de trois titres en guise de parpaing sonore pour se lancer dans l’aventure (en prix libre sur leur bandcamp, foncez avant que la plateforme ne se fasse totalement saignée par ces m***** de Songtradr). Le style est déjà posé avec un rock dissonant aux effluves grunge héritées d’un groupe pas très connu du genre et qui ne fit pas long feu : des riffs écorchés issus des profanes écritures de la vulgate punk, une basse bien grasse à te racler le fond des tripes, une voix qui s’en carre des hauteurs musicales, et cette batterie a l’air teigneux et au regard cogneur la baguette pointée vers tes cervicales. A la suite d’un covid qui aura couvert un bordel qui ne demandait qu’à s’étendre hors du garage, White Wire parvient à sortir son premier LP cinq années plus tard.

 

A l’image de son EP, White Wire crache avec maîtrise et férocité ses influences puisées du côté des légendaires Nirvana et Sonic Youth (salut à toi « Attali Teenage Riot »), et plus largement la scène punk et noise qui roule sa bosse comme elle peut durant les 80’s avant d’exploser au début de la décennie qui suivra (à interpréter dans le sens qu’il vous sied). Difficile d’autant plus de ne pas avoir en tête le In Utero des gars de Seattle à l’écoute de ce Cracked Up (bien que je soupçonne les 12345 articles sur les trente ans du disque d’avoir leur part de responsabilité dans cette obnubilation). Néanmoins, il serait navrant de réduire la musique de White Wire à ces influences – aussi bien digérées soient elles -, d’autant plus quand l’album enchaîne de tels morceaux de bravoure comme « Gimme » (ce final s’il vous plaît), « Johnny Gun » et ses accents rock ‘n’ roll totalement schizo’, « Bloody Count » qui m’oblige à chaque fois à remettre le t-shirt quand un call sauvage survient en télétravail sans crier garde pendant l’écoute – pareil pour « She Wolf » quitte à être franc - ; et même l’instrumental « Left Over » assure, avec sa guitare clean au motif mélodique inquiétant.

 

Difficile de trouver de véritables moments faibles dans cette dynamite enregistrée en plein Pôle Nord et amène de réchauffer le cœur des kids ayant baignés dans la furie bruitiste d’un Seattle déprimant (vivement une thèse de musicologie sur la future « diagonale du grunge ») ou de celles et ceux qui usent amoureusement les vieux albums de leur jeunesse sonique passée. Ne passez absolument pas à côté de ce Cracked Up qui écorche les tympans avec l’apprêté et la distorsion que ceux-ci méritent ; prendre soin de ces esgourdes étant quelque chose d'assez important, vous en conviendrez.

photo de Arrache coeur
le 20/10/2023

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