Ze Gran Zeft - Watch The Crown
Chronique CD album (16:43)
- Style
Fusion Rap / Electro Metal - Label(s)
Autoproduction - Sortie
2013 - Lieu d'enregistrement Kallaghan Studios
- écouter via bandcamp
Si votre venue en ces pages n'est pas que le simple fruit d'une redirection Google ou Facebook, vous vous souvenez peut-être que cet été nous avions ressorti de la malle à vieilleries une petite perle de Fusion Rap / Ragga-core particulièrement joufflue, Get Fat, unique production d'un groupe appelé Ol'Dirty. C'était un-peu-court-jeune-homme, vu qu'il ne s'agissait que d'un EP 5 titres, et le groupe était depuis un-peu-mort-jeune-homme, vu qu'il avait disparu peu de temps après... Sauf que la musique en question était étonnamment fraîche et jouissive, et que des vieilles cendres sales avait entre temps jailli la fée Nix (bah quoi? Ça change un peu des histoires d'oiseau de feu non?), rebaptisée pour l'occasion Ze Gran Zeft. Comme GTA, voilà, le jeu avec les lascars qui font les chauds au volant de leur coupé sport décapotable.
D'ailleurs ce nouveau blase donne assez bien le ton. Car la transformation patronymique s'est accompagnée d'un léger glissement stylistique. Moins « Hardcore / Tatouages / Craquages rigolards », sur ce galop d'essai intitulé Watch the Crown, les 5 nouveaux titres des Toulonnais (encore un EP, eh ouais) conservent la dimension Gros Rap Metal qui tâche, mais abandonnent par contre l'aspect organique du Metal-joué-dans-la-sueur pour des nappes de clavier, des boucles Electro et des riffs qui sonnent limite Indus (le début instrumental et plein de beats sexy de « Shotta Shotta » pourrait tout à fait figurer sur le Machinists of Joy de Die Krupps). Les sourires en coin ont également disparu – ou plutôt sont moins explicites. Parce que le ton général est devenu plus que jamais celui de 2 grosses cailleras à l'Anglais grassement coloré d'accents gangsta, et que forcément ça laisse moins de latitude pour les délires hispano et les pétages de boulard en mode peaux rouges que l'on pouvait trouver sur Get Fat.
Du coup, si l'on arrête la lecture de cette chronique à la fin du 2e paragraphe, on risque de penser que la chose s'est légèrement gâtée. Grave erreur Peter! Le niveau d'accroche a au contraire encore monté d'un gros cran, et il devient complètement impossible en écoutant cette cuvée 2013 de ne pas se la jouer bad boyz à big ballz devant la glace de la salle de bain. Déjà parce que le duo Black dude à voix chaleureuse / Blanc bec à gros débit et gimmicks de tueur marche mieux que jamais. Et ensuite parce que les nouveaux morceaux – les 3 du milieu, notamment – sont complètement irrésistibles.
Mais c'est « Down » qui ouvre les hostilités, et il le fait en grand via l'un de ces appels aux armes typiques façon gros Hip-Hop in your face, le propos étant augmenté de nappes de synthé pour plus de profondeur, d'une grosse frappe ainsi que de saccades guitaristiques relativement minimalistes qu'on pourrait limite croire émises par un sampleur. Le titre assure efficacement la transition avec l'ancien EP, sa couleur n'étant pas exagérément Electro: on baigne ici dans du gros « Sa Mère Metal » hyper rythmique, avec recours à un clavier que l'on croit d'abord cantonné aux ambiances, mais qu'on découvre en fin de titre très actif au niveau mélodique. Puis, avec la 2e piste, les choses commencent à chauffer réellement...
… Parce que c'est sur une ambiance hollywoodienne tendue – encore 30 secondes à se dévisager, puis l'armée du Gondor et celle du Mordor se mettent méchamment sur la trogne – que démarre « Shotta shotta », avant de dérouler une trame mélodico-rythmique imparable, mélange de menaces et de séduction servant de ring (on cause boxe à présent, et non plus Tolkien) à deux mangeurs de micro qui s'en donnent véritablement à cœur joie. Le refrain déchire, les couplets sont cinglants, le volume est cinématographique – on entend même des violons en rajouter une couche, pour ajouter des garnisons aux forces armées en présence et des nuages noirs dans ce ciel chargé. Et c'est alors qu'on a encore la couenne électrisée au maximum que l'EP enchaîne sur « Shemale ». Grosse boucle Dubstep-like, déchaînement des 2 loustics qui sont carrément à bloc, guitares à 100% au service de la violente charge Electro, chœurs au rapport, recul léger de la puissance et supplément de doigts qui claquent sur le refrain... « Les conclusions de l'enquête sont formelles Mr. Le Juge: on est bien en présence d'un putain de tube Rap / Electro Metal mamouthesque »!
Dur d'enchaîner après deux telles baffes! Sur « Like Dis Like Dat » le groupe choisit alors de prendre une tangente plus légère mais pas moins efficace, avec causerie de copines en intro, gouaille maximale du jeune disciple d'Eminem, tapis grésillant de gratte, puis saupoudrage de déhanché jamaïcool à la Skindred, sonorités 8 bit et stroboscopie Indus Metal pour un impact maximum! Alors forcément, après ces 3 tueries, « Big Head Small » semble un peu maigrelet. C'est pourtant là encore un vrai bon morceau. Très Electro au tout début, et assez répétitif dans l'ensemble, celui-ci se révèle finalement plus Rock'n'Roll que la moyenne, la guitare prenant progressivement plus de place, dépassant les simples hoquets rythmiques pour enfin étaler tout son gras et sa chaleur Metal – cette dernière touche organique rappelant forcément le dernier titre de Get Fat.
Je ne vous fait pas un dessin: c'est peu dire que Watch The Crown est une méga-mandale! Car si l'EP de Ol'Dirty nous avait rougi les joues et fait saigner du nez, ce nouvel EP sous l’étendard de Ze Gran Zeft nous envoie la mâchoire inférieure en orbite et nous retourne le reste de la caboche façon vieille chaussette. Du coup on n'a même pas le temps de regretter ce manque de fun précédemment évoqué. Vous imaginez bien dès lors qu'il devient complètement impensable de continuer à passer sous silence la sortie, ce début d'année, de Gorilla Death Club, le premier album du groupe. Rendez-vous mêmes colonnes, même heure, même lapin, pour en savoir plus...
La chronique, version courte: en passant de Ol'Dirty à Ze Gran Zeft, les Toulonnais sont passés d'une Fusion Rap / Ragga Metal groovy et barrée à un mélange de Hip-Hop gouailleur et d'Electro Metal / Indus complètement imparable. On pourra être rétif à ce style très « typé », mais si vous êtes open préparez-vous à un gros quart d'heure de kiff absolu.
2 COMMENTAIRES
nipalvek le 17/10/2019 à 00:58:48
On sent la naissance d'un coup de foudre dans ta chronique :)
cglaume le 17/10/2019 à 11:38:02
Ca s'est vu ? :D
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