Ascension Festival MMXXIII : Sombre périple musical en terre islandaise… – Gaukurinn, Reykjavik – 18-21 mai 2023

Un festival islandais pour les Islandais ? Présentations…
Froide(s), grise(s), hostile(s), inhospitalière(s), …
… Je ne sais pas trop si ces adjectifs sont posés là pour qualifier la nature et/ou la musique extrêmes que j’ai côtoyées en terre islandaise en ce long week-end de l’ascension durant justement l’Ascension Festival MMXIII, du 18 au 21 mai dernier. Sans nul doute les deux d’ailleurs, tant la première semble avoir provoqué, conditionné, façonné la seconde. Après l’Inferno à Oslo en avril 2019 et le Beyond The Gates à Bergen en août 2022, me voilà de nouveau reparti sous des latitudes (encore plus) septentrionales à la découverte d’un pays qui a enfanté une pléthore de groupes de Metal chevillée à la radicalité et l’extrémité musicales. Depuis quelques années maintenant, je suis cet event, qui tirait profit d’une aura certaine dans le cercle des amateurs de Black Metal, tant les organisateurs (Oration et Studio Emissary) ont su jusque-là ciseler une programmation mêlant finement les forces vives autochtones avec les grands noms de la scène Black et Death Metal européenne. Il s’en dégageait également une identité graphique forte et magnifique, obscure et mortifère, propice à attirer les corbeaux du monde entier. De tout cela, l’artiste français Dehn Sora, auteur de la plupart des artworks qui ornent les visuels, affiches, vidéos et merch’ de cette messe noire, a été me semble-t-il une des pièces maitresses.
Trailer de l’Ascension MMXXIII par Dehn Sora
Une fois mon pass 4 jours en poche depuis mai … 2022 (comptez 155 euros), j’ai vraiment tardé à recevoir de l’orga des informations sur le déroulement concret de cet évènement. Au point de m’interroger sur son issue… J’avais des raisons d’être inquiet puisque l’Ascension MMXXIII se tenait après un triple report, suite à l’annulation des concerts devant se tenir en mai puis en novembre 2021, puis encore en juin 2022. Avec à chaque fois des pertes sèches – et attendues – dans la prog’. Jugez plutôt : Mgła, Ved Buens Ende, Dødhemsgard, Hexvessel, auxquels se sont rajoutées dans un second temps d’autres formations, telles qu’Alcest. Excusez du peu ou du moins…
Moins de deux mois avant l’Ascension, nous apprenions que le festival devait changer d’emplacement, d’une véritable salle de concert située à 20km de Reykjavik (un pass bus 4 jours à 65 euros était proposé depuis la gare routière) vers le Gaukurinn, un … bar mythique lové dans le centre-ville de la capitale et véritable place forte de la musique islandaise, et pas forcément pour le son amplifié : « a hub for under and over ground music in Iceland » d’après les mots même des organisateurs. Ce déménagement, effectué à l’arrache semble-t-il et après moult vicissitudes, a complètement redimensionné le festival dans la simple mesure où le lieu est jaugé à 200/250 personnes max avec une scène qui doit péniblement dépasser les 20 m²… Soit des nouvelles conditions techniques et logistiques qui ont amené à l’annulation de la venue de Tchornobug, de Kontinuum et surtout de Mayhem, pourtant annoncé fièrement en headliner en février 2022 ! La grosse tuile ! Les semaines qui ont suivi ont été mobilisées pour finaliser le line-up… En résulte volens nolens un repli sur la scène nationale, bien davantage que les années précédentes, comme si l’année 2023 prenait les traits d’une édition-transition postpandémique.
L’affiche de l’Ascension MMXXIII (par Dehn Sora)
L’internationalisation de l’event – sans que cela soit un problème en soi – en a pris un coup, avec la présence surtout de Suédois (Craft, Grift, Ultra Silvam miam, Sacramentum miam-miam), d’Allemands (Disaster Fatigue, (Dolch) ), de Suisses – et non des moindres – (Schammasch), d’une Italienne (merveilleuse Lili Refrain) et d’une Française tout de même (Marion/Mütterlein) ! À peu près 80% des musicien(ne)s étaient donc des Islandais, et c’est à peu près le même pourcentage que l’on retrouve parmi les festivaliers : ai-je pu repérer la présence de Scandinaves, de quelques Allemands, d’une poignée d’Anglophones (des ‘Ricains, un … Australien), de plusieurs Sud-Américains (impressionnants aficionados des festivals de Metal extrême ceux-là). Et les Français/francophones … ? Et bien mis à part moi, aucun, exceptées deux Françaises !
L’Ascension doit-il alors se réduire à cet entre-soi, en cohérence directe avec la construction même de la nation et de la culture islandaises ? On pourrait le penser ! Difficile de le percer, mais pas impossible ! Une personne incarnait malgré tout une certaine ouverture, à savoir l’ingé son de l’event, le franco-allemand Pierre Somville, technicien freelance, producteur et musicien basé à Berlin. Cette personnalité forte a même ouvert la 2e journée avec son projet Dark electro et Post-punk Disaster Fatigue. Il a été tout à fait méritant, mais l’accueil technique a été ship, avec des line-checks effectués souvent rapidement et des retours pour les artistes souvent vitement exécutés. C’était une nécessité absolue pour les changements de plateau, étant donné la densité de la programmation et le manque de dégagement qu’offrait cette salle. Cela a été parfois chaotique. Marion peut en témoigner ! Cela a été souvent déroutant de voir les zicos, à l’instar des gratteux d’Auðn, débarquer quelques dizaines minutes à peine avant leur set avec leurs instrus, avant de balancer comme à la maison… Cela tombe, Gaukurinn est leur maison !
De mon côté, j’ai dû faire le deuil de belles photos pour ce report, tant les lights étaient vraiment chiches, avec quasiment rien en façade, ou plutôt souvent pas ou peu utilisées (j’étais de toute façon mal équipé). Si cela sied fort bien à l’endroit, cela ne m’a souvent autorisé de capter que des bribes de cette messe noire. Plus encore, il a fallu toute la journée du jeudi pour adapter mes esgourdes, à dire vrai pour réajuster les représentations que j’ai pu construire à partir de tout ce que j’avais pu lire, voir ou entendre sur cet Ascension Festival. Opérant un basculement salvateur, je me suis rendu compte qu’une authentique expérience underground était sur le point de s’offrir à moi durant quatre jours. Et c’est vraiment à cet instant que j’ai pu profiter à leur juste mesure de ces sombres journées musicales…
4 COMMENTAIRES
Moland le 18/09/2023 à 17:44:03
Sacré taf. Tout seul. Bravo. T'as du bien kiffer. Lili Refrain, Mütterlein, Kaelan Mikla... pour celles que je connais et ai déjà vues, ça donnait envie. Le reste, ça fait peur ! J'aurais rien vu, ils sont grands, les Islandais, non ?
À part ça, t'as vu des aurores boréales ?
Xuaterc le 18/09/2023 à 18:45:19
L'Ascension en ISLANDE
le Brutal Assault en RÉPUBLIQUE TCHÈQUE
l'Inferno en NORVÈGE
le Roadburn aux PAYS BAS
et moi qui qui fait l'interceptor dans ma ville de résidence... On voit où l'argent de COREandCo va
sacré boulot en tout cas Seisach' merci
Pingouins le 18/09/2023 à 19:56:19
Ah ben heureusement que pidji nous paye grassement quand même, sinon ce serait pas une vie!
Oyeah beau boulot Seisach', rien que les noms des groupes me semblent déjà être un voyage !
Xuaterc le 19/09/2023 à 10:29:46
Grassement, grassement, parlez pour vous peut-être, moi depuis le temps de je suis dans l'équipe, j'ai eu un CD promo pochette cartonnée de Andréas & Nicolas et un sweat capuche trop petit de Great Dane Records... Même pas une bière
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