Converge + Genghis tron + Ghost town le 20/03/2010, Hi-fi, Brisbane (Australie)

«Ouverture des portes: 19h». C'est ce qui était écrit sur la place. A ma montre, 20h18. Au pire j'ai raté la première partie. J'arrive plutôt transpirant (30 degrés dans la journée, 25 ce soir) devant la salle pour voir que le concert n'a non seulement pas commencé, mais qu'en plus j'ai encore plus de dix minutes d'attente. Je me mets dans la file. Ici pas de fouilles au corps avant de rentrer. Je montre la place, on la scanne, et je rentre dans la salle. La taille est raisonnable. Un Nouveau Casino sans le bar sur le cote, ni l'étage. Bar qui vend ses bières super cher pour le pays. 9 dollars une corona (seule bière qui ne ressemble pas à de la pisse). Je passe au stand de t-shirt pour faire mes emplettes habituelles avant chaque concert de Converge. Les deux t-shirts 35 dollars, à peu près 20 euros. Je m'assois sur les marches en attendant.

Le rideau sur la scène disparait et laisse apparaitre quatres mecs qui ont l'air d'avoir à peine plus de 22 ans. Ghost Town, groupe originaire de la Goldcoast (60 kilomètres au sud de Brisbane), est donc sur scène. Les premières notes sont plutôt bonnes. Les premières seulement. Le reste a déjà été entendu des centaines de fois. Je pourrais comparer ça à du Darkness Dynamite à leurs débuts. La musique ne donne pas envie de s'y intéresser. Leur jeu de scène est extrêmement classique, à savoir basse qui vole, guitariste qui joue la mèche dans les yeux, et chanteur qui bouge car il faut bouger. Je regarde autour de moi histoire de voir si je suis le seul à me faire chier. A part trois mecs bourrés au premier rang, le reste du public est statique. Il applaudit par politesse. Le set dure trente minutes. Ouf...

Après un bon quart d'heure d'attente, Genghis Tron rentre en scène. Ce groupe est un mystère. Leurs albums sont énormes, originaux musicalement, et une ambiance s'en dégage. Mais «live», ça ne passe pas. Enfin pas pour moi. Je suis pourtant mieux placé que la fois où on les avait vu à la Péniche' Alternat à Paris avec Mat(taw). Je suis au premier rang. Mais j'ai la même sensation. Que c'est un gâchis monumental. Certains groupes ne devraient pas se produire «live» pour ne pas tuer leurs albums ! Genghis Tron fait partie de ceux là. Le son est pourtant parfait - encore heureux. Ils ont la gouache, mais ça ne le fait pas. Les parties electro font bouger la tête de certains, les parties saturées font bouger le corps d'autres, mais ça ne me convainc pas. Et je suis persuadé qu'ajouter un bassiste «live» mettrait plus de consistance. Le set est assez long : quarante minutes. N'ayant pas tous leurs albums, je ne reconnais que la moitié des morceaux ; en revanche les mecs de Converge, J. Bannon en tête, qui se trouvent sur le coté, apprécient énormément. Le rideau se ferme après le dernier morceau.

L'attente semble interminable. 22h25. Le rideau s'ouvre pour la dernière fois. Flag «Axe to Fall» derrière la batterie, amplis allumés, tout est prêt. Les trois zicos arrivent sur scène. Bannon suit. Et c'est parti...

Premier morceau? Concubine. Histoire que tout le monde se mette d'accord. Suit dans la foulée un Dark Horse très attendu par le public, mais également par le groupe. Nate Newton, qui a visiblement un problème de rasoir (barbe de un ou deux mois), crie «Dark Horse» de toutes ses forces. J'ai fait cinq concerts de Converge à Paris, mais là, ça n'a rien a voir. C'est d'une violence scénique incomparable. Ce soir sonne la fin de leur tournée australienne. Dix jours à traverser le pays en avion, plus une escale en Nouvelle-Zélande, ça fatigue ! Mais ça motive aussi quand vient le dernier show, et c'est le cas. Tout du long, le groupe semble en joie d'être là : Bannon est loquace comme jamais ; il se permet même de sourire pendant les morceaux quand le public squatte le micro. Micro qui d'ailleurs a du passer la moitié de son temps dans la fosse. A la fin de «Bare my teeth», le groupe commence quelques notes de «Black rose». Je me dis que c'est pas possible, qu'ils ne vont pas faire celle-la! Et en effet ils ne la font pas... Mais enchaine sur un «No heroes» apocalyptique. Le deuxième morceau de Axe to fall est «Cutter» : grosse claque pendant un peu plus d'une minute ! Suivent ensuite «Vengeance» et «Reap what you sow». Ce morceau, Kurt Ballou a l'air de le kiffer particulièrement. Surtout la fin et son solo. Il se met sur le devant de la scène, tel un guitar hero, et enchaine les notes. Ca fait plaisir !

LE morceau du set (au delà du rappel, mais on en parlera plus tard) est «Worms will feed», et toujours Ballou qui prend un pied énorme à gueuler dans le micro sa partie chant. Ce morceau est certainement le plus complet de Converge en live, musicalement parlant. Il a beau faire presque six minutes, il passe aussi vite qu'un «Hope Street» en fin de set. Ben Koller, lui, assure toujours autant et a également la banane entre les morceaux. Sur scène c'est simplement le bordel. Bannon bouge plus que jamais, percute la basse de Newton qui lui fait les gros yeux. Et entre les morceaux l'ambiance est festive. Bannon en joie de finir dix jours «sans trop de sommeil» invite le public : «this your stage, so come and get it». En gros ? Venez foutre le bordel sur scène. Le problème c'est que les mecs de la sécurité ne l'entendent pas de la même oreille, et c'est avec un plaisir particulier qu'ils refoulent toute personne slammant. Peu importe, Bannon se venge en mettant le fil de micro dans leur tronches dès qu'il le peut. «Last light» clôture le concert officieusement. Car le meilleur est sur le point de commencer.

Après une petite minute de cris à base de noms de morceaux réclamés par le public, les quatres reviennent et Newton prend le micro : «Vous voulez encore un morceau ? Très bien. Lequel ? Saddest day ? » Réaction positive du public « Ok. Jane Doe ?» Explosion de la part des 500 personnes présentes (un peu plus peut-être) «Jane Doe it is». Et commencent quinze minutes ( j'avais regardé l'heure avant le début) d'une folie contrôlée et jouissive. Pour tous fans de Converge, voir Jane Doe en live est un challenge et une sorte de récompense car ils ne la font pratiquement jamais. La version produite ce soir est d'une violence magique. Tout y est. Le public assiste à la meilleure fin possible et n'en demandait pas tant. Au bout de la dernière note, les salutations sont gigantesques, et tout le monde a l'impression que le malsain ressenti pendant «Jane Doe» vole dans la salle. Une heure et dix minutes proches de la perfection. Bannon reste à parler avec le public, comme à son habitude, les trois autres rentrent en backstage. Je parle deux minutes avec le frontman en lui disant que ce concert était le plus abouti que j'ai pu voir en 6 ans. Je lui dit également qu'on se reverra à Paris en juillet, et lui souhaite bonne chance pour la tournée US qui commence en mai.

Je sors de la salle avec , moi aussi, le sourire aux lèvres. Je prends mon téléphone et j'appelle Mat(taw). Au diable les appels internationaux, faut que je partage mon orgasme avec quelqu'un...

Set list du soir pour Converge :
Concubine
Dark Horse
Heartache
Hellbound
You Fail Me
Bare My Teeth/Black Rose
No Heroes
Locust Reign
Cutter
Vengeance
Reap What You Sow
Worms Will Feed
Axe to Fall
First Light
Eagles Become Vultures
Broken Vow
Drop Out
Hope Street
Bitter and Then Some
Last Light
Encore:
Jane Doe