Cynic + Obscura + Cryptosis le 15/03/2024, Petit Bain, Paris
Salle : Petit Bain
Paris
À l’oreille, l’auditeur averti peut facilement identifier une track de tech death. Quand les cordes ne s’escriment pas à mitrailler un nombre de notes à la seconde proche de la dette publique de la France en euros, les mesures asymétriques et les arpèges diminués donnent généralement le ton. On stage, il arrive toutefois que les groupes concernés manquent cruellement d’imagination, et embourbent leurs prouesses instrumentales dans une banalité scénographique déconcertante. Un comble, au sein d’un sous-genre privilégiant des artworks d’une complexité à faire pâlir d’envie un Max Ernst sous amphèt’.
Et heureusement que je peux compter sur les trois groupes invités au Petit Bain en ce milieu du mois mars pour me contredire. Encore heureux, puisqu’il s’agit de Cryptosis, Obscura et Cynic, rien que ça. C’est un peu comme si j’invitais Ted Bundy, Albert Fish et John Wayne Gacy au bal des serial killers de la fête de fin d’année du lycée de ma sœur ; checke tes références, j’ai pas intérêt à être déçu !
Cryptopsis, déjà, s’appuie sur des pieds de micros typés sci-fi qui flirteraient limite avec une esthétique plus industrielle. Pour le casque extraterrestre à mi-chemin entre Gort et celui d’un Predator collé sur l’un, rien à y redire ; pour le deuxième serti d’engrenages steampunk-like, là j’ai quand même un petit doute. Quitte à se donner un style futuriste, autant ne pas mélanger les genres au risque de jurer un peu, non ? Heureusement que la performance file bon train sans que l’ensemble ne détonne avec le dynamisme de la bande à Frank te Riet. Le piédestal casqué derrière lequel Laurens Houvast s’enquiert de ses parties vocales lui confère même une prestance captivante, qui souligne d’autant plus la maîtrise de sa gratte. Et je défie qui que ce soit de remettre en question l’osmose le reliant à son homologue bassiste ; il faut voir comme ils se collent l’un à l’autre sur leurs parties instrumentales, dans une mimique de câlin qui ferait pâlir d’envie un bisounours en plein coma diabétique. Au détriment de la cohésion avec le public peut-être ? Le « Bonsoir Paris ! » tant attendu n’arrive qu’avant le tout dernier morceau, retard pour retard autant se contenter d’un remerciement. Mais bon, qui reprochera à un groupe de tech death de s’appliquer à fond dans la délivrance d’une prestation sans bavure ?
Une question à laquelle Obscura pourrait offrir un semblant de contre-mesure, avec sa scénographie largement plus épurée (quoique plus dynamique). Sans parler de ses lignes de basse ternes, qui bavent trop lorsque Jeroen Paul Thesseling nous administre ses soli ; un petit regret en regard de la cohésion régnant avec ses deux guitaristes et leur alignement scénique parfaitement uniforme. Aucun frontman ne se dégage de la formation à proprement parler, tant chacun de ses membres se partage la vedette en s’illustrant par son propre petit instant de virtuosité. Épars certes, mais significatif : entre fulgurances individuelles et synergie collective éclate le premier et seul pogo de la soirée. Flamboiement ponctué par un dernier coup d’éclat de Steffen Kummerer, qui lance sa guitare en l’air en un mouvement à t'évoquer les prestas les plus chaotiques de The Chariot. Ne faites pas ça chez vous, au risque de rien de moins qu'une fracture du crâne carabinée !
Si Cryptopsis et Obscura brillaient par leur technicité nimbée d’une certaine épuration, pour Cynic c’est une autre paire de manches, aux accents plus « pros ». Par le faciès déjà, la trogne de Paul Masvidal évoquant le papa nerd cool sorti de maths sup ; par l’équipement ensuite, entre la table de mixage massivement ancrée au sol, les petites consoles accrochées aux futals des trois gratteux et leurs guitares sans têtes. Par la scéno notamment, qui respire d’autant mieux qu’il est rare de voir une batterie installée sur le côté de la scène, tout en étincelant des mille feux que permet le VJing à base de paysages cosmiques et de versions animées des artowrks du groupe (déjà présent sur les premières parties, de manière plus anecdotique). Par la prestance enfin, dont la placidité ne se prive pas de petites mimiques en direction de la fosse, tout juste assez discrètes pour que Cynic brille par l’interprétation sans donner l’air de se tartiner la nouille de son public. Les soli et parties mélodiques interprétés n’en deviennent que plus savoureux, car mieux encadrés et, surtout, de meilleure qualité. De quoi, en tout cas, satisfaire un public qui s’épanche en tonnerre d’applaudissements en fin de première partie.
Eh oui, première partie seulement ! Puisque la bande à Popaul dispose visiblement d’un répertoire aussi complet qu’une galette bretonne. Après une courte pause ponctuée d’une balade acoustique émaillée de vocalises synthétisées en vibes extraterrestres et de petites blagounettes d’un public chauffé à blanc, on croyait assister à un rappel, nous voilà gratifié d’une véritable prolongation. Constituée hélas des tracks les moins techniques du quintet. À défaut de qualité, on perd à tout le moins en dynamisme, et on ne tarde pas à s’ennuyer. Clairement, sans un pogo assez long pour faire couler la transpiration à flots ininterrompu, la douche qui s’ensuit ne s’en ressent que plus froide, au regard de la fondue bien savoureuse qui l’a précédée.
14 COMMENTAIRES
cglaume le 14/04/2024 à 14:05:17
Belle brochette !!!
el gep le 14/04/2024 à 21:19:43
Cool le report Mister Aldorus !
Par contre, à te lire ici, par moments, je me redis ce que je me suis dit déjà 1000 fois: bon diou, faire un concert devrait donc être toujours l'occasion de sortir spectacles et masques ? Ne sommes-nous pas ici pour écouter de la musique, ne sont-ils/elles pas ici pour jouer de la musique ?
Aldorus Berthier le 15/04/2024 à 12:37:11
Merci !
Oh bah moi je me dis que voir un groupe sur scène va au-delà de la simple écoute, sinon autant se contenter de ses écouteurs, ne penses-tu pas ?
el gep le 15/04/2024 à 13:06:12
Non je ne pense pas. J'ai pas dit de se contenter d'écouter, je parlais de costumes et de masques et de pestacles, cé pas toutafé pareil voyé-vous.
Suis fatigué des costumes.
cglaume le 15/04/2024 à 13:12:13
Il faut savoir qu’El Gep a été déguisé en La Crampe pendant deux ans sur scène. II a été abusé sexuellement, live. Ça marque un homme. Négativement, dans le cas présent. 😁
el gep le 15/04/2024 à 17:19:39
Suis fatigué, mais fatigué...
Mais j'ai aussi été habillé en femme sur scène au moins 20 ans avant Idles ou The Psychotic Monks, ha !
Et j'ai déjà joué de la basse en slip, aussi !
Suis fatigué des slips, mais fatigué...
Aldorus Berthier le 15/04/2024 à 18:48:46
Pfiou mon pauvre el gep t'as l'air surmené, à se demander si t'aurais pas choisi le mauvais genre dont devenir fan
el gep le 15/04/2024 à 19:29:48
Rhaaa ça y'est y'm'fatigue déjà le p'tit nouveau les gars...
Ehéh.
Aldorus Berthier le 15/04/2024 à 19:47:21
Heureux de même 😌
el gep le 15/04/2024 à 20:36:39
Moi suis fatigué.
el gep le 16/04/2024 à 10:02:59
Mmmm... j'y repense et et je me demande: tu m'as tout de même pas pris au sérieux, Aldorus, hein, dis ? Rassure-moi ?
cglaume le 16/04/2024 à 10:41:04
Ouais, j’allais le dire moi aussi : “El Gep, t’as pas un peu fini de faire ton Cromy, hé, ho !!!!”
😅🤣
el gep le 16/04/2024 à 21:18:07
Ben... je pensais que c'était évident, entre les "fatigué'' en répétition et les slips et...
Fin bref, pas évident de communiquer sur l'internenet...
J'dois être fatigué moi...
Aldorus Berthier le 17/04/2024 à 14:20:39
Moi, prendre toute cette logorrhée au sérieux ?
Je confirme : tu es très fatigué 😅
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