L'homme sauvage 2022 (Mütterlein + Gggolddd + Aluk Todolo + Conan) le 22/09/2022, Auzas, Pyrénées
Mütterlein + Gggolddd + Aluk Todolo + Conan
Jeudi 22 septembre 2022Salle : Auzas
Pyrénées
Retour sur L'Homme Sauvage, un festival qui se mérite. Si on cédait à la tentation de la comparaison, on pourrait résumer son concept en affirmant qu'il s'agit là de l'anti-Hellfest, même s'il ne revendique rien de tel, se contentant d'exister le temps de 3 jours en communion avec les forces telluriques de la Nature avant de disparaître, après lui avoir rendu les énergies qu'elle aura concentrées et fait circuler par le truchement de la musique, des éléments et de la chaleur émanant des festivaliers présents.
On accède au site depuis le camping, équipé de la manière la plus sommaire, avec 4 cabines de toilettes sèches, rien de plus, le minimum vital. Pas de douche, et les quelques points d'eau se trouvent dans les hauteurs, sur le site des concerts. Un chemin s'enfonce littéralement dans la forêt, la montée s'avère physique, même si elle ne dure pas longtemps, elle éprouve les corps et sollicite le souffle. De la verdure sauvage, on émerge sur une vaste étendue avec d'un côté, au loin, une statue imposante et majestueuse bâtie à partir de bois, de paille et de tissus. Celle-ci semble monter la garde en toisant la chaîne des Pyrénées, face à elle, et indique en quelques sorte la direction des derniers mètres à franchir avant d'accéder au site lui-même, petit village éphémère au sommet d'une butte protégée par les arbres. Une fois sur place, on échange ses deniers contre la monnaie locale, le sauvage. De quoi se payer toutes sortes de boissons et plats du terroir, ainsi que le merch à l'image du festival.
Dans cet espace ouvert aux quatre vents tout en étant isolé des regards étrangers, on s'oublie pour mieux tutoyer l'infini. Sans tomber dans la caricature du paganisme de pacotille, le lieu trouve un point d'équilibre entre son esthétisme païen, tout en branchages et peaux de bêtes, des statues montant la garde à l'unique scène elle-même, et le calme apparent du public, réceptif à l'énergie qui y circule.
C'est lorsque la nuit tombe que ces énergies gagnent en intensité. Au son des guitares, des ombres se regroupent autour des grands feux de camp et des bûches disséminées à quelques points stratégiques. Même la pluie capricieuse n'aura pas eu raison des flammes. Si elle transforme la descente en terrain boueux et glissant, elle aura su cohabiter avec le crépitement des flammes, jusqu'à l'ultime cérémonie du dernier soir, au pied de la statue principale.
Et puis, il y a la musique. Celle-ci s'empare de l'espace, se répand et va faire trembler la vallée. Le 1e jour jouait la carte du mysticisme, avec notamment la violoncelliste Jo Quail et sa musique tout en montée en puissance, le duo Treha Sektori / Mütterlein venu servir un set spécialement conçu pour l'occasion, tout en expérimentations mêlant drone et électro-acoustique industrielle, ou encore le dark ambient ritualiste des Finlandais de Arktaus Eos.
Le 2e jour se montrait fidèle au nom du festival. La sauvagerie s'y exprimait sous divers visages. Du heavy metal teinté de black metal somme toute classique des Danois de Slaegt à la lourdeur ultime des Anglais de Conan (qui ont sorti un des meilleurs albums de 2022, tous genres confondus) en passant par le doom mélodique des Italiens de Messa. Au rayon des découvertes personnelles, signalons la présence des Teutons de Insect Ark, un duo basse (et guitare)/batterie servant une sorte de doom metal expérimental, instrumental et dans le fond, affranchi de toute référence, créant son propre univers, hypnotique et puissant à la fois. Autre groupe complètement instrumental, mais dans une veine plus progressive, plus technique, les Français Aluk Todolo dont le nom désigne un culte animiste indonésien et partant, trouve une place idoine dans la programmation du festival, ont magistralement clôturé cette soirée.
Les happy few ayant pu assister à la dernière journée (et sa cérémonie du feu) auront pu apprécier la force animale des désormais incontournables Bruit et leur post-rock habité, l'envoutante Milena Eva, charismatique frontwoman des Bataves de Gggolddd ou encore le rock noisy des Norvégiens de Årabrot. Autant de noms assurant la qualité de l'affiche proposée par l'Homme Sauvage, à la fois éclectique, exigeante et cohérente. Un festival qui, pour sa 4e édition, affiche une forte personnalité en assurant un parfait équilibre entre les genres musicaux de sa programmation et l'univers qu'il crée dans ce coin de nature perdu, qu'il rend à sa virginité, une fois la dernière cendre envolée. Si la Nature y reprend ensuite ses droits, les hommes et femmes qui y auront traîné leurs guêtres emportent quant à eux une part d'eux-mêmes transfigurée par les rêves éveillés qui continueront à les habiter longtemps. En clair, plus qu'un festival, l'Homme Sauvage est une expérience relativement unique en son genre.
Les photos











































18 COMMENTAIRES
Vincent Bouvier le 12/10/2022 à 12:53:28
L'affiche était quand même assez alléchante! Content de découvrir le lieu grâce à ton report photo. L'envie de s'y rendre une de ces prochaines années commence à germer sérieusement...
Vincent Bouvier le 12/10/2022 à 12:59:54
L'affiche était quand même assez alléchante! Content de découvrir le lieu grâce à ton report photo. L'envie de s'y rendre une de ces prochaines années commence à germer sérieusement...
Moland le 12/10/2022 à 13:36:05
Oui, le site est assez incroyable. Faut se contenter d'une hygiène relativement sommaire pendant 3 jours, mais l'expérience reste assez unique. Et oui, la prog s'avère de qualité. Je ne me remets pas encore du concert de Conan. Et sans snobisme aucun, l'ambiance a quelque chose d'authentique. Clairement un festival à vivre au moins 1 fois dans sa vie.
Pingouinss le 12/10/2022 à 15:29:44
Clairement, ça va rester aussi dans un coin de ma tête pour l'année prochaine !
merci pour ton report !
Moland le 12/10/2022 à 15:49:29
On s'organise une délégation plénipotentiaire aux couleurs de Core and Co ? :)
Xuaterc le 12/10/2022 à 18:29:30
Un chouette lieu, une supère affiche et très bon report
L'ambiance avait l'air d'être un peu la même que celle des Feux de Beltane
Moland le 12/10/2022 à 20:02:37
Oui, y a des festivaliers rencontrés sur place qui ont fait le même rapprochement. Sauf qu'aux Feux de Beltrame, c'est 100% black metal, si je ne m'abuse.
Xuaterc le 13/10/2022 à 06:01:21
80% je dirais, on a eu Spectrale, Aluk Todolo, un soupçon de Death...
Moland le 13/10/2022 à 07:25:36
Allez, 89%, c'est ma dernière offre.
Xuaterc le 13/10/2022 à 07:52:50
T'es dur en affaires. Le cœur de l'évènement n'était pas la musique, comme j'ai essayé de le faire passer dans mon report
Vincent Bouvier le 13/10/2022 à 08:39:43
"On s'organise une délégation plénipotentiaire aux couleurs de Core and Co ? :) "
Partant!👋
Moland le 13/10/2022 à 09:15:45
@Xuaterc Je plaisante. Allez, 87%, moins, j'y perds...
Fais péter le lien vers ton report !
@vincent : on en reparle au moment venu, alors, mais pense déjà à booker ton mois de septembre
Xuaterc le 13/10/2022 à 09:40:20
à 85%, je m'tranche la gorge
https://www.coreandco.fr/reports/les-feux-de-beltane-ifern-en-ti-feurm-a-la-ferme-quelque-part-en-bretagne-05-05-2018-300.html
Moland le 13/10/2022 à 10:23:43
Et c'est moi qui suis dur en affaires ? L'hôpital qui se fout de la charcuterie...
Merci pour le lien, vais aller lire.
Seisachtheion le 16/10/2022 à 13:51:18
"On s'organise une délégation plénipotentiaire aux couleurs de Core and Co ? :) "
Tu allèches...
Xuaterc le 16/10/2022 à 15:35:08
C'est un forma qui semble me convenir
Pingouins le 16/10/2022 à 18:28:19
Allez zou, c'est décidé, je ramène le café, le réchaud et le hamac l'année prochaine.
Moland le 17/10/2022 à 03:57:58
@pingouins pense aux lingettes aussi :)
Vous allez m'obliger à y retourner, à ce train là. On va y organiser la convention Coreandco.
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